La matinée est si claire. Jeune, mais encore fraîche de cet automne naissant. La jeune Gryffondor ne souhaitait pas rester enfermée dans le château. La nuit lui a été si courte de par les songes qu'elle a pu avoir. Des visions que Morphée laisse passer dans son monde endormi. Lasse de ne pouvoir parfois trouver le repos, la jeune fille préfère opter pour une promenade à cheval, non loin de la forêt. Sans doute, apercevra-t-elle des sombrals. Ils se font si timides au regard des hommes que ces derniers sont incapables de les distinguer. Sauf peut-être ayant vu et connu la mort. Jewel ne côtoie que cela dans ses visions, mais la première fois où elle a pu réellement voir un sombral, ce fut lorsqu'elle vit la mort de son frère dans l'une de ses visions. Encore aujourd'hui, la pauvre reste traumatisée et se sent toujours autant fautive. Mais l'est-elle réellement au fond ? Personne n'a voulu la croire parce qu'on ne peut donner crédit à une prédiction si sombre surtout pour un membre de la famille. Et même si l'esprit de son aîné s'est montré à elle pour lui dire que tout irait bien, Jewel n'en a que plus souffert encore. Il lui arrive de se réveiller, les larmes perlant sur son visage sans qu'elle puisse savoir quand et pourquoi se trouve-t-elle dans un tel état. Elle ne veut pas réfléchir davantage pour trouver une réponse si poignante et douloureuse pour son cœur si sensible et fragile.

Alors, pour combler ce chagrin, elle passe à l'écurie où un palefrenier se chargea de s'occuper du cheval de la future duchesse. Celle-ci caressa l’encolure de ce dernier, mais une note amère lui parvint. Une odeur qu'elle reconnaissait sans pouvoir réellement lui donner un nom. Elle préféra ne pas laisser son côté Serdaigle l'aventurer sur des terres qui lui paraîtront à la fois fascinantes, mais aussi terrifiantes. Non, elle se contenta de remercier le jeune homme qui devait être à peine plus âgé qu'elle, avant de monter sur la selle et de se diriger lentement vers la forêt.

Être proche de la nature, c'est comme être proche des dieux. Respirant le bon ai automnal, Jewel regardait le paysage qui défilait lentement sous son regard. Tout y était paisible, comme devrait l'être son sommeil. Mais il y a des moments où son pouvoir prend le dessus même lorsque les yeux de la jeune Gryffondor sont fermés. Elle s'y est habituée, certes, mais tout même, l'impact reste toujours le même.

Vie.
Mort.
Passé.
Présent.
Futur.

Le tout défile dans sa tête sans qu'il n'y ait de logique. Mais la voyance n'est pas ce que l'on peut qualifier ainsi. Au contraire, c'est flou, énigmatique et souvent, nous devons nous-mêmes trouver le sens de ce que l'on peut voir. Par moment, Jewel n'est que la messagère, les mots sortent de sa bouche sans qu'elle puisse faire quoi que ce soit. Elle ne fait que dire les choses et laisser le soin à l’intéressé de comprendre le sens de ses paroles si étranges.

Arrivée à destination, la jeune fille descend de son cheval pour marcher un peu. Là où elle se trouve, il n'y a pas lieux de craindre quoi que ce soit. Les terres autour de Poudlard sont sûres, grâce aux soldats. Au loin, Jewel voit une forme qui lui est à présent reconnaissable. Un sombral. Une autre se dessine, plus petite que la première. Mère et enfant sont ensembles attachés à un fil invisible jusqu'à ce que le petit soit assez grand pour se débrouiller. C'est si beau, même si la créature peut surprendre et effrayer en premier lieu. La jeune fille en reste impressionnée, mais malgré sa curiosité, elle reste à distance raisonnable pour ne pas gêner ce moment si précieux.

Cependant, l'agitation nouvelle de son cheval prend de cour la jeune lady tandis que sous son regard, les deux sombrals s'éloignent. Jewel se lève sentant bien que quelque chose ne tournait pas rond. Son instinct le lui disait autant que la nervosité des animaux et le silence des oiseaux. Son cœur battant à tout rompre cognait contre sa poitrine.

