Quel est votre opinion sur l'intégration des nés moldus et des sangs mêlés à Poudlard ?
Irène a toujours été pleine de préjugés, sur ces faux sorciers : à ses yeux, ils ne valaient pas la peine que l'on perde du temps pour eux, pour leur enseigner cet art si élevé. La magie ne devait pas, selon elle, être accessible à n'importe qui. Enfin, cela, c'était sa pensée avant. Depuis que Neith a pris plus de place dans sa vie, elle semble davantage tolérer cela, puisque la femme lui dit avoir été une sang-mêlée au début de son existence, plus de trois milles ans auparavant. Alors Irène n'a plus aucuns soucis avec l'intégration des nés-moldus et sangs-mêlés, mais elle reste sur la réserve, observatrice, pour voir s'ils seront si bons que les autres.

« Tu seras reine, mon enfant, avait prononcé d’un ton lent l’oracle. Plus belle que la précédente, on vantera ta beauté par delà les royaumes ; ta litière sera honorée à chaque passage et d’un enfant, les dieux te gratifieront. Quand deux ans il atteindra, les dieux empoigneront le cœur de ton époux et l’arracheront. Dans les pleurs de ton enfant, tu verras ta déchéance car à peine étais-tu arrivée à cette cour étrangère que tes ennemis avaient décrété ta chute. Tu prendras le titre de Reine-mère mais la Grèce entière t’exilera. Pour l’avarice de ton pays d’origine, les dieux te puniront encore davantage. Vulgaire diamant que l’on part au doigt, ta famille se lavera du déshonneur que tu leur as causé en te vendant à la famille royale d’Angleterre. Ton destin, incertain, sera entre leurs mains. Des titres, tu en auras mais jamais plus, tu ne régneras en Grèce. Irène de Cebriàn, princesse d’Espagne, tu fus la reine Irène l’Athénienne quand on te maria et ce titre, tu le garderas à vie. Ton fils ne connaîtra que tes crimes, sans jamais en savoir les raisons - lui. Tu aurais pu être grande mais le destin ne te suivait pas. Reine-mère à jamais, tout autant que douairière. Des titres qui rappelleront à tous, ta déchéance. Mais le sang féroce de la royauté espagnole, jumelé à l'antiquité de la Grèce, perdura au travers de ton être à jamais.

Mais n'oublie pas qu'en toi vivra deux entités. Tu n'es pas la plus puissante des deux, ni la plus intelligente car personne ne pourrait prétendre l'égaler ; écoute ses conseils, car ceux-ci te seront précieux. »

Aujourd’hui encore, les paroles résonnent. Murée dans un silence profond, tapis seule dans le noir profond qui s'est emparé de ses appartements, elle murmure le nom de ceux qui lui ont tout pris. Aristarchos, régent du royaume de Grèce - celui qui a commandité cet assaut contre elle mais aussi son beau-frère. Nicolaos, un seigneur puissant. Amalia, cette traitresse qui était aussi sa dame de compagnie. Une héritière ambitieuse qui est aujourd'hui fiancée au régent pour avoir apporté le soutien de sa famille. Ces noms, elle les murmure chaque soir dans sa solitude, avec les leurs : le roi Venizelos et leur fils, Vasilis. Les deux hommes de sa vie, le second était son soleil, la raison même de son existence. Elle avait tout avec eux et elle faisait tout pour eux. Princesse étrangère, jamais elle n'aurait pensé que le monde s'écroulerait ainsi mais elle avait volé la place d'une autre, voilà ce qui avait tout déclenché. Mais l'origine est ailleurs.

Irène, assise à un bureau, écrivait depuis des heures quand une voix la tira de son récit. Elle porta son regard jusqu'à la fenêtre et la voix se tut, sans repaître. Elle fronça les sourcils, connaissant cette voix d'origine grecque. L'oracle, la prophétie, la déchéance.

Née au sein de la prestigieuse famille de Cebrián, Irène était la première enfant du couple royal. Son père n'était autre que le roi Alonso II dit "le flamboyant" et sa mère était la reine María. Aimée et choyée, Irène fut accueillie comme une petite princesse et dès sa naissance, au vu des circonstances du pays, fut fiancée au prince héritier de Grèce - de treize ans son aîné. Elle fut nommée Irène, dont l'origine grecque du prénom, Eirênê, signifiait tout simplement "paix" et c'était cela que l'on recherchait par cette alliance. Fille au teint mâte, le mariage de son père et de sa mère, bien qu'espagnole, avait eu pour but de souder un peu plus le royaume qui peu avant, était encore dominé par les sorciers musulmans originaire du moyen-orient, cela faisait de Irène une sorcière aux origines étonnamment métissée - avant sa naissance, on pensait même qu'elle aurait fini mariée à un prince arabe.

