L'automne possède un charme qui lui est propre. Comment une saison pouvait-elle se vêtir des couleurs propres à la maison Gryffondor. Un habit de feu exprimant la férocité de dame nature même si l'hiver viendrait à capturer la vie pour la préserver dans un long sommeil, et ce, jusqu'au prochain printemps. Dans ses bras frêles, la jeune Gryffondor portait un bouquet pour le déposer sur la tombe de son cheval. Voilà un peu plus d'une semaine qu'il s'était sacrifié pour préserver la vie de sa jeune maîtresse. Le chagrin de Jewel restait toujours aussi vif, même si elle savait qu'Azur se trouvait en compagnie de son frère. Son cheval n'avait pu trouver meilleur cavalier dans son autre vie, celle qu'elle peut à peine percevoir quand le voile n'est plus si épais, que les esprits viennent à elle pour une raison ou une autre. La jeune fille s'était faite calme depuis ce jour, ne s'approchant plus autant de la forêt, alors que de coutume, elle aime s'y perdre pour retrouver une certaine énergie que la nature sait lui donner. Elle n'était pas une élémentaire de la Terre, certes, mais être au beau milieu de mère nature offrait une certaine force à ceux qui savent apprécier le temps passé avec elle. C'était le cas pour cette jeune lady qui s'est toujours montré humble et simple dans sa façon de vivre et de se comporter avec son entourage.

C'est pour cela, qu'elle était si appréciée parmi les sangs-mêlés et les nés-moldus. Les pauvres arrivaient ici complètement perdus et déchus de tout savoir parce que leur sang n'était pas assez clair ou riche pour trouver le chemin du savoir et de l'éducation. Jewel estimait que tous devaient avoir la chance de connaître les rudiments de la magie. Ceux qui savent ne peuvent être un danger pour les autres et pour eux-mêmes. Certes, elle ne se leurre pas non plus. Connaître, c'est aussi avoir la possibilité de nuire à autrui, mais c'est pour cela que des personnes comme Godric existait. Elle n'était pas une élémentaire de la Terre, certes, mais être au beau milieu de mère nature offrait une certaine force à ceux qui savent apprécier le temps passé avec elle.

Au fond, l'acromentule n'était pas si effrayante que cela. C'était dans sa nature d'attaquer, tandis que les hommes possédaient ce choix. Mais en sera-t-il toujours ainsi des pensées de la jeune Gryffondor ? Après tout, elle n'était pas une experte de la faune magique et elle risque fort d'être étonnée d'apprendre que la créature qui l'a attaqué peut-être muni de sa propre conscience et de ce choix d'attaquer ou non. Le monde magique est bien plus grand qu'on ne le pense et personne ne possède le savoir exact de ce qui peut l'habiter.

Elle en était là de ses pensées, lorsqu'une musique la ramena à la réalité. Bien trop souvent, elle s'en échappe de cette réalité qui lui paraît si lourde ces derniers temps. Attirée par ces harmonieuses notes, la jeune Gryffondor s'en approche à pas léger pour ne pas déranger l'artiste. Son sourire se fait, lorsqu'elle voit la silhouette d'une jeune fille qui ne semble pas avoir remarqué sa présence. Les yeux fermés, elle se laisse entièrement bordé par la mélopée de la musicienne. Son esprit se fait plus calme, comme si la tempête de ces derniers jours parvient à se disperser enfin.

« Veuillez m'excuser, je ne souhaitais point vous déranger dans votre envolée musicale. C'était si beau que je me suis laissée facilement attirée et ce fut avec un grand plaisir. » Fit-elle lorsqu'elle sut que sa présence était remarquée par la jeune fille. Elle finit une légère révérence. « Je crains que nous ne nous connaissions pas. Je suis Jewel Gryffondor. À qui ai-je l'honneur ? » S'approchant un peu plus, Jewel sourit plus encore. « Oh, mais... Je me souviens de vous, il me semble que nous nous sommes croisé à la cour royale n'est-ce pas ? C'est un bonheur que de retrouver un talent tel que le vôtre en ces lieux. »