Se levant doucement, espérant que faire le moins de bruit possible la ferait passer inaperçu. Néanmoins, son cheval hennit attirant une chose si répugnante qu'effrayante.

« Une acromentule ? » Elle plaque ses mains sur sa bouche pour s'obliger à ne plus parler, mais la créature semblait déjà en faire sa nouvelle proie.

Pourquoi si proche de Poudlard ? Ce coin de forêt est pourtant, tranquille et loin de tout danger. Cette bête poilue et sombre s'est aventurée au-delà de ces frontière. Levant sa baguette, la jeune fille fit quelques sortilèges de défenses, non pour elle, mais les animaux qui semblaient attirer l'attention de cette immense araignée.

À force de reculer, Jewel trébucha sur la racine d'un arbre. La chute fut rude, mais l'émotion prit le pas. Comme muni d'un nouveau courage malgré le côté pleutre de ces animaux, le cheval de la jeune Gryffondor s'interposa. « Non ! Arrête ! » Le parfum d'amertume de plutôt n'était que celui de la mort qui entourait le cheval. Sa fin est proche, mais l'entêtement de la sorcière ne souhaitait pas que son trépas sonne. « Azur ! Va-t-en ! » Elle criait s'époumonant autant qu'elle le pouvait, mais l'acromentule se chargea si facilement du pauvre cheval.

« AZUR ! » Le cœur de la pauvre jeune fille se brisa instantanément. Qu'il soit humain ou animal, la mort d'un être lui était douloureux. Ce cheval, elle le connaissait depuis qu'elle avait 13 ans. Toujours prêt à la porter pour une promenade ou bien la faire échapper de son quotidien si lourd et morne par moment.

Le regard de la jeune fille passe du corps inerte de l'animal à l'acromentule. Elle se leva grâce au tronc de l'arbre dont la racine l'avait fait chuter pour à nouveau user de la magie pour chasser la bestiole. Elle parvint à la blesser, mais cela ne fit que rendre l'être plus en colère et affamé que jamais.

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Complètement tétanisée par l'immense créature, la jeune Gryffondor observait le corps mourant de sa monture. Hypnotisée comme si un serpent s'approchait, la jeune fille reprend alors, contact avec la réalité que lorsque qu'une autre magie que la sienne s'imposa dans la forêt. Des lierres hargneuses et défenderesses gisant du sol comme une montagne sortant du sein de la terre pour stopper la créature en colère et affamée. Comment est-ce possible qu'elle ait été si proche de Poudlard ? L'école n'était donc pas protégé ? Tant de choses passaient dans la tête de Jewel, alors qu'il n'y avait pas lieu de s'épancher sur de telles interrogations. Elle assista impuissante à ce combat titanesque et dangereux, trop effrayée et le souffle coupé pour esquisser un autre mouvement. Ô, bien sûr, elle avait fait de son mieux toute seule, mais elle restait si faible comparé aux membres de sa famille. Cette sensation de fragilité l'exaspérait au plus haut point. Pourquoi était-elle née avec si peu de force. Si elle ne pouvait protéger ce qui lui était cher avec son physique si délicat.

Choquée par ce combat, elle se rappela alors, des visions qu'elle pouvait avoir de chevaliers trépassant sur le champ de bataille ou encore la férocité du combat qu'avait mené son frère avant de se faire blesser. La mort de son autre frère. Elle avait tout vu, presque vécu l'événement au point d'en ressentir les blessures qui étaient infligées.

Puis, ce fut le silence. Comme si rien de tout cela ne s'était passé. Elle tremblait légèrement tandis que son regard passait d'Azur à cette créature qui venait de mourir sous la vivacité et la force d'un dragonnier.

« Dame Jewel ! Allez-vous bien ? Vous a-t-elle blessé ? Que s’est-il passé ? Je suis désolée de ne pas être arrivé plus vite… »

« Non... Je n'ai rien... » Répondit-elle machinalement encore sous le choc. Puis soudainement, mais avec douceur, elle s'approche de sa monture qui respirait mal. Posant une main sur l’encolure de l'animal, la jeune fille approcha sa tête de celle d'Azur. Fermant les yeux un instant, elle tentait de l'apaiser et l'accompagner durant les derniers instants de sa vie. « Tout va bien... Grâce toi... Tu peux t'en aller mon ami. » Les larmes coulaient sur ses joues sans qu'elle ne puisse rien y faire. La jeune Gryffondor était bien plus démonstrative que ses frères et sœurs, c'est ce qui la rendait si attachante, mais aussi terriblement plus fragile.