Après avoir entendue la voix, Irène reprit son manuscrit. Sa concentration ne devait plus être, selon-elle, entravée par une telle chose ; le passé appartenait au passé.

La vie de princesse n’avait rien d’enviable pour celle qui, aujourd’hui encore, est habituée aux titres royaux. Rapidement présentée à la cour, le petit bourgeon ne tarda pas à éclore pour faire place à la plus radieuse mais délicate des fleurs. On s’attendait à ce que le roi récompense ses fidèles, mais il n’en fit rien et l’annonce de ses fiançailles déplurent à bien des hommes. Irène semblait être la princesse du continent que l’on cherchait à s’accaparer, car elle apporterait, tous le savaient, une dot conséquente mais pas que cela : il y avait aussi le prestige du sang. La mère d’Irène avait des origines qui remontaient elles aussi à loin, bien qu’on n’en faisait que peu état : elles pouvaient aller jusqu’au moyen-orient et cela était prestigieux. À tous les égards, Irène était véritablement une promise idéale. Et quand elle fut mariée au futur roi de Grèce, cela fut pour beaucoup, une déception : la guerre venait de cesser grâce à cela, mais jusqu’à quand ? Un mariage tiendrait-il la paix ? Cependant, la Grèce, depuis l’époque antique, demeurait comme l’un des plus grands royaumes grâce aux secrets de la magie qu’elle contenait. Les anciens sorciers grecques, notamment ceux de Sparte, avaient toujours été dotés de savoirs puissants.

Élevée toute sa vie dans les mondanités de la cour ambulante d'Espagne, Irène se vit enseigner les coutumes de nombreux pays ainsi que de nombreuses langues : sa langue natale était l'espagnol, mais la jeune fille fut forcée d'apprendre - comme tout sorcier, le latin. En raison de son mariage futur, elle dut apprendre le grec et aussi le grec ancien, car c'est en cette dernière langue que l'on jetait les sorts, dans le royaume de Grèce, qui était un pur produit de la Grèce antique et de ses cités dominantes - notamment Athènes et Sparte.

Très tôt, Irène fut rejointe par une nouvelle personne dans sa famille : sa demi-soeur, Flore. Elles n'avaient pas la même mère, mais on parvenait malgré tout à trouver des ressemblances entre les deux filles dont les âges étaient si proches. Elles tenaient toutes deux certains traits de leur père, comme ces cheveux bruns et ces yeux noisettes. À l'inverse, les traits d'Irène était plus serrés, moins doux, elle était d'une grande beauté mais plus femme que sa soeur qui, même en grandissant, gardait un visage plus enfantin.

À l'âge de onze ans, la princesse d'Espagne fut envoyée à la cour de son futur fiancé, âgé lui de vingt-quatre ans. Il était déjà roi et quand il vit la jeune princesse qui se tenait face à lui, fut aussi tôt charmé. Venizelos était un roi pieux et "grand" disait-on, en ce sens qu'il parvenait à gérer la politique de son pays avec grande ferveur malgré la dissension religieuse qui y était : les dieux anciens de la mythologie grecque y étaient toujours vénérés et leur nombre conséquent rendait plus dur la conciliation de tous les dieux.

S'ils savaient...

Bien avant son mariage, la jeune princesse reçut en présent un médaillon qui appartenait à la famille royale Athénaïde depuis des siècles. Bien avant tout cela, personne ne se souvenait véritablement des origines de cet artefact. Personne n'aurait cru qu'à ce jour, tout changerait pour elle.

La vie à la cour de Grèce prit rapidement un nouvel essor quand Irène fut mariée à son époux. Devenue reine de Grèce, cette dernière s'imposait comme une reine féroce et acharnée, qui ne se laissait pas faire et qui détenait de parfaites connaissances en magie. Elle prenait encore un semblant de cours, en compagnie de mages de la cour de Grèce, pour parfaire ses connaissances en magie grecque.

« Un horcruxe ? la voix s'était exclamée dans l'esprit de la jeune reine, alors qu'elle se levait brutalement de son lit en posant une main sur son ventre arrondi. Irène, crois-tu vraiment que la déesse de la sagesse serait capable de créer un horcruxe avec son âme ? J'ai fais bien mieux que cela, votre majesté. insista la voix sur la fin, sur un ton qui semblait amusé. Ce médaillon devait libérer mon âme et mon pouvoir dans le corps mortel d'une personne qui serait compatible avec mon essence. C'était un processus simple, qui me permettait ainsi de revenir à la vie, encore et toujours, dans une enveloppe charnelle jeune et irrésistible. »

Elle avait quitté la chambre à coucher qu'elle partageait avec son royal époux. Elle avait fait peu de bruit, se rendant dans une pièce qui lui était entièrement dédiée et où elle s'installa, dans un fauteuil débordant de soie pure égyptienne.

