L’hiver étendait son ombre comme les branches d’un arbre qui, jour après jour, se développaient dans l’air. À mesure que les mois s’écoulaient pour se rapprocher de la fin de l’année, les journées devenaient de plus en plus courtes et la nuit entravait le jour de plus en plus tôt, pour que seuls les ténèbres demeurent présents. Les températures descendaient et la soierie qu’elle portait changeait avec, pour arborer les fourrures les plus épaisses, celles soignées et teintées de couleurs hivernales qui allaient parfaitement avec celles de sa maison. De toute temps, le bleu royal avait toujours été sa couleur favorite, l’arborant avec fierté. Loin d’être terne, cette couleur contrastait avec la noirceur de ses cheveux, d’un brun extrêmement foncé. Aujourd’hui, alors qu’une fine poussière lunaire était tombée du ciel le matin même, la jeune femme ne faisait pas exception ; elle arborait comme toujours son collier de perles et une robe plus épaisse, plus chaude. La journée de cours fut rapide, se déroulant à merveille pour celle qui arborait le doux nom de Serdaigle - un nom plein de prestige. Elle s’était rapidement débarrassée de ses affaires pour se rendre dans la forêt qui entourait le château, ne pouvant se permettre de s’y retrouver seule trop tard : les convenances, voilà quelque chose qu’elle respectait par dessus tout, ne souhaitant pas se retrouver dans une situation qui mettrait à mal sa réputation - et qui pourrait de fait décevoir sa mère. Mais elle avait besoin d’une part de solitude pour se retrouver, surtout depuis qu’elle avait tenté (et réussit) le rituel pour devenir une animagus. C’était Godric Gryffondor lui-même qui l’avait poussé à se lancer dans le rituel et son aide, son soutien, lui avait été précieux pour prendre conscience du fait qu’elle pouvait y parvenir, qu’elle en avait amplement la capacité, qu’elle avait les mêmes facilités que sa mère. Il avait eu raison, car elle y était parvenue et l’animal en lequel était changé fut une chouette, créature ailée réputée pour son intelligence, symbole de la sagesse. Cela avait été dépaysant de se changer en cet animal, elle s’attendait presque à quelque chose de plus classique, presque un furet, un animal terrestre car elle savait pertinemment que les animaux allés étaient plus rares à la transformation. Mais en connaissant ce que pouvait représenter l’animal, il semblait globalement lui convenir et elle remerciait intérieurement l’ami de sa mère, l’un des quatre fondateurs, de l’avoir poussé à se consacrer à cet entraînement.

Alors cette journée d’entraînement serait une nouvelle fois centrée sur la maîtrise de son côté animale, elle avait déjà volé auparavant et y était parvenu après un temps d’adaptation. Revenir sous sa forme animale, après tout cela, fut une nouvelle épreuve qu’elle surmonta avec grâce ; car elle gardait la tête haute. Dans la forêt, elle avait pendant quelques minutes enchaîné les transformations puis avait caché sa baguette dans un coin, pour s’envoler et faire des ronds dans le ciel ; cependant, c’est au son aigu d’un animal qui fendait l’air que la situation s’était tendue. Irréelle. La situation l’était, car elle s’était rapidement retrouvée à faire des vols dans les airs pour échapper au prédateur. Pendant un instant, l’innocence avait ressurgi et s’était emparée de son esprit de liberté, inconsciente, elle était allé trop haut. Pour échapper à l’aigle, elle avait foncé vers la forêt et les branches l’avaient attaquée, une de ses pattes semblait plus que tout amochée. Perché dans une clairière sur un rocher, sous sa forme, son cri retentissait. Même dans l’intelligence, l’innocence, l’envie de liberté, pouvait exister et c’était arrivé. Plusieurs temps à attendre, à hululer, comme un réflexe alors qu’elle attendait juste de reprendre des forces dans la forêt alors que le soleil, auparavant à son zénith, descendait. Ses rayons, déjà faibles avec l’hiver qui arrivait, se faisaient moins présent et la lueur devenait pâle, presque inexistante. L’arrivée d’un homme aux cheveux bouclés et blonds, changea la donne. Il s’était posé à côté d’elle, de son air noble. Il avait tenté de la prendre dans ses bras mais d’un nouveau réflexe, Helena avait tenté de lui picorer le doigt - un simple pincement. Elle ne referait pas la même erreur, elle n’était pas femme à reproduire ses erreurs et apprenait avec rapidité ; la chouette, même née sorcière, devait se déplacer dans la nuit, comme le voulait son espèce. D’un petit bond, la chouette s’était avancée de nouveau vers l’homme, mais sans être trop proche non plus. Sa patte avait du sang séché, signe que cela ne datait pas des dix dernières minutes.