J'ai soif. Ca fait deux jours que je n'ai pas saigné quelqu'un, la faute à ces foutus chasseurs de vampires qui ont sillonné toute la ville ces derniers jours. Je n'ai pas pu aller chasser, le risque de me faire prendre était trop grand, même si ces minables mortels n'ont aucune chance contre moi, ils étaient trop nombreux. Ce soir, la menace était levée, et j'allais enfin pouvoir boire. Je me suis préparée pour sortir dans une de ces tavernes de pauvres, le Drunk Broom. Habillée d'une robe simple bleue nuit, cintrée et épousant mon corps à la perfection, je fais sensation, comme d'habitude. Je laisse mes cheveux blonds lâchés sur mes épaules. Ils tombent jusqu'à mes reins en une soyeuse cascade dorée.
Je fais une entrée remarquée dans cette taverne de bas étage, et parcours la foule des yeux. Je ne vois absolument rien intéressante : les personnes amassées dans cette pièce malodorante sont soit laides, soit occupées, soit trop bourrées pour être de bonnes gourdes. Quand je bois une personne qui a trop bue, je récupère tout son taux d'alcoolémie.
Puis, mes yeux tombent sur un jeune homme bruns attablé seul devant une Bièrreaubeurre. Je le vois me regarder, se pensant sans aucun doute discret, puis m'avance vers lui en slalomant entre les tables. J'en profite pour rouler des hanches, histoire d'attiser son désir, puis m'approche de sa table en souriant :

- Bonsoir. C'est la seule table qui ait encore des places, ça vous dérangerait que je m'assois ici ?

Après qu'il ait accepté, je fais mine d'être gênée, puis le regarde par dessous mes cils et commence à parler :

- J'attends un ami, mais... Je crois qu'il ne viendra pas. Je ne sais pas quoi faire, je n'ai pas vraiment l'habitude des tavernes ...

Je fais une moue timide et séductrice, le tout en même temps. J'ai de l'experience, que voulez-vous ! Aucun homme n'est capable de résister à cette moue. J'ai l'air tellement faible, les hommes ont tout de suite l'envie de me protéger. C'est tellement drôle ! Ils ne savent pas qu'en réalité, je suis bien plus forte qu'eux. Enfin, ils finissent par s'en rendre compte. Juste avant de mourir sous mes crocs.
Je regarde à nouveau le brun par dessous mes cils. J'ai soif, et celui là me ferait un excellent casse-croûte, en plus d'être mignon. Peut-être que je me ferais un peu plaisir, avant de le boire.

Mon futur repas me propose à boire, et j'accepte une Bierreaubeurre. Même si les aliments mortels ont pour moi le goût de la terre, je me force à en consommer, sinon ça deviendrait vite suspect.

- Vous avez eu de la chance de me rencontrer alors, les tavernes comme celles-ci ne sont pas recommandables pour une aussi jolie Dame.

Je retiens un sourire méprisant. Pauvre casse-croûte, s'il savait ce que j'étais réellement ! Les tavernes comme celle-ci sont parfaites pour moi, j'y trouve des repas rapides et faibles, comme lui. Mais bon, comme tous les hommes, il se fie à mon apparence faible et innocente, et tente de me protéger. Comme c'est mignon.
Son regard glisse sur mon corps, et je souris, innocemment. Parfait, continue comme ça petit mortel.

- Votre visage ne m'est pas familier, c'est la première fois que vous venez ici ? Sinon, je vous aurai remarqué, cela va de soi. Une aussi jolie femme ne passe pas inaperçue.

Je le regarde à nouveau par dessous mes cils et réponds doucement :

- En effet, je ne suis pas familière de ce type d'endroit. Comme vous l'avez dit, ces tavernes ne sont pas très recommandables pour une Dame. J'évite d'y aller le plus possible.


Je saisis une mèche de mes cheveux blonds et joue avec distraitement. Je vois les autres mortels autour de nous me regarder, et j'entends quelques quolibets, mais je garde mes yeux fixés sur ma proie. J'ai soif.

- Je m'appelle Aegon. Et vous, quel charmant prénom habile ce délicat visage ?

Mais visiblement, l'heure de boire n'est pas arrivée. Je réponds en souriant :

- Je me nomme Blanche.

Puis je baisse aussitôt les cils. Pour accélérer un tant soit peu les choses, je décide de prendre les questions en main :

- Et vous, vous ne m'avez pas dit ce que vous faisiez là. Vous avez l'air d'être un habitué de cette taverne...