« Il est temps que nous discutions plus véritablement, ma jeune reine, prononça cette fois plus durement la déesse. La première fois que nous nous sommes vus, je me suis présenté à toi comme étant Athéna, déesse grecque de la sagesse. Contrairement à mes contemporains, mon existence est encore plus ancienne et remonte à l'Égypte antique, le berceau de ma naissance, le berceau de la vie. Neith était le nom qu'on m'affubla, une déesse parmi tant d'autres, je n'avais pas tant marquée l'histoire que cela à cette époque ; mais rapidement, j'ai évolué. J'ai grandi ! Alors oui, je suis au final devenue Athéna, puis Minerve, mais dans ce monde, on peut aussi me nommer Belisama, issue du panthéon gaulois. J'ai marqué ce monde plus que n'importe lequel de mes confrères, car je revenais toujours. Ce médaillon que tu portes est issu de l'Égypte, mais je l'ai peu à peu adapté à mes pérégrinations mais toujours, je revenais ici - Athènes était le plus bel endroit... Celui où mon culte fut le plus fort. J'ai aimé cet endroit comme on aime un enfant. écouta toujours Irène, se perdant peu à peu dans ses pensées. Lentement, la forme d'une silhouette se dressa face à elle pour donner naissance à une femme qui l'observa. Athéna - ou Miverne, Belisama, comme vous voulez. »
- Vous comptez donc m'éliminer, prendre le contrôle de mon corps et je ne sais pas... peut-être effacer mon essence même, c'est cela ? »

Il y avait une véritable douceur dans les paroles de la jeune reine, qui n'avait jamais vraiment été confrontée à la dureté de ce monde. Le visage de la déesse fut contrarié, véritablement. En quelques sortes, du moins, car elle avait une existence hors du commun.

« Les choses se passent toujours de façon précise, je ne te mentirai pas... Un jour, tu ne seras plus rien, Irène. Les paroles étaient dures, mais au moins sincères. C'était ce qui comptait. Les choses sont inéluctables, mon essence - mon âme et mes pouvoirs - supplanteront ce qui te définit pour prendre ta place, me permettant une renaissance complète dans ton corps. Jusque là, nous serons des alliés, peut-être des amies... Je ne t'ai pas choisie, cela... on appelle cela le destin. L'avenir de tout ton être ne dépendra que de toi, toi seule. Je t'ai donné quelques uns de mes noms, mais nous en avons connus d'autres et l'un d'eux fut Boadicée, Reine des Iceni. Cette reine guerrière fut prodigieuse, grâce à mes talents ; je ne sais que trop bien ce qu'on t'a prédit... mais crois-tu qu'une prédiction fonctionne, quand ton destin est tant chamboulé ? Peut-être ne seras-tu plus jamais reine, ma douce enfant, alors visons plus haut... afin que ton âme s'éteigne dans la gloire.

Ce jour là, le destin de Irène avait tant changé... Ici, en Grèce, elle n'était pas seule : sa demi-soeur Flore l'avait accompagnée pour la soutenir dans cette épreuve. Elle vivait avec elle, dans son palais et l'accompagnait quasiment partout. Pourtant, elle ne lui parla de rien malgré que Flore fut présente à ses côtés, le jour de son accouchement, lui tenant la main. Les deux femmes étaient proches, le destin n'avait que pu les rapprocher. Toutes deux filles d'un père peu aimant, qui voyait plus son ambition le rongeait que l'amour. L'une légitime, l'autre bâtarde, mais le destin avait jeté une malédiction compliquée : la lycanthropie pour l'une et l'autre se voyait affublée d'une seconde entité en elle.

Elle s'était faite une place à la cour de Grèce, mais son destin tourna rapidement aux deux ans de son fils. De plus en plus proche de l'entité qui vivait en elle, elle dut faire face au décès de son époux... puis à son éviction et à son retour en Espagne. Cela s'était déroulé sur quelques mois seulement et face à son père, elle n'avait pu que bien peu rétorquer. Sa majesté la reine déchue, car elle demeurait reine, aujourd'hui encore et détenait un douaire important, que son mari avait entièrement légué à sa femme - avec quelques demeures grecques. En réalité, elle aurait pu s'y réfugier, mais son amie divine lui avait intimé d'aller chez elle pour se rendre dans une nouvelle contrée.

Flore la suivit de près et elle ne disait jamais rien au sujet de ce qui lui arrivait, préférant se taire face à une telle chose... Face à leur père, les deux femmes furent comme des enfants, alors qu'il décrétait l'envoi de Irène en Angleterre, pour être l'ambassadrice du roi d'Espagne. Irène décida que sa soeur la suivrait de nouveau, mais son père, cette fois, ordonna à quelqu'un de la surveiller car c'était vers là-bas, en Écosse plus précisément, qu'il était né.

