Il y avait bien des choses à faire lorsque l'on était professeure de médicomagie et de malédiction; les élèves, surtout les nés-moldus, avaient une tendance à expérimenter de vulgaires expériences qui laissaient souvent des traces. Les médicomages qui s'occupaient de l'infirmerie étaient talentueux, mais avaient une certaine tendance à se laisser déborder. Pour combler le manque de personnel, Irène devait souvent s'y rendre et donner une aide, pour soigner les patients. Les blessures pouvaient être très légères, mais certaines étaient bien plus graves et nécessitaient des potions bien plus dures à concevoir à cause des ingrédients recherchés. Toute la matinée, la princesse était restée présente à l'infirmerie. Il se murmurait qu'un professeur avait enseigné un nouveau sort à ses élèves et que certains avaient tenté de l'utiliser dans d'autres situations. Si cela n'était pas interdit - pas encore... - il y avait malgré tout eu des désagréments, dont de nombreux blessés ! Certains sorts, mal prononcés, avaient ricoché et touché des étudiants qui n'avaient rien demandés à personne.
En entendant cela, Irène était contrariée. Des élèves inconscients, qui jouaient avec la magie, ce n'était pas digne des sorciers.
Bouillonnante de rage, elle avait même accentuée les blessures d'un élève qui avait osé se vanter, alors qu'il avait brisé la jambe d'une élève. Elle lui avait promis lui offrir cette douleur à un taux supérieur, s'il continuait de jouer avec la magie. En entendant cela, la personne qui gérait l'infirmerie - qu'en plus, Irène n'appréciait guère - remercia la princesse de ses services, la libérant de ce devoir qui était bien trop loin à ses yeux. De toute manière, elle devait se rendre à son bureau où elle travaillait à préparer ses cours pendant près de trois heures, chaque semaine et profitait pour recevoir des étudiants aux questions parfois douteuses.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre le bureau, proche de l'infirmerie. En s'asseyant à sa chaine, la princesse laissa s'échapper un soupire, quelque peu interloquée par la bêtise de certains élèves. À dire vrai, sa patience était déjà entamée. Elle reçut des élèves, qui vinrent lui demander des informations sur une potion : ces jeunes talentueux étaient les meilleurs élèves qu'elle avait, avec en prime, une grande envie d'apprendre. Leur but était à tous les deux de devenir médicomage à l'avenir, bien que la première souhaitait principalement s'orienter vers la rupture des malédictions. Un travail de longue haleine, mais la princesse était sûre quant au fait qu'elle y parviendrait.

À peine avait-elle terminé de livrer de précieuses informations aux deux jeunes et qu'ils quittèrent la pièce, conduits par Irène, qu'une autre personne entra. Irène n'eut aucun mal à voir aussitôt qui c'était, sa soeur, qu'elle conduisit à l'intérieur de la pièce. « Mais bien-sûr ! J'ai toujours du temps pour toi. » fit la princesse sur un ton plus qu'aimable, heureuse de voir sa petite-soeur. Elle ne réagit pas à sa remarque face à Ernesto, l'amour n'était clairement pas présent. Non, pour cela, Flore avait choisi Cadmus, marquis d'une terre de ce royaume. Rapidement, les deux s'installèrent, l'une à côté de l'autre, sur une banquette confortable. Sa soeur se lança bientôt dans une tirade plutôt longue. Irène comprenait chaque parole de sa soeur, mais ne concevait pas ce qu'elle disait; lui donner un espoir et le réduire en miettes ? La princesse avait toujours tout fait pour le bonheur de sa soeur et cette allégation l'énervait au plus haut point. À peine la Juglar eut-elle terminée ce qu'elle disait, que la princesse enchaîna. « Non, il n'est pas nécessaire de poser pareille question. » enchaîna, tout d'abord, la princesse, sur un ton sec face à ce que pouvait dire sa soeur. « Oui, j'étais sérieux, comme je l'ai toujours été avec toi. Je ne t'ai jamais menti, ni aie brisée tes espoirs. J'ai toujours tout fait pour ton bien, c'est pourquoi tu es venu dans ce royaume si différent du nôtre, pour que tu aies enfin ta liberté. » dit-elle longuement, sur un ton explicatif. Elle ne comprenait pas ce que lui reprochait sa soeur. « Ce que j'ai dis hier était sérieux. » répondit-elle en laissant un soupire s'échapper de ses lèvres. En réalité, ce n'était pas elle qui l'avait dit mais l'entité en elle, mais elle avait eu conscience de ce que c'était. Neith avait des projets pour chaque chose et Irène avait promis à la "déesse" de ne pas interférer, tant que cela ne causait pas de torts à ses proches. « Tu rejoins Poudlard. Je comptais que tu passes le test du choixpeaux cette semaine, afin de te répartir dans une maison; tu ne seras pas directement mise dans l'une d'elle, tu subiras ce qui est en place depuis cette année. » termina-t-elle à ce sujet, espérant que sa soeur serait contente de voir que cela allait réellement arriver. « Maintenant, j'aimerais savoir quand est-ce que j'ai réduit tes espoirs en miettes. Quand tu es partie avec moi, en Grèce ? Que tu as été tout le temps avec moi, loin d'être abandonnée à notre père ? Depuis ce jour, tu es sous ma tutelle et non plus sous celle de mon père. Tu es ensuite venue ici, tu as retrouvé, de ce que je sais, ta famille, me mettant de côté. Je ne suis pas une louve, mais sache que je peux être tout aussi dangereuse. » dit-elle en se faisant plus menaçante, véritablement irritée par ce qu'elle avait dit. « Ici, tu as ce que tu voulais ! Je te laisse faire ta vie, où tu veux et quand tu veux. Tu n'as aucuns comptes à donner à notre père, car tu es sous ma souveraineté, pas celle de l'Espagne, la mienne. » termina-t-elle, le ton était coléreux.

Toute sa vie, elle avait eu des devoirs. Dès sa naissance, on avait forgé au-dessus de sa tête une alliance avec le royaume de Grèce qui devait être honorée à sa majorité. À partir de ce somptueux moment, elle dut faire face aux apprentissages les plus compliqués. La Grèce ? Un pays à l'histoire fastidieuse, que la future reine devait connaître sur le bout des doigts. Elle avait donc grandi avec un énorme poids sur les épaules, entouré de parents aussi aimants qu'ils pouvaient l'être. Dans ces instants, seule Flore était sa sauveuse : elle était si différente d'elle, si sauvage... Elle avait longuement enviée cette vie, sans les devoirs apparents d'une princesse. Elle avait enviée sa soeur, pour tout ce qu'elle n'avait pas - elle avait tout, en apparence, mais ce qu'elle désirait... Alors, proche de sa demi-soeur, elle pensait vraiment qu'elle savait tout d'elle, qu'elle était conscience quand cela n'allait pas. Elle pensait lui offrir ce qu'elle désirait, elle se pensait... Douce, aimante et solidaire. Mais elle se fourvoyait.
Elle avait été tout l'inverse, elle ne l'avait pas soutenue, pas comme elle l'espérait. La bombe avait un effet extrêmement difficile à supporter, qui mettait à mal toute sa confiance en elle. Non ! Jamais, elle n'aurait pensé échouer à ce point. Elle avait véritablement tout échoué. Bien trop de choses et dans cet instant, elle se perdit dans ses pensées.