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La mélodie lui était si plaisante à la jeune Gryffondor, bien que triste. L'artiste était-elle dans un état d'esprit mélancolique et égarée ? En tout cas, cela se ressentait d'une certaine manière, mais Jewel ne voulait pas être trop franche et prompt dans ses paroles. Cependant, celui était plaisant de croiser une autre artiste dans les jardins de Poudlard. Cela changeait des combattants qui se faisaient de plus en plus nombreux. Par moment, Jewel se sentait bien inutile alors que son nom rime avec les combats, les dragons, le savoir faire militaire... La jeune fille était bien loin de tout cela, comme son jumeau qui a préféré veiller sur sa fragile jumelle. Serait-elle continuellement un poids pour les siens ? Saura-t-elle un jour marquer sa famille avec la force qui la définit ? Celle de l'esprit et de son savoir ? Elle voudrait tellement pouvoir être une aide pour les siens, mais l'ignorance de ses parents la touchait bien plus qu'on ne le croyait. Et finalement, la jeune Gryffondor s'attachait à Godric comme à un feu qui éloignait les loups. Gardant tout cela pour elle, Jewel s'avança un peu plus avec le sourire, son bouquet contre son cœur comme si par ce geste, elle enlaçait son pauvre et défunt Azur. Finissant par se présenter à la damoiselle lui faisant face, Jewel avait l'impression de trop en faire en voyant l'expression du visage de la jeune ménestrel.

« Je vous en pris, il n’y a pas de mal. »

Les convenances exigeaient que l'on s'excuse et c'est ce que fit la jeune Gryffondor qui eut, ceci dit, une pensée pour dame Rowena et les leçons de savoir-vivre qu'elle lui prodiguait. Elle rougirait de honte si un élève de sa maison ne suivait pas cette façon de faire qu'importe la personne qui se trouvait en face de soi.

« Flore Juglar. Vous ne vous trompez pas, nous nous sommes vu au palais, bien que cela soit rare qu’on se souvienne de moi. J’ai tendance à essayer d’être invisible. Talent ? De mémoire, vous êtes bien plus douée que moi Lady Jewel. Pas la peine de me vouvoyer. Je n’en vaut pas la peine, je ne suis même pas une lady. Asseyez-vous. Je ne mords pas. »

Prenant place aux côtés de la jeune fille, Jewel observait le ciel avec un léger sourire sur les lèvres. « J'aime faire comme vous. Être invisible au monde, c'est sans doute pour cela que je vous ai remarqué et il faut dire que vos mélodies m'ont grandement marqué. » Fit-elle avec une sincérité dans la voix. « Vous allez me faire rougir, je vous remercie du compliment. » Jewel la regarde un peu étonnée. « Désolé de vous contredire, mais lady ou non, j'ai appris à ce que l'on témoigne du respect à chacun qu'importe le rang. C'est une règle élémentaire de politesse. »

Laissant un silence les envelopper l'une et l'autre, Jewel se laissait emporter par la délicate brise qui s'élevait en cet instant. « Les jardins sont sans aucun doute l'endroit que je préfère dans cette école. » Posant son regard à nouveau sur la jeune fille avec un sourire. « Qu'en pensez-vous d'ailleurs de cet endroit et son ouverture pour les sangs-mêlés et les nés-moldus ? Personnellement, je la trouve merveilleuse, mon frère a eu raison de soutenir ce choix. Chacun a le droit d'apprendre la magie, ce n'est pas qu'offert à nous autres sangs-purs. »

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« Je n’ai aucun rang, et je n’accepte pas celui qu’on m’a imposé Lady Jewel. »

Il y a tellement de rancune soudainement dans sa voix que cela touche la jeune Gryffondor. Sa détresse était palpable, bien que dissimulé dans son être. Une sorte de bouclier pour se protéger du monde extérieure et des personnes qui pourraient en user de façon bien injuste. L'empathie de Jewel était aux aguets. Elle n'aimait pas voir les gens souffrir, cependant, elle ne pouvait partager cela avec la jeune ménestrel. Cela serait malvenu surtout que l'une et l'autre se connaissent que très peu au final et encore, ce mot paraît encore bien fort pour la jeune fille. Elle se contente d'un léger sourire compatissant comprenant bien que certains rangs pouvaient être plus blessant que d'autres. En côtoyant les sang-mêlés et les nés-moldus, Jewel pouvait affirmer sans mal que des mots peu agréables leur collaient à la peau comme la seconde peau d'un serpent.