« Il est parti. » Finit-elle par avouer alors que l'animal ne respirait plus. Comme s'il avait eu besoin d'entendre la voix de sa maîtresse pour se rassurer. « C'est de ma faute... J'avais senti un étrange parfum âcre et amer quand je suis allée à l'écurie, mais... Je n'y ai pas fait plus attention. La mort l'avait déjà enlacée. » Son regard se tourne vers Henri. « Merci d'être venu à mon secours messire Andas. » Elle baisse les yeux. « Je voulais juste me promener... Voir les sombrals. »

Il n'était pas étranger à ceux qui la connaissent, qu'après avoir vu et prédit la mort d'un de ces frères et d'avoir eu une nouvelle fois la vision, la jeune Gryffondor pouvait ces étranges animaux qui ne peuvent être vu que par ceux qui ont vaincu la mort ou bien l'avoir vu. C'est le cas de la demoiselle pouvant converser avec les esprits qui ne veulent pas passer le voile. Ceux qui ont trouvé le repos, mais qui veulent laisser un message à ceux qui sont encore de ce monde.

Jusqu'à présent, elle n'a rien remarqué, mais durant sa chute, la jeune fille s'est foulé la cheville. Dans sa précipitation, le choc et son envie de dire au revoir à son ami l'équidé furent plus forts que cette douleur, mais celle-ci reste moins importante que sa tristesse. « Azur s'est interposé au moment où l'acromentule a voulu m'attaquer. Je serais probablement blessée ou morte sans son intervention... » Une nouvelle larme coule sur sa joue. « Sans la vôtre également. Je ne sais comment vous remercier. » Décidément, quand pourra-t-elle protéger au lieu d'être celle que l'on protège.

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C'est difficile pour moi de perdre Azur. Il n'était pas qu'un simple cheval, il a été également le gardien de ses secrets, un ami cher et un protecteur, et ce, depuis qu'elle a 13 ans. Comment faire maintenant pour supporter son absence ? On la dit parfois idiote de s'attacher aux animaux, mais ils sont présents sur terre parce que les dieux l'ont voulu ainsi. Pour nous apporter autre chose qu'une utilité futile. Les animaux nous paraissent bien plus fidèles que l'esprit humain, parfois incompréhensible et facilement déviant. Agenouillée près de son défunt animal et ami, Jewel continue de caresser sa tête alors, que toute vie a quitté son corps. Jusqu'à la dernière minute, il s'est sacrifié pour sauver sa vie. Là, où on dit que les chevaux sont pleutres, elle, a pu constater un immense courage de la part d'Azur, qui doit voler au-delà des nuages à présent. Il aura pour lui, un éternel terrain cotonneux pour se dégourdir et apprécier le monde d'une nouvelle manière. Auprès des dieux et sans doute, aura-t-il pour cavalier l'un d'eux. La jeune fille tente de se convaincre que son existence parmi l'autre monde lui sera tout aussi agréable que celle qu'il a vécu auprès d'elle, mais celle-ci se sent tellement triste. Son absence se faisant déjà sentir dans son cœur. Pourquoi doit-elle être si faible ! Pourquoi doit-elle subir une protection ! Si cette dernière avait été comme ses sœurs, son cheval aurait une chance de s'en sortir. Mais il n'en est rien. Elle n'est que la fille faible de la famille Gryffondor. Protéger par beaucoup de monde aussi bien qu'une princesse de la famille royale.

“ Vous n’y êtes pour rien Lady Jewel. Vous n’avez rien fait de mal. Tout va bien, d’accord ? Je vous en pris, ce n’était rien, je n’ai fais que mon devoir. Je comprends, échapper un instant à son quotidien, respirer l’air frais.”

D'un geste lent et encore tremblant de toute cette émotion, la jeune fille prend le mouchoir pour essuyer ses larmes. Les paroles de messire Andas la touchent, mais malheureusement, ces dernières ne l'apaisent pas pour autant. N'ayant que trop vu la mort dans ses visions pour la supporter de face. C'est aussi dur que dans ses prémonitions.

