Deana.
Prénom oublié et effacé des mémoires par des actes sanglants. Toujours aussi vif dans la mémoire d'une mémoire déchiré devant choisir entre la vie et la mort de son enfant par les menaces d'un père fermé et exigeant. C'est une lente mort que la mère s'est vu donner à sa fille. Fruit d'un amour proscrit et défendu par le sang des siens. Aussi fort qu'elle a pu aimer ce chevalier moldu, il n'en restait pas moins qu'un être impur au regard d'un père n'optant que pour la pureté des siens. Pour son unique fille, il avait des aspirations plus élevées. Un mariage de convenance a lui donner sur un plateau d'or et d'argent.
Mais celle-ci s'est fourvoyée dans les bras d'un être sans magie. Sans intérêt. Les faits d'armes sont peut-être impressionnants dans le monde d'où vient le chevalier. Néanmoins, dans l'esprit du père, il ne restera qu'un insecte qui a osé partagé la couche de sa fille, prenant son corps et son innocence pour créer une abomination.
L'abomination du nom de Deana ne se souvient plus du visage de sa mère ni de qui elle était. C'est une femme sans visage qui borde ses rêves désormais. Douce et maternelle à côté d'un monstre dont la froideur n'a d'égal que les exactions qu'il a dû commettre pour que le péché de sa fille reste caché dans le temps. Meurtre et oubli. Rien ne l'a gêné jusqu'à payer un marchand d'esclaves pour éloigner une enfant de quatre années d'une mère déchirée subissant un sort d'oublie pour ne pas qu'elle plonge dans la folie et ne mette à exécution son suicide. Tant de fois, avait-elle pleuré devant son père, agenouillée devant l'être infâme, le suppliant d'épargner la chair de sa chair. Mais l'homme n'était qu'un sorcier au cœur froid. Autant, pouvait-il donner que reprendre ne l'ennuyait guère. Sa fille était sa perle aujourd'hui, elle était la déception. La tuer ne lui serait que peu profitable par rapport à une alliance si finement travaillé depuis si longtemps.
L'enfant se tient droite. Stoïque. Plus curieuse que véritablement effrayée par ce qui se profile devant elle. Un destin bien sombre pour une si petite chose. Les murmures autour d'elle s'élèvent. Pitié noyée de chagrin pour le sort si peu enviable d'une pauvre enfant vendu comme une simple marchandise. Chaque hommes et femmes présents tentèrent d'aider cette dernière. Il y avait des enfants, mais plus âgé que la petite. Après tout, ne portait-elle pas le même fardeau qu'eux ? Celui de partir au-delà des mers pour être vendu à des barbares de terres froides et désertiques.
À cette époque encore, l'enfant était sereine, calme et souriante. Mais loin de sa mère, elle n'était plus qu'une coquille vide, de larmes tarit. Elle n'avait que trop pleuré à tel point que ses yeux ne pouvaient plus fournir sa tristesse. Dans son jeune esprit, elle s'était demandée de quoi elle était coupable pour que cet homme soit si horrible avec elle.
Elle ne comprenait pas la valeur du sang. Certes, elle était née sang-mêlé, mais en quoi est-ce que cela pouvait ternir quoi que ce soit ?
Là, sont ces questions alors que la cale de ce bateau humide les menait vers des terres lointaines. Loin de ce lieu qui l'a vu naître. Elle se souvient encore de l'atmosphère lourde où la transpiration, la peur et l'odeur de la fange régnaient autour d'elle. Une odeur qui devint une habitude malgré les premiers haut-le-cœur. L'enfant s'était tu à la première gifle d'un matelot exaspéré par sa présence. La détestait-elle pour ce qu'elle était ? Ou bien était-il simplement désagréable et méchant de nature ?
*****************************
Le voyage fut si long. Parfois, le vent n'était plus. Il fallait attendre. D'autres fois, la mer accueillait des corps inertes qui n'ont pas survécu au voyage. De ce nombre si important d'esclaves, une dizaine de personnes avaient trépassées. Il n'y avait pas un jour où le regarde de la petite ne s'ouvrait devant un corps démuni de toute vie.