Espérant détendre l'atmosphère et aussi prendre quelques informations, Jewel veut connaître son avis sur cette école si cher au cœur de son frère. Jewel restait persuadé que son ouverture aux sorciers qui ne sont pas des sang-purs restent une excellente idée. Si l'on craint la magie de ces derniers, c'est simplement parce qu'ils n'ont pas été dirigés et qu'ils n'ont pas eu un apprentissage comme eux. Il faut les guider pour qu'ils puissent être en mesure d'avoir un contrôle, mais aussi pour trouver leur place dans ce monde. S'ils n'ont pas de place ici ou dans celui des moldus, il est logique que la rancune les tiraillent et cela devient un mauvais poison. Un danger autant pour les autres que pour eux.

« C’est une bonne chose. Tout le monde a le droit à l’éducation. Frère… OH ! Oui, d’accord, vous êtes la sœur de Godric Gryffondor. Je vois. Pardonnez je n’avais pas fait le lien. Tout le monde à le droit à l’éducation à vivre dans un endroit qui peut être un foyer… en sécurité… »

« Il n'y a pas de mal. Quand on mentionne Gryffondor, on s'attend à faire face à un guerrier. » Jewel était l'exception de la famille. Frêle et faible, elle n'avait aucun talent de combattante. De ce fait, les dieux lui ont accordé un don particulier, mais qui peut vite devenir un fardeau par moment. C'est pour cela qu'elle voulait à tout prix trouver le bon équilibre pour ne pas que la magie la ronge et ne finisse par être un poison. « Je suis d'accord avec vous. Malheureusement, les vieilles habitudes ont la vie dure et certains sorciers ne sont guère d'accord de partager leur savoir. Mais je pense que c'est un tort. Sans être guidé, ces sorciers seront rapidement un danger pour les autres et pour eux-mêmes, sans parler du fait que ne pas trouver sa place dans un monde comme dans l'autre peut devenir problématique. »

« Vous savez s’il y a des loup-garous ici ? Ou parmi les étudiants ? »

« Il n'y en a pas non. Faire entrer des sang-mêlés et nés-moldus a été déjà bien compliqué alors, imaginez un peu la venue de ces derniers à Poudlard. Mais qui sait un jour, peut-être que ce sera faisable, si l'ont trouve un moyen de les canaliser ne serait-ce que lors des pleines lunes. » Jewel regarde son bouquet arrangeant quelques fleurs alors que celles qui coiffaient sa longue chevelure prirent une couleur blanche et bleu. « Les pauvres... Ils doivent se sentir si mal et mépriser. Je souhaite de cœur que l'avenir soit meilleur pour eux. Ces derniers n'ont pas cherché à être incontrôlable, ils obéissent à leur nature. » La jeune fille lève les yeux vers la ménestrel se demandant soudain pourquoi cette question. « Vous craignez qu'il y s'en trouve ici ? » Comment pouvait-elle savoir que la jeune femme face à elle soit une louve-garou? Après tout, il n'y a aucun signe distinctif qui permet de faire la différence. Alors, elle lui sourit. « Il ne faut pas les voir en des monstres, simplement en des personnes qui ont leur propre capacité même si elles sont effrayantes en soir de pleine lune. Un don ou une malédiction... Je sais de quoi je parle. Mon don de voyance peut être considéré ainsi. » En effet, la condition de voyante de Jewel n'était pas méconnue.

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« On peut être guerrier sans en avoir la stature. Tout dépend de comment on utilise sa force. Ma mère avait la même physionomie que moi et de ce que je me souviens, elle était douée avec un bâton ferré. »

Jewel n'était pas très convaincue par ces paroles. Sans doute, était-ce vrai, mais elle avait tendance à penser que les gens physiquement comme elle, était loin d'être des guerriers. Elle n'avait qu'à regarder ses sœurs pour constater ce fait. Cela la rongeait par moment cette différence, mais la jeune fille se dit que les dieux avaient un plan différent pour elle d'où son envie de les servir depuis l'enfance. Elle s'était plongée avec tant d'amour dans la prière parce que cela lui permettait de croire qu'une force supérieure à la sienne puisse protéger ceux qui lui sont tellement chers. Une façon de penser qu'elle peut avoir la possibilité d'intervenir au moins spirituellement pour sa famille. Seul, William connaissait la vérité de cette souffrance dont elle ne parlait pas. En même temps, son jumeau n'avait pas besoin de l'entendre pour deviner cet état de fait. Cela soulageait Jewel d'un poids immense en quelque sorte. La seule chose que ne pouvait pas comprendre son frère, ce sont les élans du cœur de sa jeune jumelle qui s'ouvrait à son ami de toujours avec qui l'entente pouvait parfois être électrique surtout quand il agissait stupidement avec les sang-mêlés et les nés-moldus.

