S'évaporer. Ne faire qu'un avec le ciel. Ne plus se soucier de ce qui se passe sur terre. C'est une chance pour ceux qui possède un compagnon volant. Eole connaît mieux que personne le besoin d'Aisling de se fondre dans les nuages et sentir cette liberté l'étreinte plus encore. C'est une sensation d'apaisement qui l'enlace comme un amant dont on ne peut se passer. Derrière son casque, la jeune femme se laissait guider par l'hippogriffe. Elle le laissait jouer les acrobate tandis que la jeune lady se tenait à lui sans tirer les plumes, ce qu'il prendrait plutôt mal d'ailleurs même venant de la jeune femme. Cependant, l'animal fantastique prenait toutes les précautions pour que celle-ci ne chute pas de son dos. Ouvrant ses bras en grand, Aisling ferma les yeux respirant à plein poumons cet air si pur qui lui était offert. Toute son existence passa dans son esprit. Tous ces combats qu'elle a dû mener. Tous ces silences qu'elle a dû privilégier à défaut d'exprimer sa colère. Toutes ces choses qui l'ont affaibli au niveau social, mais qui l'ont tellement renforcé d'un autre côté. Elle n'arrive pas à témoigner sa confiance, en tout cas, à si peu de personnes. Les Dumbledore en font assurément partie, mais ceux dirigeant les maisons, elle tente encore de les comprendre un à un. Godric se démarque largement parce que c'est son directeur et qu'elle éprouve que du respect pour l'homme et le guerrier qu'il est. Assurément, on pouvait lui faire confiance, mais de là, à se laisser approcher par ce dernier. Définitivement non.

Farouche. Méfiante. Aisling reste marqué par un passé lourd de violence et d'abus. C'est dur de faire naître une confiance et de taire la méfiance. Alors, elle fait en sorte de s'ouvrir suffisamment, mais cela reste tellement compliqué pour cette dernière.

Aisling n'avait pas fait attention au dragon et Eole s'en moquait royalement pour donner de l'importance à un reptile volant. Être fier, pour lui, il n'y avait d'importance que dans ce qui attirait son attention. Dans l'absolu, c'est Aisling qui comptait, mais la nervosité du dragon se fit sentir et Eole poussa un petit crie pour prévenir sa compagne. Aisling ouvrit alors les yeux et vit un dragonnier. Soupirant intérieurement qu'on la gêne durant sa promenade avec son hippogriffe. Le dragon s'approchait d'eux, mais même la jeune femme pouvait sentir la nervosité de ce dernier, ce qui d'un côté amusait Eole qui poussa un petit crie pour affirmer une certaine domination, mais également pour prévenir ce qu'il leur en coûterait de s'en prendre à Aisling et lui-même. Un mouvement de sa part indique qu'il lui demande de se poser.

« Qu'est-ce qu'il y a encore. » Grogna-t-elle pour elle-même avant d'amorcer une descente vers la terre ferme. Son cœur se déchire déjà de s'éloigner des cieux. Cependant, elle ne préférait pas commettre d'impair, elle qui a jurée de se tenir à carreau.

Une fois au sol, elle descendit du dos d'Eole dont elle flatta le coup avant de retirer son casque pour découvrir son visage.

-Deana...

Aisling n'eut pas le temps de quoi que ce soit. Même pas de s'exprimer, juste de se retourner avant que l'étrange ne vienne vers elle pour la prendre dans ces bras. La jeune femme se crispe, tous ses muscles se tendent presque à l'extrême à ce contact.

-Je suis désolé.

Désolé de quoi ? Aisling était clairement perdue, elle ne reconnaissait aucunement cet homme qui semble muni d'un désespoir qui, aussi cruel soit-il, ne touchait pas plus que ça, l'apprentie thaumaturge. Après tout, pourquoi, ce serait le cas ? Elle ne le reconnaissait même pas.