Il y a eu plusieurs escales avant d'arriver en ces terres lointaines et reculées. Avant de faire face à Leiv. Être imposant, mesurant dans les 1m90. Imposant et intimidant. Il grognait plus qu'il ne parlait. Pour lui, sa présence n'était due qu'à la nuée d'enfants qui pourraient servir de guerrier et de vendre à enfanter pour leur tribu. 5 enfants furent sélectionnés dont Deana dont le regard courageux et impertinent plu au géant.
Au fond d'elle, la petite fille se doutait que sa vie ne serait plus la même. Les années qui se sont écoulées, n'ont fait qu'avérer ce fait si logique à son esprit de petite fille.
Coups et insultes. Il crache et vomit ces tripes. Deana était présente pour nettoyer sa demeure. Du haut de ces 7 ans, le ventre de la petite fille gargouillait d'une rage qu'elle se devait taire. Ne dire mot ni se plaindre, tel était la loi imposait par Leiv. Que sa bouche prononce un mot ou non, lui valait toujours la colère de ce viking puant et instable. Déjà du fond de son esprit, l'enfant qui a grandi, fomentait sa fuite.
Lasse de finir les pieds nus dans la neige avec un simple habit sur son corps. N'avait-il donc pas compris qu'elle ne sentait rien ? Le froid lui était une couverture bien plus douce et agréable que ce qu'il pouvait lui faire. À mesure que son esclavage devenait pesant, la petite se rebellait et quand elle le faisait, les coups se faisaient plus fort. Ce n'était pas des gifles ou de simples bousculades. Mais les poings et les pieds qui s'écrasent sur ce corps frêle, mais au fond résistant. De toute manière, ces actes ne faisaient qu'alimenter sa haine.
Ce clan qui regardait sans rien faire. Les autres enfants ont eu tellement de chance comparé à elle. Sa sentence semblait se poursuivre au-delà des mers et des montagnes. Deana était épuisée, mais elle persistait à se dire qu'un jour, les choses changeront et à son avantage.
Alors, qu'elle se perdait au lac gelé, lavant le linge puant de son maître. Un vieil homme l'observait alors au loin. Le vieux fou de ce village n'avait plus tout sa raison disait-on. On lui prêtait peu d'attention. Alors, elle en fit de même jusqu'à ce que de k'eau vienne à léviter sous ses yeux étonnés, le sourire de l'homme ne s'agrandit que plus encore.
« Tu voudrais savoir faire comme nous n'est-ce pas ? »« Oui apprends-moi. »« Je ne sais pas. Es-tu capable de tels pouvoirs, sang-mêlé ? »Posant à plat sa main sur la surface liquide, l'enfant changea une partie en glace. L'homme sourit de plus belle.
« Pourquoi pas... Le vieux fou a toujours voulu avoir une élève. Veux-tu savoir pourquoi on me dit fou ? »« Pourquoi ? »« Parce que je suis voyant. Je vois des choses qui ne sont pas encore et ne sont plus. Je prédis les événements. Quand on a besoin de moi, on me dit sage et quand on ne me veut plus, on me dit fou. Que deviendrais-je pour toi. »« Sage ou fou, qu'importe, ça dépendra de mon jour. »Le sorcier s'esclaffa. Que c'est bon, un peu d'honnêteté sous les visages faux de certains des siens.
« Je t'aime bien petite... Dans ce cas, commençons. Sais-tu ce qu'est une rose. »« Oui. »« Fais-moi en une en glace. Je la veux dans le moindre détails et entière. »« C'est trop dur. »« Je suis patient. Fais-le et nous passerons à d'autres leçons, petite. La magie attendra, mais je vais t'apprendre à lire, écrire et compter, sans ça la suite risque d'être compliqué. »Cette rencontre signa le début d'une nouvelle cadence pour Deana. Elle était si pressée d'apprendre encore et toujours plus. C'était une élève impatiente, mais appliquée. Fougueuse et intuitive. De quoi plaire au fou du village qui, dans ces bons conseils, avaient dit à Deana d'observer son maître avec précision lorsqu'il s'entraîne au combat. De le suivre et le servir au mieux. La docilité lui sera bénéfique. Bien que peu heureuse, elle obéit, de peur que ce dernier ne lui enseigne plus son savoir.