« Au contraire, si j'étais aussi forte que mon frère ou mes sœurs, Azur aurait eu sa chance. » Fit-elle dans un soupire meurtris. Que cela soit un être humain ou bien un animal, son cœur se déchirait de la même manière. Elle porte de l'importance pour tout le monde et c'est pour ça que les gens la portaient en haute estime. Aucune différence même pour le sang, elle ne se sentait pas supérieure aux autres, cela serait vraiment une mauvaise chose si elle veut devenir prêtresse. Respecter la vie, c'est respecter ceux qui respirent. Et c'est ainsi qu'elle est, et ce, depuis ma naissance.

« Mon quotidien, ce sont mes visions... Et j'ai pu sentir ce parfum de mort autour de mon cheval, mais je suis quand même sortie. J'aurais dû le comprendre... » Jewel se sent si misérable et pourtant, elle ne le devrait pas parce qu'Azur ne lui en a pas tenu rigueur. Les animaux ressentent facilement ce genre de chose, bien avant nous les humains. Et pourtant, malgré cela, il l'a fait vagabonder tout en sachant que sa fin lui était proche.

“ Il n’y a nul besoin de remerciement lady Jewel. Ce n’était que mon devoir et je suis soulagé que vous alliez bien. Pouvez-vous vous lever ? Je vais vous ramener au château et vous amener à l’infirmerie. Souhaiteriez-vous que j’appelle votre frère ? ”

« Au contraire, vous m'avez sauvé la vie messire Andas. » Esquissant un léger sourire pour lui malgré la peine vivant dans son être. « Je crois que je me suis fait mal à la cheville en tombant. » La douleur apparaissait à présent alors, que ses autres émotions s'éteignaient aussi lentement que la flamme d'une bougie qui s'est consumée. « Oh, non... Godric apprendra bien assez tôt cet incident. S'il me voit comme ça, j'ai peur qu'il va s'en vouloir et je ne veux pas qu'il soit triste par ma faute. » La jeune fille lève son regard vers lui. « Pardonnez mon égoïsme, mais vous, vous n'êtes point blessé, j'espère ? » S'exclama-t-elle soudainement, inquiète pour lui.

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« Si je me faisais battre ou blesser par ce monstre, votre frère serait fou de rage. Après tout c’est lui qui m’a entraîné. Veuillez m’excuser. Je vais vous ramener. »

« Nous avons eu, vous et moi, beaucoup de chance. Il n'y avait qu'une acromentule. En groupe, elles sont plutôt ingénieuses et bien pires encore. » Y songer donne des hauts le cœur à la jeune fille. Même si les serpents sont son épouvantard, les acromentules également font partie d'une autre phobie. Jewel les trouve tellement hideuses avec leurs pattes velues et ce corps disproportionnés. La jeune Gryffondor éprouve un grand respect pour la nature, mais certains membres de la faune n'ont vraiment aucun sens pour elle. Cependant, les acromentules ne s'approchent jamais voir très rarement des lieux habitables. Son attaque inquiète vraiment la jeune fille qui voit quelque chose d'autre là-dessous. Sans doute, était-elle morte de faim et que la vue de son cheval et de la cavalière lui ont offert un goût des plus délectables en bouche.

Jewel n'a guère le temps de réfléchir plus que Henri vient à la porter pour l'empêcher de bouger sa cheville. Un peu surprise, la damoiselle entoure les épaules du dragonnier pour ne pas perdre l'équilibre. Cette position était assez gênante, étant donné qu'il s'agissait d'un presque étranger. Ce genre de proximité, Jewel n'en avait l'habitude qu'avec Godric, son jumeau et aussi Siegfried qu'elle connaissait depuis son enfance. Pourvu qu'il ne les voit pas. D'un, il se montrera inquiet et d'un autre côté, il se montrera exécrable. Elle soupire intérieurement à la simple vision d'un spectacle qui risque d'énerver la jeune Gryffondor qui pouvait se montrer aussi impulsive que son aîné. Après tout, elle reste tout de même une digne héritière de sa maison et sa famille n'est pas reconnue pour leur très grande patience. Jewel est un peu l'exception qui confirme la règle. Elle sait se montrer sage et patiente, mais parfois, avec Siegfried, cela était parfois bien compliqué.