Innocemment, je porte ma main à ma poitrine, jouant avec le collier qui y repose.

Le mortel me complimente sur mon prénom. Cela me va à ravir, n'est-ce pas ? Oh, mais il ne sait pas encore à quel point ! Je suis aussi Blanche que son sang est rouge ... Penser à son sang me fait monter l'eau à la bouche. Je le regarde avec avidité boire une gorgée avant de lui poser une nouvelle question. A laquelle il répond avec un sourire malicieux.

- Oh oui, je suis un habitué mais vous savez, il y a du bon d'être un habitué. Le patron sait parfaitement comment j'aime ma bierreaubeurre et je reconnais chaque visage. Il y a tant d'histoire à écrire avec toutes ces nouvelles personnes, c'est presque trop !

Hurmph, je m'en moque ! J'ai juste soif ! Je ne veux pas savoir ce qu'il boit, pourquoi il boit, je veux le tuer ! Heureusement, j'ai eu la bonne idée de baisser la main sur mon décolleté pour attraper mon collier et donc attirer le regard du jeune homme sur ma poitrine.

- Il est beau votre... collier. J'aimerais beaucoup le voir d'un peu plus près, si cela vous tente ?

Oh. Oh, oui, ça me tente ! Je souris victorieusement, avant de me reprendre et le changer en sourire aguicheur. Je lui tends mon collier et me penche au-dessus de la table, dévoilant mon décolleté.

- Bien sûr ! Tenez.

Le collier en or pur est équipé d'une améthyste taillée en forme de Y. Je tiens ce collier de Gautier, qui me l'avait offert pour mes 20 ans de vie de vampire. Le Y est l'initiale de mon prénom d'origine, Yseult. Mais bien sûr, jamais je ne révélerais ce détail au mortel en face de moi. S'il demande, je dirais que c'est l'initiale de ma mère, ou quelque chose comme ça.
Je soupire en me reculant, et récupère la mèche que je triturais depuis un moment. Il va falloir que je change de mèche, moi, celle-ci va finir en paille. Je lance un nouveau regard par dessous mes cils, aguicheur comme toujours. Je ne veux pas qu'il parle, me pose des questions ou me donne des informations sur lui.
Tout ce que je veux pour l'instant, c'est l'isoler dans une chambre pour que personne ne l'entende crier.

Enfin ! Le cœur de ma proie accélère, et je le regarde fixement alors qu'il se mord les lèvres. Mes canines me font mal tellement j'ai soif. Je réponds d'un sourire entendu quand il propose de s'éclipser. Oui, je veux ! J'attends qu'il termine sa Bierreaubeurre, puis il m'indique la route et je me lève gracieusement. Mes yeux prennent un reflet rouge l'espace d'un instant, mais tellement fugace que personne ne peut rien remarquer, à moins de me regarder dans les yeux à cet instant précis.
Je suis le mortel dans sa chambre, suffisamment reculée pour que personne ne l'entende hurler. Et puis, vu les cris que j'entends d'une chambre voisine, personne ne se doutera qu'il hurle de douleur, et non pas de désir.
Une fois dans la chambre, je ferme la porte à clé derrière nous et m'approche d'un pas aguicheur de ma proie. Soudainement séductrice, je lui souris en passant ma langue sur mes lèvres. Finalement, je ne vais pas boire tout de suite, j'ai envie de m'amuser un peu. Collée contre lui, je commence à l'embrasser, et lui enlève ses vêtements tout doucement. Je suis douée à ce jeu là, et puis en tant que vampire je suis beaucoup plus endurante qu'une mortelle. Le petit veinard va passer la meilleure nuit de sa vie ! Enfin, jusqu'à ce que je le boive ...

Hum, je dois avouer que le mortel se débrouille bien ... Je le laisse s'amuser un moment, puis, une fois qu'il a finit, je le repousse sur le lit, à mes côtés. Sensuelle, je me colle à lui avant de lui grimper dessus. Je passe mes mains sur son torse, lentement, et me penche pour l'embrasser. Je pose une multitude de baisers sur ses lèvres, puis descend sur sa joue, sa mâchoire pour finalement arriver sur son cou. Là ... Que le vrai spectacle commence ...
J'ouvre la bouche, lèche son cou pour lui faire croire que tout va bien, et plante mes crocs dans la chair tendre.
Enfin.
Le sang afflue, et je gémis de plaisir. Dans mon empressement à boire enfin à la source, j'oublie de l'immobiliser.
Erreur que je ne commets jamais habituellement.