Et pourtant, on pouvait dire que l'enfant savait des choses malgré sa condition. Intelligente malgré son manque d'éducation. Sans doute les derniers vestiges d'un passé si loin et proche à la fois. Sans doute, tenait-elle là de sa mère ? De son père ? La sang-mêlé suivit donc Leiv au moindre de ces entraînements reportant ce qu'elle a vu à Gunnar. Ce dernier lui demandait des démonstrations à chaque jour qu'elle venait le voir sans se douter que la petite ne faisait que s'entraîner aux maniements des lames.
D'une façon peut habituelle, Gunnar lui enseignait ce que les autres apprenaient dès l'enfance. Cependant, il demandait plus à la sang-mêlé parce qu'il voyait que son destin changeait. Pour le moment, il était sombre, mais bientôt, la liberté sera au bout. Cependant, pour cela, elle devait être une survivante en plus d'une esclave.
*****************************
« Tu l'as vu ! Tu savais ce qu'il me ferait subir ! »« Je l'ai vu. »« Pourquoi ne m'as-tu rien dit ! »« Cela n'aurait rien changé à ton destin. »« Mais... Je... Je ne suis qu'une enfant. »« Plus à ces yeux depuis longtemps. À 14 ans... Presque 15 ans pour toi... À cet âge une fille est prête à être marié parmi nous. Il voulait marquer ton être. »« Et ça ! C'était obligé aussi. » Fit-elle en montrant la marque faite au fer rouge.
« Crois-moi, j'en suis désolé petite. Mais je ne pouvais rien y faire, car tel est le destin que les dieux ont décidé pour toi. »« Me parle pas de dieux ! Je n'y crois pas ! Mon destin, je le fais moi-même tout comme Leiv le décide pour moi. Je veux que cela cesse maintenant ! »« J'ai fait tout ce que tu m'as dit. Je t'ai créé la plus rose de glace. Je l'ai servi, observé. Quand il me battait, je ne disais rien. Je subissais sans me plaindre. Je t'ai montré les mouvements qu'il faisait lors de ces entraînements. Je suis même parvenu à devenir une hermine alors que toi-même, tu n'y croyais pas. »Gunnar se lève pour faire face à l'enfant qui n'était plus. 7 ans ont passé depuis leur première conversation. Il la savait prête à affronter le reste, mais lui était-il prêt à laisser partir cette enfant à qui il tenait beaucoup. Jamais le voyant n'avait ressenti de la tendresse pour qui que ce soit hormis les âmes qui ont trépassé. Mais Deana était comme sa propre fille. Celle qu'il n'a pu avoir. Si Gunnar s'est autant investi, c'est parce que l'âme du chevalier qu'est le père de la petite voulait que sa fille soit sauvée, mais pas sans armes entre ces mains. Magiques ou de métal. Il voulait qu'elle soit ailleurs qu'ici.
Dans un test ultime, il lui donna une dague. De facture simple, mais tout de même belle. D'un regard, il lui fit comprendre que son ennemi aujourd'hui, c'était lui.
« Réussi à me vaincre cette fois et c'est que tu es prête. Dans le cas contraire, tu devras attendre. »Était-ce pour elle ? Pour lui ? Mais à quoi bon réfléchir lorsque la nouvellement jeune femme commence à l'attaquer. Si vive et gracile. On dirait que même en observant, elle a subi le même entraînement que les autres. Elle l'impressionnait même si certaines techniques méritaient d'être peaufiné. Au final, la sang-mêlé finit dans la neige. Vaincu. La défaite sonnait encore l'endurance de son malheur.
« Tu es prête. » Affirme-t-il d'un ton calme et dans une pointe de résignation discrète.
« Mais... Je suis vaincue. »« Pas pour moi. Tu n'as pas flanché ni abandonné malgré mes coups. Pour moi, tu es vainqueur. Tout est prêt, rejoint-moi dès qu'il sera ivre mort. Ne prends rien que ce que tu as sur le dos. »*****************************
« Vous ne venez pas ? »« Non, mon destin est ici. Toi par-delà la mer. »« Mais... »« Tu es prête Deana. Je t'ai enseigné ce qu'il faut pour te défendre et tu connais la survie mieux que personne. Ton destin sera celui de la liberté. Je ne dis pas qu'il ne connaîtra pas d'embûches. Mais tu seras libre de choisir. »« Libre... Je l'ai tellement désiré que maintenant, j'en ai peur. »« C'est normal. Allez, hâte-toi avant que les autres n'arrivent. Et prends ceci... » « Mais... C'est la dague de votre père. »« Qu'il a eu de son père et de son père avant lui. Maintenant, je te la donne. Je n'ai pu avoir d'enfant qu'au moment où nos routes se sont croisées. »« Et je n'ai eu de père qu'avec toi. »Le regard du vieux fou commença à briller. Laisser l'enfant d'hier s'envoler pour devenir la femme de demain lui était une épreuve difficile. Plus encore, alors que Deana le prit dans ses bras pour le remercier. C'était dur pour elle qui évitait le contact de coutume. L'homme posa une main sur le haut de son dos déposant un baiser dans les cheveux de blés de cette enfant.