« Il est absolument inconcevable que je vous laisse marcher si on ignore ce que vous avez à la cheville. J’espère que cela ne vous gêne pas. N’hésitez pas à me dire si vous souhaitez une pause. »

« Non... Enfin si, je ne suis pas habituée à ce genre de proximité hormis mes frères et Siegfried. » Fit-elle en rougissant et baissant la tête. « Ce n'est pas à moi de demander si je veux faire une pause, mais à vous. C'est vous qui me portez messire. » Après tout, n'est-ce pas lui qui fait plus d'effort que la jeune fille ? Jewel se faisait simplement porter vers l'infirmerie de Poudlard. « Vous pensez qu'il soit possible d'enterrer mon cheval à l'orée de la forêt ? Il a toujours aimé cet endroit. » La jeune Gryffondor ne pouvait empêcher de verser une larme au souvenir d'Azur.

Là voilà la différence avec le reste de sa famille, Jewel était bien plus sensible et émotive qu'eux. Il lui était difficile de dissimuler ses émotions, ce qui la rendait si précieuse au regard de Godric qui était prêt à tout pour la protéger. Du moment où elle est née, Godric lui avait juré servitude pour la préserver du mal que comportait ce monde. Mais de part ses prémonitions, Jewel avait déjà que trop vu les ravages causés par les batailles.

« Je préfère penser à autre chose. J'aimerais mieux vous connaître messire. Je pense que le moment est approprié. Je sens beaucoup de bonté en vous, un grand instinct de protecteur. » Elle rit un peu. « Vous me rappelez mes frères. » Dit-elle en posant son regard sur lui.  

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« Les seules autres femmes que je porte ainsi sont mes petites sœurs Lady Jewel si cela peut vous rassurer. Et ne vous en faîte point, vous êtes aussi légère qu’une plume. »

Rougissant légèrement, la jeune Gryffondor craint que le dragonnier ait mal interprété ses paroles, mais elle finit par chasser bien vite ce genre de pensée. Après tout, à force d'échanger quelques mots avec ce dernier, elle a fini par comprendre que c'était une bonne personne. Néanmoins, la jeune fille se rend compte que même son poids pouvait traduire de sa personnalité si fragile et facilement prompt à la faiblesse. Elle devait se rentrer dans la tête que jamais elle ne pourra être aussi forte que le reste de sa famille. Son chemin était voué à tout autre chose et la damoiselle souhaitait suivre les préceptes des siens, mais de la façon qui lui correspondait le mieux. Servir les dieux lui a toujours été une évidence depuis son enfance parce qu'ils ont toujours su l'aider et lui apporter cette force pour s'en sortir de ses visions parfois atroces pour une pauvre enfant. Déjà, tôt, dans sa vie, elle a vu les dégâts causés par les multiples batailles. Le sang, la mort, la rage, la haine... Des émotions qui au fond sont si inutiles. Les hommes se battent pour toujours plus de pouvoirs et de territoires. Personne ne sort réellement vainqueur parce que les pertes des deux camps sont considérables. Son étreinte se fait un peu plus appuyer sans s'en rendre compte. Chaque fois que Jewel laisse son esprit vagabonder, inlassablement, ce dernier s'évertue à prendre cette route. Elle ne peut sortir de cette réalité parce que celle-ci fait partie intégrante de son être.

C'est pour cela qu'elle préféra demander au dragonnier de parler de lui. Apprendre à le connaître vraiment et non pas que ce qu'il peut bien montrer au quotidien. Jewel aime apprendre des autres, savoir ce qu'ils sont et ce qui dort au fond de leur être, même si elle peut facilement le deviner avec sa grande empathie et son côté observateur. Connaître le cœur des gens est une chose qu'elle pratique depuis son enfance. C'est pour ça que par moment, son entourage n'a guère besoin de mots quand ils sont en sa compagnie. Jewel sait comment se conduire pour les rassurer et sait quand prendre leur main pour effacer ce mal qui peut ronger et qui porte le nom de tristesse. Cependant, sans cela, le bonheur ne peut illuminer leur cœur. Il faut savoir verser des larmes pour rire à nouveau.