« Les puissants ont tendance à vouloir imposer leur choix alors que d’autres n’ont rien demandé. »

« La plupart oui, mais je peux dire avec fierté que mon frère n'est pas comme ça. » Elle le connaissait assez pour le savoir après tout, par moment, lui et elle avaient beaucoup de conversations. Sans doute, que les points divergeaient par moment, mais jamais il n'imposera sa manière de voir les choses. Il dira que ce n'est pas son point de vu, sans plus. Et c'est bien autant que parfois, Jewel a l'impression de parler au vent. Mais en même temps, l'éducation de son frère le porte à agir par moment ainsi.

Lorsque la conversation se dirige vers les loup-garous, la jeune Gryffondor y répond tout en donnant son point de vue. Mais il lui semble que l'atmosphère se tend légèrement. Peut-être se fait-elle des idées, mais c'est l'impression qui naît tout de suite en elle.

« Moi ? Les craindre ? Nan. Au contraire j’aimerais en rencontrer. Je suis sûre qu’ils sont intéressants… Mais en même temps, on le crie pas sur les toits quand on est loup-garou je suppose… On a tôt fait de se retrouver une épée en argent entre deux côtes. »

« J'avoue que cela serait intéressant d'en croiser. Hors pleine lune, ils doivent être comme vous et moi. » C'est son frère qui serait fort étonné de l'entendre parler ainsi. Mais un sorcier reste un sorcier. S'il est loup-garou ou autre, est-ce vraiment problématique ? Nous savons qu'ils sont dangereux à la pleine lune, mais c'est tout. C'est quelque chose qui à laquelle on peut faire attention. « Les vélanes aussi sont fascinants. En avez-vous déjà vu ? On dit que personne ne peut surpasser leur beauté. » Jewel regarde devant elle. « Les harpies me rendent tristes cependant, elles sont maudites par la vilenie de certains autant que les maledictus. Il y a tant de personne qui méritent leur place dans le monde et dans cette école. Mais ce fut déjà difficile d'autoriser sang-mêlés et nés-moldus entre ces murs. »

« Le monstre est parfois celui qui a un visage humain et qui traque ceux nommés monstres, car ils ont leur don. Vous êtes voyante ? Je vois… Cela doit être lourd à porter, non ? »

« Vous avez raison. Le beau peut se cacher dans le laid et l'inverse est aussi vrai. » Fit-elle en hochant la tête. « C'est très dur parfois, je ne suis jamais allée sur un champ de bataille, mais je sais à quoi ça ressemble. Je vois des hommes et des femmes tomber et qui viennent à moi pour passer un message aux siens qui sont toujours en vie. Je vois autant la lumière que les ténèbres de ce monde. Je vois les esprits qui ne veulent pas être vu comme les fantômes que nous pouvons croiser par moment. » Un sourire se fait alors, sur son visage. « Heureusement, qu'il y a une personne avec qui j'aurais toujours de belles visions. C'est étrange, mais je ne vois que du positif avec lui, c'est une sorte de pansement pour guérir les choses si sombres que je peux parfois voir. Mais si j'ai ce don, c'est parce que les dieux l'ont voulu ainsi. »

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« Je suis heureuse que vous me fassiez mentir sur ce point alors. »

Jewel n'avait jamais douté de son frère aîné, on pouvait même dire qu'elle le vénérait parce qu'il s'est toujours montré très présent pour elle. Un lien que personne ne pouvait briser les liait l'un à l'autre, avec une force que bien des gens pouvaient jalouser dans ce monde. C'était rare de constater un tel sentiment de loyauté entre ces deux êtres. Mais en même temps, la jeune Gryffondor n'était qu'amour et tendresse, la méchanceté ne faisait pas partie d'elle. Cependant, il fallait bien admettre qu'elle ressentait parfois un vilain assaut de jalousie qui la rendait fort capricieuse. Mais on ne pouvait pas être parfait en tout point. Et bien que la jalousie soit un vilain défaut, cela accentuait le côté, jolie poupée de la perle des Gryffondor quand elle commençait à bouder et à faire ces petites mimiques qui lui sont propres.

