Quel est votre opinion sur l'intégration des nés moldus et des sangs mêlés à Poudlard ?
Principalement intérêt envers le résultat. La jeune femme a toujours été curieuse face aux mélanges inédits et aux expériences menées hors des sentiers battus. S'il y a bien une chose qu'elle a compris à Barra, c'est que toute expérience différente de la sienne est bonne à prendre. Consciente des difficultés qui se dessinent, elle s'attend à devoir jouer des coudes pour garantir une certaine harmonie envers les nouveaux arrivants. Son éducation ne va pourtant pas la pousser à les ménager: elle a grandi à la dure, ils vont devoir faire tout autant.  

Sa venue au monde s’est fait dans l’adversité. Première preuve de l’esprit guerrier ayant élu domicile dans le frêle corps du nouveau-né. L’hiver est rude, le froid ancré dans les corps, les conforts médiocres et elle s’en est sorti. La première d’une grande fratrie, la fierté des jeunes parents, la future responsable des enfants qui allaient venir. Une vraie MacFusty, aventurière, affirmée, forte. L’avenir s’annonçait radieux pour la branche principale du clan avec pareille candidate parmi les potentiels Méritants.

Pourtant les anciens ne sont pas convaincus. « Elle a les cheveux du soleil. Le feu lointain. Elle ne restera pas éternellement ici. » Le murmure de sa grand-mère fait office de prophétie. Domnhall MacFusty ne veut rien entendre, se moque de l’expérience dissimulée dans les rides. Il ignore le fait que sa fille passe plus de temps à contempler les cieux qu’autre chose, que son endroit préféré de l’île se trouve au bord des falaises, là où l’horizon est le plus vaste. Il préfère se concentrer sur son aise avec les dragons, le feu qui palpite dans ses veines. Sa mère n’est pas aussi dupe. Elle perçoit l’étincelle d’intérêt au fond de ses yeux à chaque étranger qui franchit le seuil de la porte, ses préférences pour les histoires d’ailleurs. En grandissant, l’intérêt ne se fait que plus grand, la vie de dresseur perdant de son éclat au fil des ans. Abhainn veut autre chose, beaucoup le savent mais personne n’ose le dire. Elle? Elle commence par suivre le mouvement, se plaît à passer du temps avec les dragons, perdue dans une innocence qui ne durera pas. Temps suspendu, temps que sa mère veut allonger à tout prix, la distrayant comme elle peut, la chargeant de la protection de son petit frère tout d’abord, puis ceux qui suivront.

Fratrie tentaculaire, fratrie qu’elle défendrai jusqu’à la mort, fratrie envers qui elle a du mal à montrer tout l’amour qu’elle leur porte. Son feu interne ne semble se manifester que lors des colères, étincelles de tendresse rares et souvent brèves. Les plus jeunes ont un peu de mal avec elle, différence d’âge trop importante, figure associée à une autorité un peu étrange, une soeur qu’ils ne connaissent pas réellement. Elle est nettement plus proche des deux premiers garçons. Lachlan et Aodhan, ce sont ses premières responsabilités, les deux migraines permanentes qui lui tiennent compagnie depuis ses quatre ans. Ses petits lieutenants comme elle aime les appeler.

Ce sont les premiers à hurler des encouragements lors de son test, malgré les reprises à l’ordre de leur mère. Le baptême de feu, la preuve qu’elle a ce qu’il faut pour être un membre du clan. Dans les origines, on assistait à un événement ritualisé, avec une procédure qu’on se doit encore aujourd’hui de connaître les yeux fermés mais que personne suit lors de l’épreuve. Aucun enfant de six ans ne peut prétendre suivre un plan. Ils fonctionnent à l’instinct, répondant aux réactions des dragons plus qu’autre chose. Abhainn ne fait pas exception à la règle et son test débute par un des dragons qui s’est visiblement levé de la patte gauche. Pas le temps de fouler le terrain qu’il menace de sa gueule béante un accueil infernal. Son père se lève, prêt à intervenir mais la fillette est plus rapide. D’une autorité rare, elle entame une bataille silencieuse. Pupille humaine contre feinte draconienne. Un spectacle qu’on n’avait plus vu depuis longtemps, vision surréaliste de cette petite silhouette d’apparence frêle mener à la baguette des créatures pouvant l’aplatir d’un coup de griffe mal placé. Etrange danse qu’elle semble mener, les dragons voyant en elle une créature à la nature semblable, qu’ils acceptent naturellement parmi eux. Autorité démontrée, elle joue, s’amuse avec eux. Pas de doute possible, le feu du dragon vit en elle.