« Tu le sais, n'est-ce pas ? »« De quoi ? »« Que je changerais jusqu'à mon nom. »« Tu viens de me l'apprendre. »« Je croyais que tu savais tout. »« Tout ne veut pas dire les détails. Et quel sera-t-il ? » Demanda-t-il en l'aidant à grimper dans le drakkar.
« Aisling. »« Rêve est sa signification... C'est bien choisi. Il te va parfaitement... Adieu donc, Aisling. Puisse les dieux veiller sur toi. »« Et sur toi aussi... Je veux bien y croire pour toi père. »Ce simple mot toucha l'homme au plus profond de lui alors que sa magie permit au bateau de s'éloigner plus vite encore. Du village à la mer, ils avaient transplané et maintenant, il regarda son enfant s'éloigner loin de son ancien cauchemar pour vivre son prochain rêve.
« Merci... » Une voix reconnaissante et spectrale s'éleva à côté du viking.
« Je n'ai fait que répondre au souhait d'un trépassé pour qu'il soit en paix. »« Elle ressemble tant à sa mère. Mais sa facilité à manier l'arme, elle le tient de moi... » Fit-il non sans fierté.
« Elle est douée. Elle apprend vite et cela lui servira à de nombreuses reprises. »« Sa vie, sera-t-elle plus tranquille. »« Elle aura d'autres combats, mais on lui tendra la main. Elle agira fièrement et avec vaillance.... Notre rose s'en est allée, mais soit tranquille mon ami... Tout ira bien pour elle. »« Tu l'as vu ou bien tu le sais. »« Les deux et surtout parce que je la connais. »Dans un soupir de soulagement, le fantôme s'évapora enfin en paix.
*****************************
Durant la traversée, une tempête fit rage. Malgré l'ensorcellement du drakkar, il ne pouvait s'empêcher de tanguer violemment sous la colère qu'éprouvait la mer en cet instant. De toutes ces forces, Aisling tenta de faire garder le cap, de préserver son embarcation afin qu'elle ne voie pas son destin finir au fond des océans.
« Thor, pourquoi te montres-tu cruel ! Est-ce ma punition pour ne pas croire en vous aussi fort que Gunnar ? »Bien sûr, la sorcière au sang-mêlé avait beau s'époumoner que personne ne lui répondait. Seuls, le vent et la pluie se donnaient un malin plaisir à s'inviter à cette fête bien funeste. Peu à peu, ces provisions sombraient, mais la sang-mêlé préférait se concentrer sur une seule chose à la fois. L'espoir au cœur et la rage au ventre, elle réussit à tenir jusqu'à ce que les eaux soit plus calme. Oh, certes, elle pourrait user de son pouvoir, mais combien de distance lui restait-il jusqu'à sa destination ? Peu ? Beaucoup ? Elle ignorait et ne souhaitait pas jouer avec le feu. Autant, pouvait-elle être doué, il lui fallait encore de l'entraîner pour faire d'une si grande étendue d'eau, de la glace solide sur laquelle marché. Mieux vaut ne pas titiller sa chance déjà quelque peu versatile.
Le vent se fit soudainement rare, mais le drakkar ensorcelé flottait encore vers une destination qui était inconnu à la jeune femme. Elle avait soif et faim, mais elle s'était rationné. Parfois, elle se restaurait et à d'autres moments, elle jeûnait. Ce n'était pas par gaieté de cœur qu'elle le fait, mais par logique.
Une logique qui diminue autant que la faim peut grandir en elle. Finalement, à l'horizon, se peint un paysage. Malgré l'épuisement de la jeune femme, elle parvient à sourire.
« Terre. » Comme poussé par une force nouvelle alors que le drakkar épuise sa magie et commence à prendre l'eau, Aisling use de son dernier lot d'énergie pour créer une étendue de glace jusqu'au rivage.