« La peur de la différence et le refus de voir autre chose que son propre cas… »

« Oui, c'est tout à fait cela. Même si je ne suis pas une créature, certaines personnes se méfient de moi. Mon don peut être autant un don qu'une malédiction. » Le fait de voir la mort des autres n'est pas vraiment quelque chose qu'elle souhaiterait même à son pire ennemi. C'est trop dur de voir ce qui peut se passer et de ne pouvoir le changer. Quand les dieux ont décidé d'un destin, on ne peut aller contre ce dernier. Elle peut l'affirmer par le cas de son propre frère. Qu'importe sa décision, il serait mort jeune. Cela avait brisé Jewel et éloigné non seulement ses parents, mais aussi Innocence, son autre sœur. Bien que celle-ci sera toujours présente pour défendre sa petite sœur, il n'en reste pas moins que son don effraie.

« J’aurais aimé pouvoir parler à ma mère une dernière fois… Qui est cette personne ? Un amoureux ? Un frère ? Un ou une amie ? »

« Les personnes qui ne sont plus, ne nous quittent jamais vraiment. » Fit la jeune fille en se tournant vers Flore qui se trouve soudainement prise de mélancolique. « Elles restent dans notre cœur, quoi qu'il arrive. Alors même si vous ne l'entendez plus, vous pouvez lui parler. Elle viendra sans doute à vous sans que vous ne vous en rendiez compte. Croyez-moi, je vois ça tout le temps. » Fit-elle avec simplicité avant de recouvrir son sourire. « Sire Caddaric Pendragon, il est le supérieur de mon frère et un membre important des dragonniers. Je n'ai que de belles visions le concernant. C'est assez étrange, mais tellement rassurant aussi. C'est sans doute parce qu'il est un homme qui apaise facilement les gens. »

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« Je lui ai parlé dans le secret pendant dix ans… croyant qu’elle était encore en vie… J’espérais que les étoiles lui portent mes mots… Peut-être qu’elle m’entend… »

« J'en suis persuadée. J'estime que même si on ne peut les voir, l'esprit des êtres qui nous sont chers sont partout, autour de nous. » Fit la jeune Gryffondor dans la plus grande sincérité qui soit. Elle pouvait comprendre qu'une perte soit lourde plus encore lorsqu'elle nous a été retiré bien trop tôt comme ce fut le cas pour la jeune ménestrel.

Dans un geste doux, Jewel prit une fleur et la déposa dans la chevelure de la jeune fille qui était à ses côtés et avec un sort dont elle connaît le secret. La fleur se multiplia et offrit une coiffure digne d'une princesse à Flore. La nature pouvait être un pansement délicat pour les cœurs en souffrance. Jewel en sait quelque chose, depuis toujours, elle s'est réfugiée dans un jardin pour nettoyer son âme de toutes les émotions tristes qui peuvent gouverner son cœur. Elle espère y parvenir en offrant cet instant doux à la ménestrel, égarée dans ses pensées.

« C’est bien alors… Si vous avez quelqu’un qui vous rend heureuse… C’est important d’avoir des petits bonheurs. »

« Beaucoup de personne me rendent heureuse, mais c'est vrai que sir Pendragon me donne que de belles visions. » Jewel ose ainsi croire qu'elle n'est pas destinée qu'à voir le malheur et la mort. Certes, elle a été confronté à la dureté de la vie, ce qui l'a fait grandir plus vite, mais en même temps, ce fut et c'est toujours un fardeau lourd à porter.

Tournant alors, son visage vers Flore, Jewel sourit au geste délicat dont elle fait preuve à son égard. Définitivement, cette personne est très mélancolique certes, mais munie d'une douceur qu'elle doit rarement exprimer. En même temps, envers la jeune Gryffondor, c'est difficile de se montrer autrement. Cependant, Jewel est muni d'un mauvais côté comme tout à chacun et elle l'a découvert, il y a peu. Son cœur est rongé par une certaine jalousie qui la blesse un peu plus chaque jour encore.