« Sans doute parce que je suis moi-même un frère aîné ? Je suis le second de neuf enfants, et vous êtes proche en âge d’une de mes sœurs. Je ne sais que vous dire. Je suis un homme simple… J’aime apprendre sur les animaux et les plantes et… je suis un simple dragonnier. Non vraiment, je ne suis pas spécialement un homme marquant ou intéressant lady Jewel. Je ne sais que vous dire sur moi… »

« Détrompez-vous, nous avons tous notre importance. Il suffit d'une chose dite ou d'un acte pour marquer les gens. Aussi humble que cet acte peut être, il peut faire beaucoup. » Fit-elle en esquissant un sourire. Ce sourire qui sait charmer depuis son enfance. « Moi, je sais que vous êtes un homme très investi pour les vôtres. Protecteur, attentif et toujours à vouloir faire de son mieux même si cela veut dire dépasser vos propres limites. Courageux et loyale, vous savez parler et quand faire silence. Cependant, j'ai remarqué une chose à chaque fois que je vous voyais... Pardonnez mon audace, mais j'ai toujours été marqué par cette mélancolie au fond de vos yeux. » La jeune fille lève les yeux vers lui. « Je la reconnais facilement pour la ressentir moi-même. »

Le regard de la jeune femme se fixe à l'horizon et elle semble comme prise dans une nuée d'émotion soudaine. « Attendez ! Arrêtez-vous. » Une larme suivit de plusieurs autres se mettent à couler sur ses joues. Jewel pouvait voir l'âme de son cheval à côté d'une personne qu'elle n'avait plus revu depuis longtemps. Son défunt frère qui la saluait au loin tout en flattant l’encolure de l'animal. « J'aimerais tant que vous voyez avec mes yeux, messire Andas. » Bientôt, les silhouettes s'effacent et la jeune fille se sent soudainement plus légère. « Il est en paix... Avec mon frère. » Posant son regard sur le dragonnier, Jewel baisse les yeux. « Pardonnez-moi, vous devez me prendre pour une folle. » 

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« Lady Jewel, vous êtes beaucoup trop perspicace. Vous m’avez parfaitement définie. Pourquoi serais-je mélancolique selon vous ? »

Les raisons tellement multiples à la mélancolie. Pas toujours de plus compréhensible, mais en général, l’empathie de la jeune Gryffondor fait toujours mouche, parce qu'elle a appris à voir au-delà des apparences. Elle sait reconnaître le beau dans le laid et le laid dans le beau. Tout n'est pas toujours ce que cela semble être. Il faut savoir patienter et observer. C'est pour ça que la maison de Rowena Serdaigle lui a ouvert ces portes. C'est parce que la jeune fille se montre curieuse et animer d'un besoin d'apprendre et de savoir ce qu'il en est vraiment des choses et des gens qui peuvent l'entourer.

« Je crois que le fait de ne pas pouvoir suivre votre propre route vous mène vers ce sentiment. » Fit-elle tout simplement avant de reposer son regard sur celui du dragonnier. Sans doute, n'a-t-il pas choisi cette route, elle lui a été très certainement imposée comme à tous les enfants de la noblesse. Jewel a eu le droit de choisir, même si ces derniers, elle en vient à se poser des questions sur ses sentiments pour le fils Serpentard. Son cœur battant tellement quand elle le voyait. Ce qui ne devrait pas être le cas, après tout, n'a-t-elle pas juré de servir les dieux ?

Jewel n'a guère le temps de s'épancher plus sur ce point que voilà une vision qui la ravie plus que tout. Son cœur soulagé de voir son cheval en compagnie de son frère. Les larmes montent à ses yeux, mais la jeune fille parvient à les retenir.

« Il n’y a pas de mal lady Jewel, rassurez-vous. Si cela peut vous rassurer et vous faire du bien. »

Un sourire doux se peint sur les lèvres de Jewel en remerciement aux paroles du dragonnier. C'est vrai que son don pouvait offrir une certaine confusion allant jusqu'à douter de sa voyance. Après tout, comme croire à un monde aussi fermé et invisible.

Quand Henri se stoppa près d'un arbre, elle contempla les botrucs avec une grande tendresse. Ces derniers semblaient si tranquille si loin de ce qu'il s'est passé plus loin. Comme si cet atroce événement ne s'est jamais produit sauf dans l'imagination de la jeune Gryffondor.