L'Angleterre était un pays merveilleux. Une contrée florissante, mais qui se targuait un peu trop de certaines choses. Irène, en sachant l'histoire de l'être qui vivait dans son corps, riait des origines de la famille royale précédente : descendante du premier sorcier ? Cela était peu probable, mais chacun forgeait son histoire comme il le désirait.
Afin d'être plus ancrée ici-bas, Irène décida de s'intéresser à Poudlard, devenant professeure de malédiction et de médicomagie. C'était des disciplines compliquées, mais grâce à tout ce qu'elle avait appris de l'entité qui vivait avec elle, Irène n'eut aucun mal à gagner son poste auprès de Rowena Serdaigle. Dès lors, un nouveau jeu débuta.

Assise à son bureau, Irène lisait un livre sur les différentes mythologies du monde. Elle connaissait quelques vies de "Neith", mais voulait en savoir plus, sur les mythes liés à ses différentes identités. Neith se manifesta.

« Neith, c'était un nom qui faisait se soulever les foules de Saïs. Ton livre est intéressant, mais incomplet, de toute évidence... Il ne parle que du côté divin, jamais de ce que j'ai fais avant tout ceci. Je suis née aux alentours de Saïs, dans une petite chaumière. Cela va peut-être t'étonner, mais je suis une sang-mêlée. La vérité, c'est que ces termes sont assez récents... On ne faisait pas de distinction, on parlait surtout des grandes lignées et c'était cela qui importait... Mais, à force d'acharnement et de beaucoup d'entraînement, je me suis élevé et j'ai été vénérée. Pas que par les sorciers, mais aussi par les mortels. Puis... Isis est arrivée : elle avait de grands talents, alors, quand elle a prié à mon temple, je l'ai aidé... Et elle m'a supplanté, jusqu'à ce que je resurgisse en tant qu'Ishtar. Quand j'ai senti mon heure venir, j'ai lié mon essence, mon âme et mes pouvoirs, à un pendentif ! Cela pourrait ressembler à un horcruxe, mais c'était bien différent... Je me suis endormi pour quelques temps.
- L'histoire de ta vie, l'originale, c'est celle-là ?
- Oui, l'originale, reprit la déesse. - Même si j'avais toujours la même personnalité, la même âme et les mêmes pouvoirs, je n'avais plus le même corps. Mon identité changeait, car c'était nécessaire. Il ne sera pas utile de toutes les évoquer maintenant, c'est encore trop tôt, mais retiens toujours cela... La religion ne te donnera jamais plus de pouvoir, ce n'est pas ça qui fait tout. J'ai vaincu les années mêmes, j'ai marqué le temps, car je suis revenu tant de fois... Comme tu l'as compris, ce n'est que les plus marquants : je fus autrefois Boadicée, reine-guerrière. Pour être exacte... Ce fut un de mes réceptacles, que j'ai aidé à s'élever puis j'ai pris le contrôle de son corps, le moment venu.
- Pourquoi reviens-tu, tout le temps ? Pourquoi faire tout cela ? demanda Irène, la question trottant dans son esprit.
- Je reviens car j'aime ce monde, mais si je me bats autant que cela, c'est car je crains ne pas être la seule encore en vie. Je suis la seule à avoir traversée le temps d'une telle façon, c'est un fait. Mais un autre dieu a survécu, grâce aux horcruxes. Et je le soupçonne d'avoir lui-même été Herpo l'Infâme et d'autres figures »

Irène acquiesça la tête. Ce ne fut pas la seule fois qu'elle discuta avec la femme, antique à tout point de vu, mais récemment, la discussion fut bien plus compliquée.

« J'ai toléré toutes ses fuites, lorsque nous étions en Espagne ! Ta demi-soeur est un fardeau,  tu es proche d'elle et il va falloir que tu la convainques de suivre nos plans. Elle s'est rapprochée d'un noble, elle ferait une excellente promise pour ce dernier. Tu as le pouvoir de les fiancer et de faire ces négociations ; alors fais-le ou ça sera moi, bien moins doucement. C'est une bâtarde, mais une bâtarde royale, son père est le roi d'Espagne et après toi, elle est le meilleure parti qui soit.
- Je ne sais toujours pas à quoi elle servira réellement, tu ne m'as rien dit sur ton "plan", alors pourquoi accepterais-je ?
- L'unification, c'est cela que je recherche. Je n'ai rien à faire de ce petit royaume et de ces petites îles, il y a plus grand à trouver, ailleurs. Pour cela, tu auras besoin de soutien, de pouvoir et de légitimité, en plus de ton sang à toi.»

Elle ne devait pas se laisser faire et devait continuer à se battre, pour tout ce qui allait arriver. L'ambassadrice espagnole comptait bien jouer ses cartes.

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