Quand on pense que le passé est derrière soi, plus accepté et moins douloureux. On se rend compte par moment que c'est loin d'être le cas. Ce n'est juste qu'une fausse illusion d'un désir bien présent dans le cœur, mais impossible d'avancer et de voir de l'avant. Quand il s'agit d'un premier amour déçu qui nous a brisé totalement, les choses nous semblent irréalisable. Malgré son mariage, Ceridwen a dû se rendre à l'évidence. Faux sourire, de réelles intentions et d'effort pour aimer un homme qui pourtant le méritait. Néanmoins, la jeune femme ne pouvait et ne voulait pas oublier ce regard et ce sourire qui comblaient son esprit autant délicieusement qu'odieusement. L'ancienne Serpentard avait beau offrir cet aspect fort qu'on lui connaissait, mais au final, quand on grattait la surface, on devait bien se rendre à l'évidence. La sorcière est d'une fragilité insoupçonnable, émotive et sensible. Des caractéristiques, qu'elle dissimulait au quotidien pour que personne ne sache ce qui se trame au fond de son cœur. Mais vous savez, quand les mauvaises langues parlent derrière vous tout en se doutant que vous entendez leur médisance. Forcément, cela blesse et rend plus misérable encore. Sur l'instant, ce n'est qu'un regard froid et une attitude noble qui ressortent de l'être entier de Ceridwen. Elle avance droite et fière faisant semblant de ne rien avoir entendu, mais ce regard, digne d'un serpent, est bien présent sur son visage. Il voulait tout simplement dire, un jour où l'autre, je vous aurais.

La vengeance est un plat qui se mange froid et c'est une loi à laquelle elle s'y tenait. Heureusement, cependant, que Ceridwen a été entourée d'amis, d'un mari compréhensif et de sa musique. Sans cela, sans doute, se serait-elle perdu dans une folie petit à petit. Son cœur a été déchiré, son honneur bafoué et son orgueil complètement éparpillé en un millier de morceaux que la sorcière a bien eu dû mal à recoller avec le temps.

Fortement et peut-être un peu naïvement, la sorcière pensait qu'elle avait réussi à prendre le dessus sur tout cela. La mort de son époux ne la laissa guère de marbre. Ce fut un homme gentil, aimant et toujours au petit soin avec elle. Ceridwen n'a guère manqué de dévouement envers lui. Après tout, là où personne ne voulait d'elle, lui s'était présenté sûr et sincère dans sa demande. Ceridwen avait juré d'être loyal et de prendre soin de lui. La sorcière la fait malgré toutes les difficultés que cela avait impliquées autant moral que physique. Elle n'a jamais cessé un seul instant jusqu'à la mort de cet homme de valeur qui l'a profondément aimé. Ceridwen ne pouvait pas avoir plus que de l'affection pour lui. C'était déjà beaucoup parce que son cœur lui, s'entêtait à appartenir à un homme qui l'a délaissé du jour au lendemain par peur de l'engagement et l'envie de voyage. Dans son amour envers lui, la sorcière l'aurait suivi se fichant bien de comment et de quoi ils auraient vécu. Mais il est parti.

Jamais, la sorcière ne pensait pas le revoir en tout cas, pas avant d'avoir voulu et accepté le bonheur. Mais voilà que Poudlard lui a donné une occasion de refaire face à ce dernier. Aelfric Londubat. Celui qui a tout gagné d'elle, mais qui a également tout brisé en elle. A-t-il simplement remarqué, ne serait-ce qu'un jour, que Ceridwen éprouvait plus qu'une amitié pour lui ? Qu'elle ne voyait pas ce mariage arrangé comme un simple devoir, mais une réelle envie d'unir sa vie à la sienne ? Non, bien sûr que non. Trop gamin, trop entêté et trop désireux d'aventures. Aelfric n'a jamais été en accord avec les traditions de sa famille, il a toujours été un esprit libre et indomptable. Une chose qui a toujours plu à Ceridwen qui se devait être une bonne demoiselle de sa condition.

Observant le lac des sirènes, la sorcière esquisse un sourire. Comme elle aimerait s'y perdre. Y plonger dans une bulle sécuritaire loin de toute cette douleur qui s'ancre et poignarde un peu plus son cœur. Portant sa flûte à ses lèvres, elle se met à jouer parce que c'est ce qui l'a guérit le mieux. De ses enchantements, elle fait naître comme un petit orchestre. C'est comme si elle n'était pas seule. C'est d'autant plus sublime que l'eau prend des formes de nymphes et d'un pan séducteur jouant et voulant entraîner ces belles dans une danse infinie et sans défaut.

Ceridwen tente d'oublier ne serait-ce que pour le temps de cette mélodie ce qui alourdit son cœur encore et un peu plus. Voir ce visage qu'elle a tant détesté et aimé à la fois ne l'a pas laissé de marbre même si celle-ci a passé son temps à agir comme la noble qu'elle est. Digne et fière. Froide sans aucun doute, l'évitant le plus possible parce qu'elle sait au plus profond d'elle que combattre devant lui serait vain. Ceridwen doit bien prendre le dessus après tout, les voilà collègues dans un lieu que la jeune femme apprécie particulièrement depuis ses premiers pas dans cette école. Elle y a tant appris et tant vécu. Un endroit hors du temps qui lui a permis d'être la personne qu'elle souhaitait. Encouragée et sûre de son avenir. Lorsqu'elle fut prête à entrer dans cette vie qui lui tendait les bras, tout s'est écroulé comme un château de cartes et depuis ce jour, la sorcière n'a eu de cesse de verser de larmes et de fermer son cœur à la simple notion de bonheur.

Soudainement, Ceridwen sent qu'on l'observe, mais elle poursuit jusqu'à la dernière note. Une fois celle-ci jouée, l'enchantement disparaît et les formes de l'eau rejoignent l'immensité sombre et mystérieux du lac.

Lorsqu'elle tourne la tête, toujours assise sur l'herbe, elle fait face à son passé. Cette fois-ci, plus d'échappatoire possible. Il est temps pour Ceridwen de combattre voir peut-être de partager ce mal-être qui ne l'a jamais quitté depuis son départ. Mais elle peine à prononcer un seul mot. Comme si sa voix refusait de se faire entendre et de ses lèvres de bouger. Il lui fallu un instant avant d'en trouver la force. « Bonjour Aelfric. » Parvint-elle à dire plus froidement qu'elle ne l'aurait cru cependant. Mais c'est une âme et un cœur meurtris qui s'adresse au sorcier. « Comment vas-tu ? » Autant amorcer une conversation comme il se doit même si la froideur d'une voix s'élève toujours de la bouche finement dessinée de la jeune femme, mais c'est pour mieux dissimuler une douleur présente constamment.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR gentleheart & Shiya