Le clan parle encore de cette épreuve digne des plus grands MacFusty.      

Son corps finit par être marqué, peau ne pouvant arriver immaculée à l’âge adulte. Onze ans est un âge très honorable pour sa première véritable cicatrice et l’histoire est conté avec fierté par son père. Un dragon trop agité, son frère trop téméraire dans ses mouvements, elle la seule barrière le séparant d’un baiser enflammé dont il ne se serait jamais relevé. Dos calciné, elle vit l’épisode dans un brouillard étrange, frôlant à plusieurs reprises l’évanouissement. Solide Abhainn, elle tient, elle ne lâche prise qu’une fois le danger écarté, ses larmes réservées à l’oreiller.

« Tu as fait peur à tout le monde. Ne fais plus jamais ça. » Il a mis un jour à venir, trop honteux d’être la raison de la convalescence de sa soeur. Il s’est pris un coup dès qu’il s’est approché d’elle en représailles de son absence.

« Arrête, on connaît tous nos devoirs Lachlan. Tu aurais fait la même chose. » Pupilles momentanément perdues dans ses paupières, elle soupire devant la culpabilité évidente.

« C’était mon erreur, c’était à moi de prendre le coup! » Le cri traduit l’angoisse réelle. Toute la maisonnée a tremblé devant l’état de la fillette, la brûlure bien plus importante que ce qu’on a fait croire à la blessée. Elle finira par le constater d’elle-même quelques jours plus tard, une fois face à un miroir.

« Et devenir un tas de cendres? Désolé de te l’apprendre mais tu allais finir en brochette si je n’étais pas intervenue. Tu veux finir au cimetière si vite? » Fausse incrédulité, raillerie pour détendre la tension qui cohabite avec elle depuis l’accident. Elle veut tourner la page mais son frère semble déterminé à garder son sérieux.  

« Arrête! Si tu voyais ton dos… » Ses petits yeux quittent son visage pour revenir quasi immédiatement, incapable de dévisager les bandages. Il a vu l’étendue des dégâts quand on a emporté sa soeur, le regard vitreux de douleur. Il en fait des cauchemars. Cauchemars qu’Abhainn n’apprendra que bien plus tard, au beau milieu de la nuit, quand elle surprendra ses yeux inquiets vérifier qu’elle est bien toujours parmi les vivants.

« Je m’en moque comme de ma première paire de gants. » Main dédaigneuse s’agite exagérément devant le visage pâle du plus jeune.

« Tu les as toujours et tu les adores. » La réplique fusse, presque malgré lui.

« Exactement, je suis prête à sacrifier mon incroyable beauté pour te voir à nouveau te vautrer lamentablement lors de ta prochaine tentative de course contre moi. » Un éclat de rire ponctue ses mots, les deux enfants lancés rapidement dans l’éternelle dispute de qui est le plus rapides des deux.

Cette brûlure marque le début de la fin. Souvenir permanent d’une peur dont elle n’avait pas conscience, les flammes se drapent d’un éclat inquiétant dans ses prunelles. Personne ne semble le remarquer. Personne sauf Aodhan. Ses mains trouvent souvent le bras de la jeune fille, soutien silencieux face à une peur qui n’a pas lieu d’être. Pas chez les MacFusty. Le feu, c’est leur quotidien, la marque distinctive de ceux qu’ils ont juré de protéger. Elle pourrait s’ouvrir à son frère, lui parler de ce qui la tourmente, se libérer d’une peur qu’elle juge infantile et déplacée mais sa langue reste liée. Elle sait protéger, Abhainn, et non l’inverse.