« Vous ne pouvez voir que les esprits le souhaitant qui ne sont pas passé aux royaumes des morts ?  C’est bien ça ? »

Ancrant son regard dans celui de Flore, Jewel réfléchit. Pourquoi cette question ? Est-ce vraiment une simple curiosité ? Sans doute. « C'est assez compliqué en fait. Si je me concentre assez, je peux sentir et parfois voir ceux qui ne le désirent pas. Mais dans l'ensemble, les esprits qui veulent de l'attention, je peux les voir et les comprendre sans mal. » Caressant les pétales du bout des doigts, Jewel réfléchit à quand ce don s'est réveillé. Il lui semble que cela se passa dès le berceau. Enfant déjà, on lui disait que même bébé, elle avait le regard attiré vers un endroit vide, mais qui pour la jeune Gryffondor ne l'était aucunement. Non, elle voyait des esprits d'êtres qui viennent de trépasser ou qui ont perdu la vie depuis bien longtemps. Elle souriait agitant les mains comme amusée par quelque chose. Et à d'autre moment, Jewel pleurait. Quand Godric était dans les parages, elle tendait les bras vers lui et se serrait fort contre lui. La simple présence de son frère suffisait à la rassurer, même Elizabeth y parvenait. Plus tard, quand William sentit sa sœur mal, il lui serrait la main en disant que rien ne pouvait lui arriver tant qu'il serait là.

Enfin de compte, Jewel ne fait que compter sur les autres parce qu'elle connaît la limite de ses propres forces. Est-ce que cela va durer longtemps encore ? Pourra-t-elle être un jour la personne sur laquelle on se repose ? Difficile à dire. « Entrer en contact avec certains esprits demandent une concentration plus profonde et quelque chose qui lui appartenait de son vivant. C'est un réceptacle qui permet aux voyants de mieux se concentrer sur l'énergie qui s'en dégage. Je n'ai pas vraiment besoin de rituel élaboré pour y parvenir. » Son regard se pose alors sur elle. « Pourquoi cette question ? »

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Le présent de la jeune Gryffondor semblait faire son effet. Jewel était heureuse, car il lui semblait que la pauvre Flore était d'une mélancolie immense. Quelque chose de plus profond encore. Une détresse peut-être. C'était si évident, si palpable pour la jeune fille dotée d'une grand empathie. Le cœur des gens ne lui était aucunement étranger. Au contraire, les lire lui permettait de savoir à qui elle faisait face. Et la ménestrel à côté d'elle, lui semblait être une personne bonne, bien qu'en souffrance perpétuelle et dans sa bonté, Jewel s'était dit que coiffer la toison brune de fleurs de Flore l'aiderait à avoir le sourire. Effectivement, ce fut le cas, mais la tristesse résidait encore en elle. Comment en vouloir à cette pauvre jeune fille. Jewel était souvent accablé par le chagrin surtout quand il lui était impossible d'aider les âmes qui se présentaient à elle. Des âmes jeunes et entrant à peine dans le monde des morts, ne comprenant ni pourquoi et encore comment ils en sont arrivés là. La guerre et la maladie en sont malheureusement les bourreaux. Et cette époque n'aide en rien à ce que les choses s'améliorent peu à peu.

C'est cette raison qui doit la pousser à demander à Jewel des informations sur son don. Se raccrocher aux morts n'étaient pas souvent la meilleure décision à prendre. Se préoccuper des vivants était une solution plus salutaire pour un être dépérissant face au chagrin. Mais ce n'est pas la jeune Gryffondor qui allait lui jeter la première pierre alors, qu'elle se retrouvait dans ce genre de situation. Et trop souvent pas moment.

