Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

A l’anjorner, l'obscurité fit place à la lumière et le silence de la nuit fut remplacé par le chant des oiseaux. L'enfant, pourtant, venait juste de réussir à s'endormir.
L'homme la regardait, la fatigue dans le regard. Elle avait pleuré toute la nuit en enchaînant les cauchemars. Mais quoi de plus normal?
Elle avait vu sa mère se faire assassiné sous ses yeux par l'homme qu'elle croyait être son père. Déjà que pour une personne adulte, c'était un choc...Alors imaginez le ressenti de cette petite fille.

Quant à lui, il était arrivé trop tard. Il avait senti quelque chose, l'odeur du sang humain dans la forêt. Quelque chose n'était pas normal...Puis, sous l'odeur de fer de l’hémoglobine, il avait senti le parfum de celle qu'il aimait. Une des rares humaines qu'il aimait... Et celle de sa fille.
Dans l'urgence, alors, il avait quitté la meute pour se retrouver sur les lieux du drame. Caennar eu juste le temps de voir le cœur d'Alaina transpercer par une flèche. Sans pouvoir contenir la rage et la haine qu'il ressentait, l'alpha s'était fait une mission d'occire Baile Ackerman. Une fois sa tâche accomplie, il avait trouvé sous le corps d'Alaina, la petite Noreen - recroquevillée et traumatisée - avait une plaie ouverte sur l'avant-bras. Elle s'était transformée devant les yeux de son "père" qui eu compris qu'il ne partageait aucun lien de sang avec la petite louve.
En reprenant forme humaine, Noreen avait vu sa mère être tuée.

Il l'avait ramenée au camp. S'était expliqué sur la présence de l'enfant et qui elle était vis-à-vis de lui. Il du affronter le regard choqué et empli de reproches de sa femme avant de décider de soigner et de veiller sur Noreen qui se retrouvait dans un endroit inconnu et hantée par des souvenirs horribles.

Retenant un bâillement, Caennar se tourna vers la porte d'entrée où il repéra une silhouette familière. Sa nièce et "fille adoptive". Vu l'heure, il était temps de préparer le petit-déjeuner. Noreen en aurait besoin. Il fit signe à la petite à la porte pour qu'elle surveille l'enfant endormie. Il restait de la poularde. Une fois qu'il eu donné ses directives, il parti.

Quelques instants plus tard, Noreen commença à s'agiter dans son sommeil.

Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

Un bruit de sifflement lui frôla les oreilles avant qu'une masse s'abatte sur elle. Elle était terrifiée. Tremblantes, ses mains entrèrent en contact avec un tissu familier qu'elle frôla d'un bout des doigts quand ils entrèrent en contact avec quelque chose. Paralysée. Sa main commença à trembler sous le toucher... Ce qu'elle sentait, c'était liquide, opaque,chaud...Collant. Elle porta sa main devant ses yeux...Elle était recouverte de rouge, du sang.
Son regard se releva, des cheveux lui chatouillant le nez, et croisa celui de Baile Ackerman, l'homme qu'elle cru être son père. Il la visait avec une flèche...Tandis qu'une autre ressortait du dos de sa mère. Au niveau du cœur. Quand ses yeux valsèrent sur l'objet et la blessure. Son souffle se coupa.

Et elle hurla.

Dans un cri, elle se réveilla. Sans s'en rendre compte, la petite fille à côté d'elle sursauta mais elle entreprit des gestes et des paroles se voulant rassurants. « Hey, hey… tout va bien, tu es dans les bois. Tu es chez toi, on ne va pas te faire de mal, t’es avec ta meute. » Ses yeux partaient dans tout les côtés, dans l'espoir de se raccrocher à quelque chose de familier. Puis son regard s'encra dans celui de la petite. Où....Où....est ma maman? Voulut-elle dire sans réussir à formuler une phrase cohérente.

Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

Tremblante et terrifiée, l'enfant s'était tendue quand la pression d'un corps se fit contre le sien. Son cauchemars l'avait traumatisée et le souvenirs onirique de ce poids sur elle revint en sa mémoire.
Pourtant, sentant des prises et des caresses apaisantes Noreen consentis à se détendre quand son instinct l'informa qu'il n'y avait plus de danger...Plus de danger? Comment ça plus de danger? Qu'est-ce que ça voulait dire? Elle essaya de se remémorer les dernières heures mais n'y arrivait pas. Et où étaient ses parents? Où était sa mère? « Tu veux manger ? Il reste de la poularde. Sinon je peux te faire visiter la forêt un peu. Tu verras, c’est le plus bel endroit au monde. On est chez nous. Personne ne va te faire du mal. » Comment ça "chez nous"?Demanda-t'elle. Elle, elle vivait dans le village à l'orée de la forêt... Qu'est-ce qu'elle faisait ici? Il est où Caenar? Le seul à qui elle pouvait encore se raccrocher.

Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

Sa vie avait pris un sacré tournant. Un de ceux dont on se remettait rarement ou avec difficulté. La veille, elle vivait dans un village avec son clan de marins et de navigateurs et, aujourd'hui, elle se réveillait dans une sorte de petit village perdu dans la forêt. « Ton papa est avec ma maman. Je crois qu’ils discutent pour te faire une potion pour t’aider à dormir. Je m’appelle Madadh-Allaidh, on m’appelle Mada souvent, je suis ta cousine. Ma maman c’est la sœur de Caenar. Chez nous… C’est la meute. On est une meute de loup garou. Caenar t’a sauvé parce que ton géniteur te voulait du mal… Je suis désolée… » Hein quoi?! Deux secondes! Noreen était complètement perdue. En revanche, elle savait autre chose. Baile Ackerman n'était pas mon père. Quelle sorte de père banderait son arc vers sa propre fille après avoir tué son épouse? Cet homme n'avait de père que le titre.

Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

La gamine à ses côtés la regardait comme une bête curieuse. Ou, plutôt, comme si elle venait de dire une énormité.« Bah non, ton papa c’est Caenar. Tu lui ressembles d’ailleurs. Tu veux te lever ? Manger ? Ça te ferait du bien. T’es toute maigre. »Tu t'es regardée? Encore une enfant mais un sens de la répartie déjà bien incisif! Jusqu'à récemment, elle croyait que Baile Ackerman était son père. Pour elle, Caenar était simplement un lycan de la forêt qui était venu aider une mère et sa fille qui était atteinte de la malédiction des loups. Je n'ai pas faim. La nuit avant, Noreen venait de voir sa propre mère se faire tué. Pas étonnant que l'appétit lui manque. Voulant s'aérer l'esprit- et surtout - ne pas souffrir du manque de tact de la gamine, Noreen se leva dans l'optique de sortir.

Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

D'abord peu assurée sur ses jambes, Noreen parvint à sortir de la hutte toute seule. Quand ses pieds entrèrent en contact avec l'herbe et la terre fraîches, elle soupira. Comme en communion avec la nature.

« Viens, on va se laver, on en a toutes les deux bien besoin. » Elle n'eu même pas le temps de réaliser - ni même de crier de surprise - qu'elle se fit entraîner dans la forêt. Les deux enfants finirent devant un lac.


Le reflet du soleil se levant se reflétait déjà sur l'étendue d'eau tandis qu'elle vit l'enfant à ses côtés retirer ses vêtements. « Tu viens ? On va se laver toutes les deux ! Ça nous fera du bien. Et après je te montrerais un peu la forêt. Mais rien qu’un peu. Sinon tu vas te perdre. » Elle hésita. Elle n'était pas spécialement pudique mais se mettre nue devant quelqu'un était gênant. « Viens ! Elle est fraîche juste ce qu’il faut ! » Elle revint à elle en observant la main trempée tendue vers elle. Depuis quand avait-elle plongé dans l'eau. Noreen baissa son regard sur elle-même et tressailli en voyant sa chemise de nuit blanche tâchée de poussière et de sang séché. Le sien...Mélangé à ceux de son "père"...Et de sa mère. Dégoûtée par le spectacle et effrayée par les souvenirs revenant en pleine face, Noreen la retira avant de sauter sans précaution dans l'eau tiède - plus froide que tiède mais elle n'était pas gelée - et se senti comme nettoyée par la fraîcheur qui l'enlaçait. Elle coula jusqu'au fond et resta assise dans le mélange de boue et de feuille qui s'enlaçaient dans le fond. Noreen n'avait pas de problème à rester ainsi. Elle avait appris à nager et à retenir sa respiration. Les Ackerman étaient des marins. Elle avait su conduire un bateau et être à l'aise dans l'eau avant l'âge recommandé.

Rien ne vaut une amie sinon une sœur.

▿ ⬘ ▴ ◈ ▾ ⬙ ▵

Enveloppée dans l'étreinte de l'eau, Noreen se senti purifiée de la scène dont elle avait été témoin.
Il y a des choses, en ce monde, qui ne devrait jamais existé.
Parmi elles: un parent ne devrait jamais avoir à enterrer son enfant et...Un enfant ne devrait jamais voir un de ses parents mourir devant ses yeux.
L'enfant qu'elle était ce soir-là en avait été témoin.
Sa mère, transpercée d'une flèche décochée par son propre "père"; s'était écroulée à ses pieds, sans vie. Désormais, sa seule consolation serait de savoir que cette dernière n'avait pas souffert et que Baile aie eu la "pitié" de viser juste.


Noreen revint brutalement au présent quand Madadh la tira des profondeurs du lac de force et se laissa faire quand sa nouvelle camarade entreprit d'arranger sa tignasse en pagaille à cause du vent, de la terre et de l'eau.« Bouge pas ! Je reviens ! » Bougez? Pour aller où? Elle n'avait nul part où aller. Retourner chez les Ackerman? La famille de cette ordure qui a voulu la tuer alors que, quelques minutes plus tôt, il la considérait encore comme sa fille?
Si lui avait fait ça, qu'est-ce que le reste du clan allait pouvoir lui faire en apprenant qu'elle n'avait rien d'Ackerman? Elle était une louve, une bâtarde née des amours d'un lycan et d'une villageoise. « Habille-toi vite ! On va aller faire un peu le tour dans la forêt ! Tu vas voir y a pleins de truc à voir ! »

Elle se retourna et vit que Madadh était revenue et lui avait accroché une chemise et un pantalon de rechange sur une branche. Se rendant compte que la chaleur douce l'avait entièrement séchée, à l'exception de son imposante chevelure rousse, Noreen entreprit de s'habiller. Un pantalon. Son père trouvait cet attribut beaucoup trop masculin et aurait piqué une crise si elle avait eu l'audace d'apparaître, même dans le cercle privé familial, dans cette tenue.

Alors, c'est avec plaisir qu'elle l'enfila.