Son esprit cogite donc, retourne le problème dans tous les sens. Les vannes sont ouvertes, la voix chuchotant qu’une autre vie est possible se fait plus forte. La journée terminée, elle s’isole parfois, seule dans ses falaises. Son regard bleuté parcourt la ligne lointaine, rêvant de voir autre chose que les pics familiers de son île. Elle n’est pas idiote, elle sait qu’elle vit dans un monde isolé, que les dragonniers qui arpentent l’île connaissent un tout autre mode de vie. Elle connaît les histoires d’aspirants qui ont du mal à s’adapter, trop déboussolés par le vie rudimentaire de Barra. Personne ne le sait, mais elle questionne souvent les dragonniers qu’elle croise. Tentatives d’obtenir d’eux leurs histoires, rappels des contes et légendes que sa mère récitait autrefois. Parfois certains se prêtent au jeu, amusés par cette fillette farouche dont les yeux trahissent l’émerveillement. Bûches jetés au feu qui sommeille en elle, il grandit, se fortifie, menace de tout emporter sur son passage. Elle ne s’en rend compte que trop tard. Le mal est fait, sa nature plus forte que le devoir qu’on lui inculque depuis la naissance. La tempête est proche et elle ne fait rien pour la retenir.

Les MacFusty ne sont pas prisonniers de leur île, ils décident simplement d’y rester. Traditionnellement, ils quittent le nid un mois, à l’âge de seize ans. Voir d’où viennent les dragonniers, connaître un peu le reste du monde pour mieux revenir ensuite. Un voyage attendu impatiemment par Abhainn, un voyage aux saveurs de terre promise. Date de plus en plus proche, elle s’agite, elle est distraite. Elle n’a jamais autant brillé qu’en ces jours-là, yeux étincelants à la perspective de connaître ce fameux autre chose qu’on lui fait miroiter depuis si longtemps. Une joie vécue avec inquiétude par ses proches. Ils savent que ce voyage va la changer, ils savent qu’ils sont sur le point de la perdre. Le feu lointain va venir la chercher et elle ne sera jamais la même.

Puis autre chose inquiète. Ses préparatifs semblent trop importants. Son père rigole, aveuglé par son envie de la voir rester, prétend qu’elle est simplement trop prévoyante. Mais des lettres ont été envoyées, les regards lourds entre mère et fille. Quelque chose se trame dans les coulisses, quelque chose que seule leur mère semble connaître. Lachlan, têtu Lachlan, s’aventure la nuit avant le départ dans son antre, essayant d’éteindre les yeux bandés un feu qui semble invincible.

« Père ne va pas s’en remettre si tu fais ça. S’il-te-plaît Abhainn. » Son ignorance n’est pas dénuée de bon sens. Les plans d’Abhainn ne peuvent aller dans le sens du patriarche, ils respirent trop le secret pour cela. Il se sait vaincu avant même qu’elle ne prononce un mot mais il se devait d’essayer.

« On sait tous les deux que ma décision est prise. Ne fais pas trop l’idiot en mon absence et prend soin des autres pour moi. » Elle dépose un bref baiser sur son front, quittant la pièce avant qu’il ne puisse servir un argument en sa faveur.

Elle ne remerciera jamais assez sa mère. Elle seule est la raison que ce voyage existe, que cette escapade soit possible. Aileas MacFusty est une force silencieuse mais terriblement puissante une fois lancée et seul l’amour qu’elle porte à ses enfants est capable de la pousser à accepter pareille entreprise. Le voyage initiatique n’est que prétexte pour envoyer sa fille sous la tutelle d’un druide qu’elle tient en haute estime. Son regard malheureux ne lui a pas échappé et avant qu’elle ne commette une folie, elle a préféré se ranger dans le camp de la jeune fille. S’assurer qu’elle ne mettra pas sa vie ou son futur en péril pour un rêve. Elle ne peut que prier pour que le rêve prenne fin, que sa fille rentre dans les rangs et deviennent la Méritante qu’elle devrait être.

Mais elle est ce qu’elle est et son voyage ne fera que le confirmer. Son séjour est riche en connaissances, ses yeux absorbant tout nouveau paysage, son esprit devient une éponge à la moindre nouveauté. Esprit affuté mais corps agité, elle est orienté vers le duel. La danse des épées l’émerveille, les baguettes deviennent des oeuvres d’art pour ses yeux inexpérimentés. Contrepartie du marché avec sa mère, ses lettres deviennent des romans exaltés sur ce monde qu’elle découvre, main fébrile aisément visible dans l’écriture bien moins appliquée qu’à l’accoutumée. Douleur et affection accueillant ses lettres, le coeur maternel brisé par ce qui va suivre.