« Curiosité… J’aurais aimé… savoir si mon oncle et mes cousins étaient en vie, j’ai perdu leur trace… Je me sens seule en réalité… »

« Je comprends. » Si Jewel avait été à sa place. Nul doute qu'elle en aurait face à la même situation. Prenant une position plus confortable, la jeune fille prit les mains de Flore et lui sourit. « Ne dites rien. Prenez une profonde inspiration et pensez à votre famille. Ne prononcez aucun mot d'accord ? Vous ne devez qu'y penser c'est tout. » À son tour, Jewel ferma peu à peu les yeux pour caler sa respiration à celle de Flore. Son esprit s'évade et tente de décortiquer celui de la ménestrel cherchant cette famille qui lui tient tant à cœur. « Noreen. Caenar. Ce sont les noms que j'entends. » Commença-t-elle par dire avant d'ouvrir les yeux. Les pupilles de la jeune Gryffondor étaient plus clairs encore. « Je ne vois qu'eux. Ils vous cherchent. » Certains souvenirs connus que de Flore et de ses cousins sont mentionnés par Jewel. Cela lui vient dans sa tête et elle ne peut que les partager. C'est quelque chose qu'elle ne peut contrôler. « Vous les retrouverez. » Fit Jewel en reprenant contact avec la réalité. « Quand, je ne sais pas. Mais je peux vous dire que ce sera pour bientôt. » Serrant les mains de la ménestrel, la jeune Gryffondor sourit. « Aucun d'eux ne vous a oublié. La solitude sera rapidement effacée. Croyez-moi. »

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Perdu dans les méandres de sa vision, Jewel se laisse aller. Elle ressentait que Flore avait besoin de réponse. D'un soulagement certain quant à un pan de sa vie qui lui importait véritablement. Jewel ne pouvait d'offrir grande aide qu'en usant de ses visions. De ce don qui la berce depuis le moment où elle a poussé son premier pleure d'enfant. De tous les pores de sa peau, la ménestrel hurlait silencieusement à son besoin de retrouver un espoir semi-éteint. Il fallait ranimer la flamme dans son regard et Jewel allait tout faire pour que cela soit le cas.

À peine le contact de leurs mains fait, la jeune fille proclame alors des souvenirs qu'elle ne connaît pas. Mais elle les voit et les paroles sont dites. Les preuves sont là. Jewel est une voyante là où d'autre se vante et n'ont au final aucun don. Seulement celui de guider dans l'égarement des êtres, qui parfois, sont pris dans la tourmente. La voyance reste une chose à laquelle on ne peut rire. Et pourtant, la jeune Gryffondor n'arrive pas à comprendre comment certains peuvent user sans vergogne d'un jeu malsain comme la tromperie.

En reprenant contact avec la réalité, Jewel regarde Flore. Apparemment, ses paroles ont eu un grand effet sur elle. Au point, que celle-ci se jeta dans ces bras. Jewel la serra doucement après que l'étonnement soit passé. Elle était heureuse d'avoir contribué au bonheur de Flore. Elle sentait de par son empathie que celle-ci le méritait largement. Mais comment pouvait-elle encore deviner que les visions cauchemardesques qu'elle avait avec cet homme, avaient à voir avec Flore. Que c'était son ombre qu'elle voyait torturé et malmené. Une vision qui lui arrachait le cœur et qui la pétrifiait et la faisait pleurer dès qu'elle reprenait pied avec la réalité.

« Merci… merci… »

« Ne me remerciez pas. » Commença-t-elle par dire avant de sortir un mouchoir pour essuyer les larmes de Flore. « J'ai senti que vous en aviez besoin et je suis heureuse de participer à cet espoir qui naît à nouveau en vous. » Elle sourit doucement. « Quand, je l'ignore, mais je sais que cela sera pour bientôt. La patience est une vertu et vous verrez que le temps attendu sera dérisoire quand vous retrouverez les vôtres. » Avoir des paroles réconfortantes. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour aider un peu plus Flore. Cependant, le temps lui fait défaut à la jeune Gryffondor. « Je vais devoir vous laisser. L'heure du couvre-feu approche, je ne voudrais pas mettre en colère dame Serdaigle. » La directrice était autant à cheval sur l'étiquette que sur le respect des heures. Jewel ne tenait pas à la décevoir.

Le bouquet qu'elle portait encore s'envola vers l'entrée de la forêt pour se déposer sur la tombe d'Azur. « J'ai promis de ne pas tarder. Mais j'ai été vraiment heureuse de vous revoir et de parler avec vous. Si vous en ressentez le besoin, n'hésitez surtout pas. »

Jewel se lève regardant un instant le ciel. Les étoiles pouvaient raconter tellement de choses parfois quand on savait tendre l'oreille. « Je vous souhaite une bonne soirée et une bonne nuit, Flore. » Elle fit une légère révérence et sourit. « A bientôt. »

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