Il n'aurait quitté Poudlard si ce n'avait été du patronus en forme de loup qui entra dans la Grande salle pour s'arrêter devant lui, exigeant sa présence au Palais sans plus tarder. Et il était bien assez rare que son roi le fasse mander pour qu'il ne s'inquiète pas. Il n'attendit guère, quittant la pièce pour rejoindre Cyna qui était à l'extérieur. Il monta sur son dos, n'ayant que faire de porter encore des habits de sorciers - une robe rougeoyante et son épée flanquant son côté. Il avait laissé sa tenue de dragonnier dans la tour Nord, ne la portant que durant ses rondes. Pris de vitesse, il ne chercha pas à se rendre présentable, arrivant plutôt au Palais Royal sur le dos de sa dragonne. Il était attendu par quelques gardes, et le chef de l'escadron royal qui le salua. « Sir Gryffondor, nous vous attendions. Nous avons capturé quelques saltimbanques et nous pensons que vous aimeriez à rencontrer notre prisonnière. » Il écouta sur le chemin, l'histoire tragique d'une enfant trop jeune, crachant du feu pour le plaisir de quelques sorciers idiots.

Elle était sauvage, l'enfant, et elle ne se laissait pas approcher facilement. Pourquoi lui alors ? « Nous pensons qu'elle est votre parente. » Il fronça les sourcils à cette affirmation, cherchant bien comment une enfant pouvait être liée à sa vie - il n'en avait guère eut, pas plus qu'Elizabeth, ou les jumeaux - qui étaient bien trop jeunes pour cela. « Et mon frère est mort avant de pouvoir se marier. » Rappela-t-il avec la gorge serrée. « Mais elle a votre devise tatouée le bras. » Cela était cependant une chose étrange et surprenante.
Alors qu'ils arrivèrent devant les cachots, il s'arrêta pour que la grille soit ouverte. « C’est sur son épaule droite que c’est marqué… » Il l'observa - s'arrêtant un moment devant des orbes familières. Ses yeux brillaient de la même couleur que celle de son frère. Il fut soudainement dix ans en arrière, sur le champ de bataille où il les ferma pour l'éternité. Son regard mesquin et brillant de cet idiot parti trop tôt. « Bah quoi Godric ? T’as jamais vu une cracheuse de feu ? Tu veux p’tre une démonstration ! » Il arqua un sourcil, entrant dans la cage, les gardes derrières lui. Comment l'avait-elle deviné ? Il ne doutait qu'ils se soient déjà rencontrés, il s'en serait souvenu.  

« Si tu comptes m'impressionner en crachant du feu, tu as choisi le mauvais sorcier. Je vis avec la cracheuse de feu la plus lunatique qui soit. » Dit-il avec un rire dans la voix. « Quel est ton nom ? »  

Il était rare qu'il est affaire à de véritables sauvageons, outre les vikings qu'il combattait depuis ses jeunes années de soldat. Il ne prenait guère le temps de s'attarder sur les affaires du royaume, de savoir qui se trouvait enfermé dans les cachots du Palais. Il était étonné de se voir ici, face à une jeune fille qui devait être plus jeune encore que sa soeur. Il avait ce point faible, et ne saurait le nier : les enfants. Il voulait les voir heureux, fort, et libres. Les enfants sorciers étaient l'avenir d'un pays qui ne sauraient survivre sans eux. Avec les années, Helga l'avait convaincu que chaque enfant avec de la magie entre les doigts avait le droit à sa chance entre les murs de Poudlard.
Voila que s'enflamme le foin à côté d'eux, fixant les flammes rouges qui s'élèvent dans la cellule, il laisse un sourire s'élargir. Une magicienne du feu alors - il n'en avait pas croisé depuis longtemps, étant lui-même plus accoutumé à la terre qui était sa maitresse. « Ouais ouais, je sais, Feu et Sang ou une connerie du genre, c’est sur mon épaule. Les Griffondor ils aiment faire mumuse avec des dragons et le feu. Et aussi faire des bâtards avec des putes avant de la renvoyer. Et moi j’préfère voir la gueule des gens à qui je cause. » Il arqua un sourcil - étonné qu'elle se permette de parler de la sorte de sa famille, et ignore même quels mots lui étaient accrochés à l'épaule. AInsi donc ne savait-elle pas parler ? Elle avait été exemptée de toute éducation. « Par le feu et l'épée. Les Gryffondors sont des soldats, et ce sont nos dragons qui crachent du feu. Mais je vois que toi tu n'as nulle besoin de dragon. »  Il se tourna alors vers elle, la fixant dans les yeux pour y voir luire quelque chose de dangereux et violent. Quelque chose qui le fit frémir et l'excita - elle était fascinante.