« Regardez… Ce sont des Botruc ! C’est un arbre à baguette. On ne les trouve que sur des arbres à baguette. »

Elle sourit tout en l'écoutant, amusé par son joyeux emportement.

« Je… je suis désolé, j’ai tendance à m’égarer dès qu’il y a quelques animaux magiques dans les environs. »

« Il n'y a pas de mal. Vous semblez les aimer. » Une idée lui vint à l'esprit, Jewel lui offrira un livre sur les créatures magiques en remerciement de son aide et de cette gentillesse. Si ça pouvait lui plaire et l'emporter loin du devoir qu'on lui a sans doute imposé.

Il ne fallut guère plus de temps pour que le duo se retrouve à Poudlard. La situation n'était pas confortable pour la jeune fille qui sentait le rose lui monter aux joues. Elle si discrète et pudique de coutume, la voilà vue dans les bras d'un homme qu'elle commence à peine à connaître. Levant les yeux vers Henri, Jewel parvient tout de même à lui sourire. « Pourriez-vous rester encore avec moi ? » Jewel voulait sincèrement lui offrir ce livre pour le remercier de sa gentillesse.

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« J’aime toutes les créatures magiques, lady Jewel. Toutes sans aucune exception. »

Une sourire se dessine sur le visage de la jeune Gryffondor qui ne doute absolument pas des paroles du dragonnier. Aimer est une force et pouvoir voir au-delà de la laideur est une chose peu commune, mais une capacité qui vaut tout l'or du monde pour Jewel et ceux qui n'ont guère la chance d'entrer dans le moule de la société actuelle. « Je le sens tout comme je peux l'entendre messire Andas. C'est une capacité que je trouve magnifique. » Jewel était pareille. Elle souhaitait comprendre avant d'éprouver de la peur ou du dégoût. Cependant, il y résidait une limite quant à ses capacités. Elle ne pourra, par exemple, jamais éprouver de l'attirance pour les serpents et à présent pour les acromentules. Cependant, elle éprouve beaucoup d'amour pour les sombrals, des créatures incomprises et pourtant si adorables et calmes en général. Protectrices et timides. De quoi sentir une sorte de lien entre la voyante des Gryffondor et de ces derniers.

Jewel ose demande à ce qu'il reste avec elle. Ce n'est pas très convenable, mais elle préférait en sa compagnie à l'infirmerie plutôt que de rester seule à ressasser une perte qui restait une souffrance pour la jeune fille. Et ce, même si au fond, son cheval ait pu trouver facilement le chemin de l'autre monde en compagnie de son frère défunt.

« Oui Lady Jewel. Vous voulez aller dans votre chambre ? »

« Il serait malvenu d'inviter un homme dans mes appartements, messire. Je souhaite simplement avoir votre compagnie à l'infirmerie. » Elle ne préfère pas lui dire qu'elle souhaitait lui faire un cadeau.

Comme Jewel le pensait, sa venue ne passa pas inaperçu. Cependant, c'était plus de l'inquiétude que de mauvais commérages, même si elle ne se leurre pas sur certaines personnes. Sa proximité avec les sang-mêlés et nés-moldus ne plaisant pas. Les mauvaises se donneront à cœur joie. Grand bien leur fasse, si cela peut les rendre heureux. Cependant, il faut se méfier du revers de la médaille qui peut être lourde de conséquences. Bien que prônant le respect des autres et la gentillesse, Jewel restait une Gryffondor rancunière et capable de ressentir beaucoup de froideur si ce n'est plus pour que ce type de personne.

Une fois à l'infirmerie, on l'ausculta et bien sûr, le sang n'était que celui de son cheval. Un sang qui ne répugnait pas la jeune fille puisqu'il signifie tellement pour cette dernière. Sa cheville lui faisait mal, mais on fit en sorte d'aller la douleur et préconisant de rester dans le lit, le temps que l'onguent fasse son effet et que le mal disparaisse. Un elfe s'approcha de la jeune Gryffondor qui murmura quelques mots à l'oreille de ce dernier qui s'exécuta tout sourire. Jewel était une sorcière particulièrement adorable et éprouvait de l'affection pour ces derniers.