Le retour de l’aînée se fait sans fanfare, visages graves. Traits durs mais résolus, elle affronte la furie faussement calme de son père.

« Je peux savoir ce qui a pris possession de ton bon sens? Ton voyage devait durer un mois Abhainn. Un mois, tu es consciente qu’il est uniquement composé de trente jours n’est-ce pas? » Jamais elle n’a vu son père dans cet état.

« Père… »

« Tu n’as pas la permission de parler! Tu t’es absentée trois mois Abhainn, revenant à peine à temps pour la période la plus compliquée de l’année. C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle tu es encore ici et non devant le conseil du clan pour être destituée de ton titre de Méritante! Tu as trahi ma confiance et tu-» Le discours grandit en volume, voix dure et tranchante comme les épées accrochées aux ceintures. Regard habituellement clair troublé par la déception, il évite soigneusement celle en qui il avait placé tant d’espoirs. Trahison trop douloureuse, trop fraîche pour l’affronter de face.

« C’est justement pour cela que j’ai agi ainsi! C’était le seul moyen de vous faire enfin entendre raison! » Cri aux allures de coup de massue pour l’assemblée.

« Abhainn! » L’exclamation maternelle trahit la panique dans la voix de la matriarche. La scène qu’elle a toujours ardemment combattu se déroule devant ses yeux impuissants, le feu de sa fille incapable d’être contenu plus longtemps. Le reste de la salle observe bouche bée, visages partagés entre la crainte de la suite et l’incompréhension pour les visages plus jeunes, innocemment ignorants du secret de polichinelle qui se murmure depuis longtemps sur Barra.

« Non mère, assez! Assez de cette mascarade qui se joue depuis mon baptême! » Elle se révolte, écho des dragons les plus instables de l’île. Sa voix n’est que frustration, crachat tempétueux annonçant la venue de la tempête promise par les anciens il y a bien longtemps. Les regards suppliants de sa mère ou les mouvements saccadés de ses petits lieutenants ne changeront rien.

« Tu voulais perdre ton statut? Tu voulais abandonner ton clan? » Son père a perdu de sa rage, une pâleur inhabituelle peignant sa peau. Interrogation douloureuse dans ses prunelles, terrifié d’avoir une traître à son sang dans les rangs.

« Jamais! Je suis une MacFusty et jamais je ne commettrai l’offense de tourner le dos à mon clan. Mais je devais vous faire ouvrir les yeux. Vous ignorez la vérité depuis trop longtemps et cela ne peut continuer. Je vous en supplie père, écoutez ce que j’ai à vous dire. » Elle est comme l’éclair, voix frappant les pierres centenaires. Debout, fière, indomptable, elle n’a jamais autant ressemblé à cette île qu’elle rêve tant de quitter. Pourtant son regard faiblit à la dernière phrase. Petite fenêtre sur le chaos qui se déchaîne en elle depuis si longtemps, demande sincère de pouvoir enfin exprimer clairement ce qu’elle sait depuis toujours.

Tristesse de devoir briser le coeur de son père.

Les choses n’ont plus jamais été les mêmes après ce jour fatidique. Statut tremblotant, statut que son père n’a pas eu la force de définitivement changer. Pas tant que cela n’est indispensable. Abhainn sait le mal qu’elle lui a fait mais elle sait également qu’elle n’avait d’autre choix si elle ne voulait vivre une existence aigrie, enchaînée telle une prisonnière. Révélation vécue comme une défaite par le chef de clan. Âpre négociation où elle a pu obtenir un semblant de futur, où elle peut quitter un mois par année ses terres pour s’instruire sur ses véritables intérêts. Un mois est bien pauvre pour la soif qui l’habite, elle s’entraîne donc souvent la nuit, seule, à la lumière tremblotante des torches d’un des entrepôts. Sa mère fronce les sourcils parfois, une tasse fumante d’une quelconque mixture d’Aodhan est toujours présente sur sa table de chevet au retour de ses escapades. Secret sans l’être, personne n’en parle, tout le monde le sait.  