Et dans son esprit se trouvait des images de guerres, des souvenirs qu'il avait enfouit et lui revenait alors. Il mit un moment à comprendre qu'il ne s'agissait guère de son esprit mais de celui de la prisonnière. « Sacha, t’en as quelque chose à foutre ? »   « Je préfère connaitre le nom des gens à qui je cause. »  Répondit-il avec sarcasme - n'écoutant guère les murmures des gardes qui s'affligeaient qu'elle lui manque ainsi de respect. Mais le respect n'était pas de mise avec des gens sans éducation - il ne pouvait pas lui en vouloir. « Qu'est-ce que tu cherches là-dedans, Sasha ? » demanda-t-il en montrant sa propre-tête.

« J’suis l’dragon. C’mon truc de cracher du feu. C’t’était mon gagne pain. » Il y avait dans ses yeux, le même feu qui jadis faisait briller le regard d'Aiden. Depuis dix ans maintenant il s'était refusé à se souvenir du prénom de son frère, qui jaillissait d'un souvenir. Il le voyait à nouveau, dans la masse informe des soldats tombés, des dragons qui soufflaient leurs dernières flammes, avant d'expirer. Il se souvenait de son corps mutilé d'une lance qu'il avait prit dans le coeur - il était déjà mort, mais son visage était marqué par la surprise. Il lui échappait, Elisabeth se tenait à ses côtés, retenant à peine un sanglot. Elle lui prit la main avant qu'ils ne partent sauver leur père de la mort - « J’ai trouvé c’que j’voulais voir. Alors… T’trouves quj’lui r’ssemble ? Ma pute de génitrice disait qu’oui… Fin ça c’était avant. » Il n'osait imaginer ce qu'elle avait vécu jusqu'à présent. Il n'osait croire qu'elle était sa fille. Pourtant, il était difficile de croire le contraire alors qu'elle tenait le tatouage sur l'épaule et le regard d'Aiden. « Tu es la fille batarde de mon frère. » Dit-il simplement pour s'entendre parler. Il avait besoin de l'entendre pour le croire - et cela semblait encore iréel.

Puis ce n'était plus lui, mais elle, qu'il vit se faire mettre à la porte d'un bordel - qu'il reconnut par la lanterne rouge qui était au-dessus de la porte. Pas qu'il y eut jamais mis les pieds, sans doute parce qu'il n'avait aucun intérêt envers les femmes et que ses préférences n'étaient pas même reconnus dans ce genre de lieu; De toute façon il ne prendrait pas le risque qu'elles soient connues. Pour l'heure, il la vit elle, ressentant sa peur, ses craintes, sa colère - celle-ci qui flamboyait encore dans les flammes qui lui dansaient sur la peau. « Et toi, t’aimerais pouvoir chercher dans mon crâne épais l’dragonnier ? » « J'aime autant discuter avec toi que de te voler tes souvenirs. » Dit-il avec toute la hauteur de sa noblesse, n'ayant jamais eut à coeur d'apprendre la legilimentie ni encore de l'user sur l'esprit des autres.
Puis elle se jeta sur lui, bien qu'il eut saisit le mouvement quand elle banda ses muscles bien maigre - son corps était bien trop frêle pour qu'elle survive encore entre les chaines, et si elle était la fille de son frère alors elle appartenait aux Gryffondors et à Poudlard. Les Gryffondors avaient eut des batards, comme toutes les familles sans doute, mais ils n'étaient pas de ceux à les laisser dans la neige - une erreur de jeunesse, elle était une erreur de jeunesse. Et Godric était le chef de famille à présent - il devait réparer les erreurs de sa fratrie. « Bouh. » Les soldats firent un pas en arrière. « Laissez-nous. » Exigea-t-il. « Mais Sir Godric, si jamais elle essaie -»  « Je pense pouvoir gérer une enfant. Laissez-nous. » Dit-il une fois encore, détestant avoir à se répéter, alors que les pas s'éloignèrent.

« Je suis désolé pour tout ce qu'il t'ait arrivé, Sasha. Aucune enfant ne devrait avoir à vivre ainsi. » Dit-il finalement, penchant la tête de côté, et osant un pas vers elle bien qu'il se tenait sur ses gardes. « J'ignorais tout, des agissements de mon frère. J'ignorais tout de ton existence, mais il est difficile de prétendre que tu n'es pas une Gryffondor avec un tel regard. Et un tel caractère. » Rajouta-t-il avec un rire dans la voix. « Si je te détache vas-tu m'arracher la tête ? »

