Il était, pour moi, deux grandes fiertés dans ma vie : ma fille, & l'école de Poudlard. Cela faisait bientôt dix ans (ou bien pile dix ans) que nous avions ouverts. J'étais fort amusée par ce fait car je n'avais pas prêtée attention au temps qui s'écoulait très vite. Et pourtant, voir ma petite fille devenir une femme aurait dû me mettre les yeux en face de la réalité. Je n'avais pas d'autrs pensées ce matin, au réveil. Quand Godric me posa la question pour la fête d'anniversaire, je me serai contentée d'acquiescer, mais il aurait été — & est toujours — tout à fait impoli de faire part de mes soucis en plein repas. « Ami, une très bonne nuit. J'espère que la vôtre fut tout aussi agréable. » répondis-je, la voix presqu'éveillée alors que je lui rendais un baiser. « C'est une très belle proposition. » répliquais-je, quand il suggéra que nous passions la journée ensembles. « Nous pourrions les faire en même temps. Pourquoi pas un jeu de piste ? Ou alors organiser un bal, dans les jardin si Dieu le veut. Avez-vous déjà pensés à une date ? »

Salazar n'avait pas l'envie de fêter son anniversaire. Est-ce qu'on pouvait dire qu'il était austère ? Je ne l'avais jamais vu vraiment danser mais c'était un homme qui animait les conversations. C'était aussi un homme discret par moments, qui ne voulait pas avoir beaucoup d'attention sur lui. Ah, que voilà beaucoup de modestie en un seul homme ! Cela dit, si ledit seul homme pouvait ranger son serpent — enfin, un basilic, mais toujours est-il que c'était quelque chose de dégoûtant que d'amener ça à table ! —, ce serait une bonne chose ! Je ne suis pas du même avis que Lazare : on peut très bien fêter l'anniversaire de notre école, & faire un petit quelque chose pour le fondateur en vert.

Notre douce Helga devait encore être dans ses pensées, en train de picorer de quoi déjeuner. Heureusement que Godric & moi sommes là pour mettre un peu l'ambiance. D'ailleurs, il est lui-même quelque peu agacé par la sale bête & est bien déterminé à ce qu'on fasse la fête. « Avant samedi, pourquoi pas ?! » répondis-je. « Oui, des joutes oratoires sont une très bonne idée ! Il faudra leur faire étudier quelques auteurs, ou alors recruter les meilleurs orateurs d'entre-eux : nous devons bien avoir quelques Périclès ou bien des Cicéron dans nos rangs, Godric. » ajoutais-je, malicieusement. « Mais pas de duels : c'est trop dangereux, même avec des baguettes. »

Et il avait raison : pourquoi se priver ? Faire le jeu de piste &  le bal pourrait être une bonne idée. « Pour le moment, je propose la chose suivante : tout d'abord, Salazar, rangez donc cet animal : vous savez qu'il est préférable de laisser les animaux de compagnie en dehors des soupers. » J'en connais un qui devrais venir à mon cours de savoir-vivre… Godric aussi, je l'ai repris plusieurs fois. « Très amicalement, mes chers compagnons & vous ma tendre amie, il n'y a que moi ici qui connais & qui fait attention à la manière de se conduire. Alors je vous demande de faire attention, merci. » leur dis-je d'un ton très ferme.

Je m'éclaircis la gorge, puis je repris sur un ton plus agréable : « pardonnez-moi, mais vous savez comme j'aime quand les choses soient bien faites, bien ordonnées. Nous sommes sensé.e.s montrer l'exemple, ou sinon, nous allons mettre la clef sous la porte. Et moi, je crois qu'à force de me soucier de la bienséance, je vais être la première à mourir de nous quatre, ha ha ! » Oui, je rigole de la mort, je n'en ai pas peur : je suis habituée…


P.S. : pour une meilleure gestion des dialogues, je propose de prendre le dialogue en bleu & Salazar pourra prendre celui en vert.

Je fus fort piquée par cette remarque sur mon comportement, mais j'aime ne pas me comporter en bourgeoise (enfin, ne pas avoir des manières que je considère comme bourgeoise). Sur un ton sec & un sourire crispé, je dis d'abord à Godric le Lion : « Godric, je vous interdit de rire ! Et je suis fort détendue, monsieur », terminais-je en m'adressant à Salzar le Serpent tout en accentuant le dernier mot. La preuve en est, je me moque de mon attachement excessif aux manières & dis que cela me perdra, bien que ce ne soit pas du goût d'Helgato. Et puisquon parle de faire un gâteau d'anniversaire durant un banquet, notre Helga est aussi taquet !

Elle proposa alors un trésor en récompense. Je fis un moue & fronçais les sourcils : comme elle l'a dit, l'argent est un bien qui n'attire pas forcément. Il fallait donc que nous nous creusions la tête ! Si ça ne tenait qu'à moi de choisir, j'aurai offert toute mes félicitations à la personne. « J'ai de la famille au sixième ancêtre féminin commun en Toscagne, & mon cousin Sylvain de Néapolis m'a raconté qu'il existait une tradition du temps des Anciens italiens, où le vainqueur est porté en triomphe dans toute la ville, sur un beau cheval. Seulement, pour que le succès ne lui monte pas à la tête, il est escorté par un chœur qui chante des vers moqueurs, en rapport avec la personne. Ainsi, me disait-il, quand il fut vainqueur durant une fêtes de sa région, le chœur chantait en italien :
"Bravo Sylvain qui le jeu à gagné ;
C'était inattendu de la part d'un efféminé !
Ses braves concurrents il a soumit,
Alors qu'il aime moins les jeux que la sodomie." »

Je chantais ces quelques vers (oh, pas trop fort !) avec entrain, même si je m'attendais à ce que mes ami.e.s soient plus sceptiques : « Ah, je ne cautionne pas les paroles, mais voilà l'idée ! Nous serions plus gentils : les mœurs italiennes sont bien différentes des nôtres. » soupirais-je en riant.

P.S. : tu as bien fait car je croyais avoir répondu... Petite réponse, je remonte doucement, désolé de mon mutisme.

Oui, je sais : j'ai deux amis qui ont des relations sodomites, je parle d'un cousin qui fait aussi dans la bougrerie & qui est moqué... C'est pas ma faute. J'aurai du choisir quelque chose d'autre, mais c'est le premier exemple qui me soit venu à l'esprit ! Le sale Lazare ne sembla pas s'en formaliser, il était plutôt pour toutes nos idées. Godric proposa que nous fassions un concour entre nos maisons (s'il ne le disait pas, c'était ce à quoi cela me faisait penser !) « C'est une très bonne idée ! » dis-je. J'étais tout à fait pour, je suis sûr que cela est palpitant. Et notre Godric national devait bien s'ennuyer, car avec une petite colère (c'était mon ressentit & étais-je la raison de ce courroux ?) il nous proposa d'aller dehors. Je prenais un bout de pain avec moi « Oh, pourquoi pas !? » lui dis-je. « J'aimerai d'ailleurs m'entretenir avec toi sur un sujet, mon ami. » C'était mes excuses, bien entendu.