Sa liberté n’est pourtant pas assurée, loin s’en faut.

Sa main comme monnaie d’échange, voilà sa seule porte de sortie au-delà des falaises. Un futur lié à une autre famille, un autre homme, pour enfin voler de ses propres ailes. Entreprise périlleuse, sa mère soupire devant l’attitude belliqueuse de sa fille aînée. Elle n’est pas faite pour être dame de cour, incapable d’accepter la position qu’on réserve généralement aux femmes. Plus d’un dragonnier inexpérimenté, ignorant des tempéraments volcaniques peuplant Barra, s’est vu en mauvaise posture devant une Abhainn furieuse. En vérité, sa fuite de l’île ne peut lui apporter que des ennuis, sa férocité pleinement acceptée que dans l’endroit qu’elle veut laisser derrière elle. Raisonnement que la jeune femme refuse, désir de voir d’autres horizons trop puissant pour être catalogué comme simple fantaisie sans lendemain.    

Quand elle le rencontre, elle n’a que dix-sept ans. Un an est passé depuis sa rébellion, un an qu’elle ne sait sur quel pied danser avec sa famille. Personne ne semble comprendre ce qui la pousse à agir ainsi, une étrange distance s’installant entre eux et elle est trop fière pour montrer la douleur que cette situation lui provoque. Elle reste fidèle à ses engagements, prend toujours son rôle dans l’île au sérieux. Elle n’est pas de trop cette nuit où les alarmes sonnent. Bataille non loin, les blessés sont nombreux et elle se démène auprès de sa mère pour que l’infirmerie puisse fonctionner. C’est dans ce chaos que leurs routes se croisent. Il est blessé, tenant à peine débout, et il porte avec difficulté un homme s’accrochant difficilement à ce monde. Elle ignore qui elle a en face, trop occupée à éviter la visite de la faucheuse.

La nuit est chaotique, éternelle et sans repos. Attention allant d’un blessé à un autre, elle parvient à les faire voir une nouvelle aube. Dans sa fatigue, sa mère brille de fierté, lui offrant le premier vrai sourire depuis son retour. Son père pose sa main sur son épaule sans prononcer le moindre mot, geste furtif d’une affection qui la surprend. Elle ne se repose que mal, investie jusqu’à la moelle devant ces inconnus. Leur survie désormais liée au rapprochement tant attendu de sa famille. Lachlan doit la mener de force dans un lit, montant la garde jusqu’à être satisfait de l’état physique de la jeune femme.

Une fois libérée de son geôlier improvisé, elle retourne auprès des blessés. Telle sera sa première conversation avec l’héritier de la maison de Gryffondor: dans une chambre d’infirmerie, lui tentant d’articuler des remerciements tandis qu’elle s’occupe de désinfecter ses blessures sans état d’âme devant ses gémissements de douleur. Une convalescence qui s’étalera sur deux mois et où elle pourra le considérer comme un précieux ami le jour de son départ. Elle tente de s’occuper de ses blessures psychiques en même temps que son corps se rétablit, le rassure sur le sort de sa dragonne, sauvée par les mains intrépides de la petite Siobhan. Une amitié solide, où elle n’a pas peur d’être elle-même et où elle n’hésite pas à lui secouer les plumes pour qu’il retourne auprès de ceux qui deviendront avec lui les fondateurs de Poudlard.

Godric est sa relation la plus réelle en dehors des siens, un des rares êtres sur cette terre à connaître pleinement Abhainn et à ne pas fuir. Une correspondance s’installe entre eux, les confidences échangées naturellement à travers l’encre. Pour la première fois, quelqu’un semble comprendre son envie d’ailleurs, son désir de quitter Barra et mener sa vie hors de cette terre qui l’a vu grandir. Une amitié qui n’aurait jamais évolué dans un autre temps, une autre vie. Mais le devoir est là, poids bien lourd à porter et les fiançailles se dessinent à l’horizon. Idée commune, arrangement de raison où ils peuvent aspirer à vivre en harmonie à défaut de connaître ce que leurs coeurs désirent: lui un amour interdit, elle une liberté où elle n’aurait des comptes à rendre qu’à elle-même. L’aime-t-elle? Ignorance pour toute réponse, esprit trop occupé dans sa quête d’indépendance pour savoir ce qu’est ce sentiment. Elle tient à lui, assurément, et elle apprécie grandement sa compagnie mais elle ne peut en dire plus.