Si vous le lui demandez, elle ne saurait quoi répondre. Sauf peut-être que lorsque l'on veut survivre, on déploie de l'énergie que l'on ne pensait plus avoir et des idées qui nous paraissent incongrue et qui nous maintiennent en vie. Elle se disait, un pas après l'autre. Encore et encore jusqu'à s'affaler sur le sable fin et chaud contrastant avec le rivage si froid de son départ.
« Enfin libre... »*****************************
Combien de temps est-elle restée inconsciente ? Aisling avait déployé tant d'efforts durant ce voyage que le sommeil était un luxe qu'elle ne s'était que très peu permis. Buvant et mangeant après s'être durement rationné. La jeune femme sentait de la fraîcheur sur sa peau. Des gestes simples et doux comme si on la nettoyait. Elle n'eut la force que d'ouvrir les yeux pour voir une forme floue avant de s'endormir à nouveau plongeant dans un sommeil qui se voulait réparateur.
Ce n'est qu'au bout de trois jours qu'elle s'éveilla vraiment. Tentant de comprendre où elle se trouve, la jeune femme se leva observant autour d'elle. Quel est donc cet endroit. En entendant du bruit, la première chose qu'elle fit, c'est de prendre la première chose pointue qu'elle trouvait et de se cacher. Lorsque la personne fut à sa portée, elle la bloqua et appuyant le bout de la pointe au cou de la femme qui effrayé fit tomber son plateau.
« Où suis-je ? »« Chez moi... » Un homme entra dans une allure parfaitement calme et détendue malgré la situation.
« Baisse donc ton arme, tu n'as rien à craindre en ces lieux. »« C'est à moi de voir. Qui êtes-vous. »« Je suis Brian Dumbledore. C'est moi qui t’aie trouvé et ramené ici. Cela fait trois jours que tu es à demi-consciente. Mais je vois que tu récupères vite. C'est impressionnant d'avoir survécu à une telle traversée. Pourrais-tu relâcher ma servante... Ce serait inconvenant d'agir ainsi alors, qu'elle s'est occupé de toi tout ce temps. »Aisling relâcha doucement la servante posant sur elle un regard vide, mais désolé au fond. Sa vie n'a pas encouragé à faire facilement confiance en qui que ce soit. Cependant, la servante comprenait bien que cela devait être difficile pour une personne de se réveiller en un lieu inconnu après de telles émotions. En s'inclinant pour ramasser le plateau tombé au sol, elle réunit ce qui était tombé, mais Brian usa de la magie pour nettoyer et laissa la servante s'en aller chercher un autre plateau pour leur invité.
« Alors, à qui ai-je l'honneur. »« Aisling. »« Aisling. » Répéta-t-il d'une voix posée.
« Très jolie. De quelle famille es-tu ? »« Aucune. »« Ma servante m'a parlé de ta cicatrice. Tu es... »Aisling pointa son arme salutaire devant elle.
« Attention à ce que vous dites messire. »« Une esclave. Apparemment, tu dois être en fuite. Sache qu'ici, tu n'as rien à crainte. J'ai pour habitude de bien traiter les miens et mes hôtes. » « Les mots sont dérisoires pour moi. Seuls les actes comptent, ils en disent bien plus à mes yeux. »« Je vois. Et comment as-tu survécu. »« J'suis une ancienne esclave plutôt chanceuse. »« Les dieux ont été miséricordieux. »« J'en sais rien, j'y ai jamais vraiment cru... Je dois la chance à un être de chair et de sang pas à une divinité. »« Pourtant, les dieux sont présents même si on ne peut les voir. Nous respirons, mais nous ne pouvons pas voir l'air. Ton destin... »« Mon destin, c'est moi qui le trace. » Coupa-t-elle.
Entêtée, elle amusait plus le seigneur des lieux qu'elle ne l'énervait. Il hocha simplement la tête.
« Et quel âge as-tu. »« Bientôt 15 ans... »« Ah oui ? Et quand ? »« Je ne sais pas, je laisse passer l'hiver pour changer d'âge. »« Il serait mieux de fêter cela au moment où tu as touché la plage. Cela signera un début à ta nouvelle vie de liberté. »Elle ne dit rien. Le laissant juste partir comme il était venu. Étrangement, malgré la méfiance d'Aisling, elle sentait qu'elle pouvait faire confiance à cet homme et en général, elle écoutait son instinct qui n'avait jamais failli jusqu'à présent.