Il n'avait d'yeux que pour elle à présent, l'observant longuement sans savoir que faire de tout ce qu'il apprenait. Il n'aurait pas pensé que son frère aurait fait une telle bêtise - mais une enfant n'était pas une chose qu'il pouvait simplement abandonner dans un coin. Le Destin était une joueuse cruelle, qui mettait à présent Godric devait le fait accompli. Son coeur battant durement dans sa poitrine, et l'envie de hurler lui prenant la gorge. Il adorait son frère, et rien ne pourrait jamais changer cela - mais il avait fait une erreur monumental, et Godric ne pourrait sans doute pas le lui pardonner. « Vivre ainsi ? T’sais absolument rien. » Il serra les dents, ne doutant pas que pour devenir aussi violent, alors qu'elle était si petite, alors elle devait avoir vécu des choses atroces. Elle avait retrouvé chez des saltimbanques, à jouer les cracheuses de feu pour amuser les badots. Comment ? Comment était-elle arrivée là ? Etait-ce après avoir été mise hors du bordel alors qu'elle devait à peine savoir parler correctement ? Et où était sa mère ?
Godric avait soif de vengeance, désireux soudainement de la prendre sous son aile et de brûler le reste du monde.

Il la voulait à ses côtés, un instinct primitif s'éveillant entre ses entrailles qu'il ne pouvait combattre. Elle était de son sang, dusse-t-elle être batarde cela ne changeait rien à ce fait. Une fois encore, son esprit fut embrouillé par les images de l'enfant étranglée. Sentant son souffle lui manquer, la tête lui tournait, la caresse de la mort sur sa nuque - un semblant de crainte, d'espoir, de refus - l'envie de vivre qui lui brûlait la poitrine. Il était incapable de voir autre chose quand elle quitta sa tête. « T’as vu la taille de mes mains ? J’peux pas trop. C’est plus toi qu’pourrait m’arracher la tête. » Il secoua la tête, essayant de retrouver ses esprits bien qu'il avait grand mal à se souvenir ce qu'il avait envie de faire. « Si t’as peur d’une gosse maigre comme un clou, t’es pas dans la merde dans tes putains de combats.» « Je sais reconnaitre la force brute quand je la vois. » dit-il en la fixant. « Tu ne manques ni de force, ni de courage, et si tu le voulais tu pourrais me blesser durement. » sa voix ne cachait rien de l'ensemble des sentiments qu'elle lui faisait ressentir. Il ne fit cependant aucun geste pour la libérer - comme malgré tout elle n'avait pas juré de le laisser tranquille. « Que veux-tu faire aujourd'hui ? »

Elle était sauvage, et il ne pouvait pas faire comme si ça ne pouvait pas lui jouer des tours. Il avait beau briller par sa prétention, il avait appris à se montrer plus prudent depuis la mort de son frère. Avec le temps et les pertes, il avait appris que parfois, juger son adversaire trop rapidement était une erreur. Il ne doutait pas d'être un grand sorcier, mais il pouvait encore se faire blesser. Et la sorcière face à lui maitrisait le feu aussi bien qu'elle manquait de contrôler sur ses émotions. Ce qui pourrait lui jouer de mauvais tour, et il le savait parfaitement. « J’pourrais, ouais, d’faire vivre l’enfer si j’voulais. »  Il sourit à moitié, amusé par sa manière si franche de lui parler.

Elle se mit cependant à saigner du nez, apparemment fatiguée par ses pouvoirs. Ainsi, elle ne connaissait pas ses limites. A la manière d'un animal captif elle grognait et se défendait mais ne savait quand il était nécessaire de s'arrêter. « J’sais pas. J’sais pas c’que j’peux faire, c’que j’ai l’droit d’faire… J’ai jamais eu l’choix dans la vie. J’aimais bien danser vec le feu… Mais c’tait quand même parce que j’avais pas trop l’choix. Donc, j’peux pas trop t’dire. À part qu’j’veux m’casser d’ici.  »  Il opina, sachant que la faire sortir d'ici ne devrait pas être un problème - elle était une Gryffondor, et bien qu'elle soit à l'origine d'un incendie mortel, elle était également une sorcière qui avait besoin d'être entourée. Elle avait besoin d'un enseignement - et assurément, elle était exactement ce pourquoi Pourdlard avait été créée n'est-ce pas ? « Fin… j’dis ça… Mais j’ai jamais vraiment été libre…  »  « Quelqu'un peut-il prétendre l'être... » Murmura-t-il en l'observant, la tête toujours de biais, ne sachant où lui-même voulait en venir; « Tu sais que tu es prisonnière pour une raison. Tu as commis un acte criminel. »  Dit-il simplement, croisant les bras sur sa poitrine - il avisa les liens qui la tenaient encore, quelques endroits affaiblis par le feu. Sans doute pourra-t-elle se libérer dans quelques jours s'il ne disait rien pour que ses liens ne soient pas rendus plus solides.