Un an s’est écoulé depuis. Godric a tenu à faire les choses dans les règles, organisant une demande en bonne et due forme, avec l’accord de son père, dans le salon familial. Barra a valsé dans une ambiance festive pendant deux jours entiers, l’union des deux familles vécues comme une grande nouvelle pour le futur du clan. Un an qu’elle est promise, un an qu’elle se prépare à laisser derrière elle tout ce qu’elle a toujours connu. Le vent se lève enfin, elle le sait, chaque seconde qui passe l’approchant de ce départ qu’elle a tant vu en rêve. Plus de deux mois de discussion intensives se culminent en l’offre d’un poste d’enseignante de la main de son fiancé. Un rôle qui lui permettra de se consacrer entièrement à sa passion du duel et l’occasion qu’elle attendait tant pour partir la tête haute de Barra.
 
Le parchemin glisse sans bruit sur la surface boisée. Les yeux se ferment, fatigue et résignation constellant le visage de Domnhall MacFusty. Ses lèvres à peine visible en une fine ligne, elle attend. Masque impassible, elle ne laisse paraître la douleur qui brûle son coeur à la vue de cet homme, ce héros, momentanément vulnérable devant une simple missive. Elle a remarqué la distance qu’il a imposé entre eux, un éloignement contre lequel elle ne s’est pas battu. Fierté de ne pas céder, fierté qu’elle regrette dans les tréfonds de son coeur.

« Je croyais être prêt pour ce jour mais il est arrivé plus tôt que ce que je ne le pensais. » Voix lasse, yeux toujours clos.

« Père, je-»

« Toi et ta manie d’interrompre les discours de ton père. » Un léger sourire s’installe, nostalgie berçant ses mots. « Je n’ai pas besoin de lire cette missive, je sais ce qu’elle contient. Dis moi Abhainn, seras-tu heureuse ? » Comment le sait-il, elle ne saurait le dire. Pas un mot n’a échappé ses lèvres ces derniers mois. Intervention maternelle peut-être.

« Je le crois père. »

« Allons Abby, il va me falloir mieux que cela. Je ne compte pas perdre ma fille pour une simple croyance. » La plaisanterie n’enlève en rien la tension, l’adieu à peine dissimulé. Il laisse place à une tendresse qu’il s’était refusé depuis des années, une tendresse qui la désarme complètement. Elle oublie un instant les règles et les manières pour contourner le bureau et enlacer fermement son père.

« Tu ne vas pas me perdre. Je suis et resterai toujours ta fille. » Elle sait que derrière sa carapace son père a souffert. Non seulement de ce qu’il perçoit comme son abandon mais également de la mort de Kennocha. Le drame l’a non seulement privé d’une de ses filles mais il a également touché de plein fouet Siobhan pendant très longtemps. Ses filles lui auront causé bien des rides et elle sait qu’il ne pourrait supporter en perdre une autre. Combien même son départ ne soit une surprise pour personne. Elle laisse donc de côté son tempérament, enveloppant son père de ses bras, montrant physiquement l’amour qu’elle lui porte. Souhait de le rassurer, lui faire comprendre que malgré la distance, elle sera toujours là.

La voilà qu’elle quitte son île, qu’elle goûte enfin à cette liberté qu’elle a tant rêvé. Derrière elle laisse ses racines, une promesse de visite et une famille résignée à la voir prendre le large. Elle ne sait quoi attendre de Poudlard ni ce que le château écossais et ses habitants lui réservent mais son coeur rugit comme jamais.  

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Cette fiche est parfaite je l'ai dévorée, j'en veux encore, j'en veux plus. J'aime ta plume, j'aime ce que tu as fait du perso - et la manière si naturel que tu as de le prendre en main. Il est tout à toi now, fais en c'que tu veux et réserves moi un bébé sujet dés à présent
Viens mettre le feu à Poudlard, fiancée, on attend que ca

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