*****************************
Voilà quelque temps qu'Aisling se trouvait dans la demeure des Dumbledore. De simples esclaves, elle était devenue la demoiselle de compagnie de la fille du maître des lieux. Rapidement, la jeune femme a su à se faire à sa nouvelle existence. Autrefois, on lui aurait imposé tant de choses, le moindre de ces choix, mais dorénavant, on lui laissait le droit de choisir. Un peu, ailleurs, elle observait le ciel depuis la branche où elle avait élu domicile. Ce n'était pas très féminin, mais la jeune femme restait encore sauvage et elle aimait cette part indomptable d'elle-même. Pouvoir se révéler sans craindre des coups d'où que ce soit. Elle repense souvent à Gunnar se demandant ce qu'il pouvait bien faire. Regardait-il lui aussi le ciel en ce moment ? Et Leiv, que devient-il ? Enrage-t-il ou bien continue-t-il son existence d'ivrogne misérable. Que cela aurait été bon de le tuer. Mais la jeune femme avait dû partir le plus rapidement possible pour poursuivre sa route et gagner de nouvelles connaissances.
En devenant demoiselle de compagnie, elle avait pu acquérir le droit d'apprendre de nouvelles choses et prouver sa valeur même en temps que sang-mêlé. Son appartenance était plus que bienvenu dans la maison des Dumbledore. Le respect pour cet homme et sa fille s'est vite installé dans le cœur de l'ancienne esclave. Elle avait su trouver sa place et plus encore, une bannière qui mérite d'être défendu et porté. Cela ne lui gênait pas de servir des plans comme ceux de cette famille.
Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. C'est ce qu'avait appris Aisling au fur et à mesure du temps, bien que ce fut plutôt ardu de lui enseigner certains us et coutumes. La bienséance et la bonne tenue en société. Elle n'était pas à son aise et plutôt maladroite dans le domaine, mais pour faire honneur au seigneur Dumbledore, elle était prête à cet effort. Artémis, sa fille, a su canaliser un peu la jeune femme, bien que par moment, le côté rebelle reprenait le dessus.
Un bruit d'aile se fit entendre et la jeune femme baisse la tête pour voir son hippogriffe se poser sur le sol. Il l'attendait. Doucement, Aisling alla le rejoindre s'inclinant pour le saluer avant de l'approcher. Tout comme elle, il fallait fonctionner selon son humeur.
« Bonjour mon ami... Bientôt, nous devrons partir pour cette école. Poudlard. Tu imagines un peu le lot de connaissance que je pourrais avoir une fois là-bas ? »La créature se laissa caresser comme pour soulager un peu les doutes et les craintes de la jeune sorcière.
« Je saurais m'y habituer. J'ai promis au seigneur Dumbledore de veiller sur sa fille et de l'aider de mon mieux. » Elle esquisse un sourire.
« Je ne suis pas vraiment une demoiselle de compagnie commune à une autre. Mais c'est un honneur qu'on m'a fait... » Elle regarde Eole, son regard à la fois curieux et pensif posé sur sa compagne humaine.
À leur première rencontre, rien ne fut aisé. Il était blessé donc plus dangereux encore, mais cela n'a pas empêché la jeune femme de le soigner et d'éviter les coups de bec et de griffes. Elle a su dans un travail compliqué, de former un lien avec l'animal sous l’œil admiratif du seigneur Dumbledore. Aisling était une enfant plus que surprenante capable de bien des choses. Thaumaturge en devenir, elle en avait toutes les prédispositions. Son pouvoir des glaces se trouvait aussi sublime qu'elle. Faire une rose pour démontrer à quel point, elle pouvait contrôler ce pouvoir élémentaire dans le détail et le temps n'a fait que prouver que la jeune femme avait acquis de bonnes bases malgré son ancienne condition d'esclave. Son savoir en combat était un peu rustre, mais il avait un certain charme et une utilité à n'en point douter.
Rejoignant Artémis qui l'attendait, Aisling lança un regard au château où il lui semble avoir pu renaître comme le phénix cher au cœur de cette famille.
« Je suis prête, nous pouvons y aller. Désolée de t'avoir fait attendre. »