Se contentant de sourire à Henri, la jeune fille lui fit un petit clin d’œil amusé alors, que l'elfe de maison avait transplané pour revenir quelques secondes plus tard avec un livre quelque peu volumineux qu'il tendit à Henri. « Un cadeau de ma part. C'est un livre sur les créatures magiques de notre monde magique. En tout cas, celle que nous connaissons. Je tiens à vous l'offrir pour vous remercier, bien que je considère que ce soit encore très peu comme remerciement. » La jeune Gryffondor l'invita à s’asseoir sur la chaise à côté du lit. « Il est très complet et un grand amoureux des créatures tel que vous, ne pourra que l'apprécier. » C'était un livre rare et dur à trouver, mais Jewel tenait fermement à le lui offrir. Convaincue que cela lui offrirait une aile de liberté et un début de bonheur. « Protéger les siens est un devoir sublime, mais il ne faut pas oublier de se montrer un peu égoïste pour ne pas considérer sa propre vie comme peu importante en comparé d'une autre. Ce n'est pas ce que les dieux veulent pour vous. »

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« Elles n’ont rien de mieux à faire… »

Jewel se contenta de hausser les épaules. C'était devenue une habitude pour elle, les langues de serpent. Avec le temps, on apprend facilement à laisser les mauvais mots couler comme une pluie froide le ferait sur son corps. De plus, dans la haute société, les rumeurs faisaient vivre autour de soi avant que les choses ne retombent sur ceux qui n'ont rien d'autre à faire que de s'occuper de la vie des autres au lieu de balayer devant leurs portes. Mais il faut avouer également que Jewel ressent un léger pique de douleur qu'elle parvient, non sans un peu de mal à dissimuler son mal. En se disant que cela allait bientôt passer grâce aux soins qu'on lui procurera à l'infirmerie. Mais ce qui inquiétait le plus la jeune fille, c'est la proximité d'une acromentule. Comment a-t-elle pu empiéter sur le territoire de Poudlard comme si de rien n'était ? Jewel a beau réfléchir et se dit que soit, c'est de la folie ou bien de l'audace de l'animal velu et noir.

Une fois arrivée à l'infirmerie, le personnel médical s'occupa de la jeune Gryffondor passant un onguent sur sa cheville légèrement enflée et lui donna de quoi boire. Cependant, Jewel restait courageuse et ne montrait rien. Après tout, ses visions étaient mille fois pires que ce qu'elle pouvait ressentir en cet instant. Néanmoins, la damoiselle se sentit rapidement soulagée. Les composants de l’onguent fit rapidement son effet, ce qui ne surprit pas Jewel. Ce qui lui permis de demander un service à un elfe de Poudlard qui s’exécuta sur-le-champ. En un claquement de doigts, il transplana dans les appartements de la jeune fille avant de revenir tendant un livre au dragonnier. Le genre qui pourrait grandement plaire à Henri.

« Lady Jewel, il ne fallait pas, je n’ai fait que mon devoir. C’est un privilège… J’en prendrais grand soin soyez-en certaine. Je ne sais pas ce que les dieux veulent pour moi, mais je crains de toujours faire passer la vie de ceux que j’aime avant ma propre vie. Avez-vous besoin de quelque chose avant que je ne parte ? »

« Cela me fait plaisir de vous l'offrir. » Fit-elle sincèrement. « Pensez un peu à vous parce que les dieux sont déjà heureux que vous preniez soin des vôtres, mais ils ne veulent pas non plus que vous vous oubliez. » Elle lui sourit tout en le regardant un instant. « Oui, que vous me promettiez de ne pas vous oublier. » Elle savait fort bien que le dragonnier allait s'occuper de la dépouille de son cheval, Azur, dont l'âme se trouvait déjà de l'autre côté du voile.

« J'ai eu trop d'émotions aujourd'hui. Je crois que je vais me reposer un peu avant de rejoindre mes appartements. » Voir que son cadeau faisait mouche pour Henri rendait heureuse la jeune fille qui doucement, s'endormait ne s'étant pas rendu compte que l'infirmière lui avait donné une potion pour se reposer aidant ainsi à ce que sa cheville se repose le plus possible sans que la jeune lady ne bouge trop.

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