« Je vous prie de me lâcher. » Fit-elle plus que froidement. Sa main s'était instinctivement crispé sur la dague qu'elle portait à sa ceinture. Hope, c'est un peu Gunnar qui vient le protéger même des lieux les séparent désormais. Elle finit par se dégager vivement de cet homme, le dégoût se faisant voir sur son visage. Aisling ne peut oublier le dernier affront que Leiv lui a fait subir. Sans doute bien pire que les coups qu'elle a dû essuyer. « Je ne crois pas vous connaître. » Fit-elle en le regardant, droite, fière, si froide. « Et ne prononcez plus jamais mon nom d'esclave. Je m'appelle Aisling Keenlight désormais. »

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Elle n'aime pas qu'on empiète dans sa zone de confort. La proximité d'un homme et surtout un inconnu ne lui est pas agréable. Dans son esprit, il y a encore trop de mauvais souvenir, des cauchemars que le temps n'a pas encore correctement pansée. C'est une infection purulente qui régresse ou avance dépendamment de l'état d'esprit de la jeune femme. Les hommes qui comblent son entourage son très peu nombreux, ces derniers se comptant sur les doigts d'une seule main. C'est mieux que rien. Trop s'éloigner ne sera guère d'une aide pour Aisling qui doit voir par rapport à l'entourage des Dumbledore qui sont fort nombreux. Après tout, c'est une famille reconnue et qui se fait facilement connaître de bouche à oreille. Leurs idées sont claires, sans doute trop avancées pour leur époque, mais ils savent très bien comment s'engager et jouer même si la pente peut parfois être glissante.

-Dans ce cas enchanté de vous revoir lady Keenlight, je suis Alberic de Normandie, je vous ais rencontré dans des temps moins favorables. Quand vous portiez votre nom d'esclave.

Aisling devrait le reconnaître, mais le temps à passé depuis lors. Et la jeune femme a tendance à vouloir détruire les mauvais souvenirs. Malheureusement pas toujours possible, il faut donc faire avec. Arquant un sourcil, elle observe tentant de replacer ce visage à l'époque où elle se trouvait encore esclave. Mais non, elle n'y arrive pas. Pas encore.

-J'étais au service de l'écaille brisée en ce temps là, et j'ai toujours regretté de ne pas vous avoir sauvé de Leiv, c'était un homme détestable.

Main toujours sur le pommeau de sa dague, Aisling faisait jouer les rouages compliqués de ses souvenirs. Effectivement, un souvenir lui revient lentement. Et même si elle se détend, la damoiselle reste sur ses gardes. La méfiance est un trait de son caractère qu'elle a gagné rapidement et qui ne lui a jamais fait défaut jusqu'à présent. « Je crois me souvenir. » Fit-elle enfin, alors qu'elle n'avait pipé mot pour observer le dragonnier. Regarder était mieux que de déblatérer mille mots qui ne serviraient, au final, pas grand chose. « Tout ceci est du passé. J'en veux plus aux villageois qu'à la personne de passage que vous étiez. »

-Je suis heureux de voir que vous vous portez mieux.

Sa main quitte définitivement sa dague, et même Eole vient à se détendre enfin en sentant sa compagne être plus sereine. Cependant, autant l'un que l'autre sont prudents et préfère laisser leurs sens aux aguets. Après tout, sait-on jamais ce qui peut arriver.

« La liberté est un bon médicament. » Dit-elle en toute simplicité avant de porter son regard clair sur celui du dragon se trouvant derrière Alberic. L'immense reptile semblait curieux, bougeant la tête d'un côté comme de l'autre. Loin de grogner et prêt à mordre comme la plupart des dragons qu'Aisling avait pu voir jusqu'à présent.

-Vous voyagez avec style en tout cas, qu'est-ce qui vous amène dans l'espace aérien de Poudlard? Je ne doute point de vous soyez en sûr, mais je me doit de vérifier, on ne nous as annoncé aucun thaumaturge en visite.

« Parce qu'il n'y a pas de visite de thaumaturge. » Commença-t-elle à dire avec un sourire au coin de ses lèvres. « Je suis élève à Poudlard, mais aussi la dame de compagnie de lady Artémis Dumbledore. » Et on pouvait se douter aussi qu'elle était au service de cette famille. « Je faisais simplement faire un tour à Eole. Il avait besoin de se dégourdir un peu et moi aussi d'ailleurs. » Fit-elle en caressant la tête de l'animal. Elle n'avait eu qu'à tendre la main pour que ce dernier comble les derniers centimètres restant. « Étrange de vous voir avec un dragon... Je n'en ai pas souvenir lors de notre première rencontre. » En même temps, Aisling était peu présente et disparaissait pour éviter les mauvais coups de Leiv ou encore les propositions salaces et abjectes qu'il faisait aux visiteurs en échange d'argent. Au retour, Aisling était gravement corrigée, mais elle n'a jamais baissé les bras d'où cette force de vivre qu'on pouvait lire dans son regard.