« Je n'ai pas la liberté à te proposer mais sans doute pourrais-je te faire sortir d'ici pour t'amener avec moi. Dans un lieu où tu pourras apprendre à utiliser tes pouvoirs sans être à bout de souffle. Dans un endroit où tu apprendras à lire et où tu seras avec d'autres sorciers. »

Il avait foi en son roi, en ces lois et en cette famille qu'il servait depuis son plus jeune âge. Les Gryffondors étaient au service de la nouvelle couronne depuis le début - son père avait été chef des Dragonniers, avant que son mentor ne prenne sa suite - et lui peut être par la suite. Pas qu'il se sente méritant, il était un soldat estropié et il avait failli dix ans auparavant, tentant encore de se racheter ses fautes. Il voulait être un homme bien, cela lui importait plus que tout le reste. Pour que les dieux lui pardonnent. Pour qu'il ne reste pas coincé entre la vie et la mort au moment venue.
Et face à la fille de son frère - qu'importe qu'elle fusse enfantée avec une fille de petites vertues - il ne pouvait que se sentir étreint à la poitrine. Elle était de son sang. Une meurtrière, mais de son sang. « Oui. J'ai brûlé vif un violeur sadique et sa bande de violeur voleur.... Même qu'ils étaient pas des sorciers.... Dommage pour l'auberge elle avait rien demandé a personne » « T'ont-ils touché ? » Demanda-t-il en fronçant les sourcils, sentant un élan de colère l'éventrer. S'il était une chose qu'il ne pouvait concevoir, c'était de faire du mal à une enfant de la sorte. Que ces pervers disparaissent, ils ne méritaient que les flammes. « Tu défendais-tu au moment de l'incendie ? » Voila une belle manière de la faire libérer. Qu'elle soit victime plutôt que bourreau - bien que l'idée lui donnait la nausée.

Il la voulait plus que jamais à Poudlard - il pourrait aller prendre soin d'elle, et s'assurer qu'elle soit une Gryffondor comme le reste de sa fratrie, ne doutant pas qu'ils seraient tous heureux de l'accueillir. « Paraît une solution intéressante. Et tu veux quoi en échange ? »  Il arqua un sourcil, recevant quelques ressentiments plutôt que des images - d'une peur qu'il l'approche qu'il ressentit en murmure - sans doute parce qu'avec la fatigue elle ne sentait pas la maitrise de son don. « Je ne te toucherais pas, et je ne laisserai personne t'approcher. Tu es une Gryffondor - nous avons le même sang, je serais un monstre de te laisser ici et les dieux ne sauraient me pardonner ce manquement à l'honneur. »

Il n'avait jamais ressenti la moindre attirance envers une femme, moins encore une enfant. Il ne pouvait accepter ce genre de perversion de la part des autres hommes, les punissant durement quand il en était témoin. Il n'était pas naïvement convaincu que le viol était absent de ce monde, ayant été soldat après tout. Mais aucun de ses hommes n'avaient osé avoir un tel acte - ceux qui s'y étaient essayé n'étaient plus là pour s'en vanter. L'homme n'était guère un animal, il ne concevait pas qu'il agisse de la sorte. Espérant que son frère n'avait pas contraint une femme pour la mettre enceinte - sans doute ne le saurait-il jamais, mais il ne voulait pas avoir cette vision.« Rouler dessus et vendu pour des nuits oui, c'est ça le terme qu'il faut utiliser. C'était ça et ça hurlait pas que j'étais une sorcière aux autres. Et... Je crois qu'il m'avait prit le bras pour me trainer dans la chambre. Et là... Ça a fait un gros non dans ma tête. Et j'ai juste vu les flammes grandir. »  Il opina - de la légitime défense, de fait - et qui pouvait bien lui en vouloir d'user de ses pouvoirs pour se protéger des autres ? D'un agresseur. Sans doute devrait-il aller plaider ce cas devant son Roi ou son Prince, mais il n'aurait aucune honte à le faire. Sasha était une Gryffondor - il serait son garant.

« Laisser personne m'approcher dans une école.... Ça risque d'être compliqué. Mais.... Ça me va. Mais j'te préviens : la lecture et l'écriture .... J'ai pas trop trop eu le temps d'apprendre ! Par contre, j'sais compter... T'sais l'école chez ceux qu'on pas la magie... Et encore plus chez les saltimbanques... On s'en fout un peu. » « Ce n'est point un reproche. Je serais bien idiot de te tenir responsable de ta vie jusqu'à présent. » Dit-il en secouant la tête, refusant qu'elle le pense aussi mesquin. « Et je voulais parler d'abus : personne ne te contraindra physiquement sous ma surveillance. »  Rajouta-t-il - comme évidemment il ne pourrait pas la garder dans une bulle loin du monde. « M'assures-tu que tu ne tenteras pas de t'échapper si je te libères ? »