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Il était difficile de comprendre la joie évidente qu'affichait le dragonnier en cet instant. À croire que le souvenir d'Aisling ne l'avait pas quitté un seul instant alors, que pour la jeune fille, il n'a été qu'un homme de plus de passage dans le village où elle était retenue esclave et où elle se trouvait toujours être une esclave. Aucun de ces hommes et ces femmes libres n'ont encouragé à sa libération et à lui offrir un statut qu'elle possédait clairement dans ce royaume et dans les autres qu'elle pourra sans doute visiter un jour ou l'autre. De toute manière, Aisling ne s'est jamais considéré comme une esclave, elle préférait croire en sa liberté que de se plonger dans les paroles si noires et malveillantes qu'on avait à son égard quand elle appartenait encore à Leiv. Tout lui était confus. Parfois, les souvenirs lui semblaient flous parce qu'elle faisait l'effort quotidien d'effacer ce mal pour ne pas qu'il la ronge davantage. Mais elle le sait très bien. À un moment donné, Aisling devra faire face à son passé et le combattre pour se libérer de ce qu'elle fut. Les Vikings ne sont pas du genre à rester tranquillement chez eux. Ils aiment piller et voyager en prétextant tout leur est due. Alors, qu'ils ne sont rien de plus qu'une bande de barbares sans tenue ni véritable honneur. Son avis les concernant était haineux et plus que fermé pour Aisling. Peu d'espoir de ressentir de la bienveillance à leur égard. Seul, Gunnar s'était démarqué du lot parce qu'il lui avait tout appris et l'avait sauvé votant à sa manière pour faire d'elle une femme libre.

-Elemiah est un jeune, il y as de grandes chances que je disparaisse avant lui, je le cachait à cette époque car je chassait ses congénères.

Aisling regardait le reptile humer l'air comme pour se faire une opinion de qui trouble autant son maître ? Père ? Elle ne sait pas réellement quel rôle donner à Alberic. Cependant, il était étonnant d'entendre que ce chevalier qui a passé son temps à chasser et tuer les dragons en possède désormais un avec qui, il semble plus que lier. Cela fait même un peu sourire la jeune femme qui observait avec son calme habituel, les gestes et les regards échangés entre les deux êtres.

« Et vous voilà ici avec ce dragon. On dit que les dragons se laissent mourir à la mort de leur dragonnier ou bien s'exile pour vivre librement et attendant la mort pour rejoindre leurs compagnons d'armes. Sans doute, vous suivra-t-il. Je doute qu'il puisse se faire à une vie sans vous. » Surtout, si Alberic s'est occupé d'Elemiah depuis qu'il était dans un œuf.

Aisling sentit un petit coup sur son épaule et tourna la tête pour voir la tête d'Eole qui l'observait comme pour affirmer ses dires. La damoiselle sourit doucement. « C'est bon, j'ai compris. » Fit-elle en sortant un morceau de viande séché de sa sacoche qu'elle tendit à l'hippogriffe. Ce dernier prit la récompense avec beaucoup de précautions pour ne pas blesser sa compagne. Aisling lève les yeux vers le reptile et tend un autre morceau à Alberic pour qu'il le donne au dragon.

-Si vous souhaitez vous entraîner, je peux vous proposer un petit vol, je travaillait mes stratégies de combat avec lui.

Eole regarde les deux individus ne quittant pas un seul instant Aisling. Celle-ci vient alors le regarder passant une main sur le cou de la créature pour lui offrir une caresse tendre qui dénotait grandement avec ce qu'elle montrait en général à ceux qui la rencontraient. « Eole et moi, nous ne faisions qu'une petite promenade pour nous détendre. Vous n'avez pas l'air d'offrir ce genre de moment. Vol ne rime pas toujours avec entraînement. » Croisant le regard du dragonnier, elle poursuivit. « Eole n'aime pas qu'on lui impose les choses, il aime faire à son rythme, mais qui sait, après une promenade, il sera plus alerte pour de l'entraînement. Enfin si ça vous dit. » N'attendant pas vraiment sa réponse, elle grimpa sur le dos de l'hippogriffe. « Allez, on se dépêche messire le dragonnier. »

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