La journée étendait son manteau gris, le soleil se cachait de la vue des paysages écossais pour faire tomber une bruine fine. C'était habituel, n'arrangeant rien à l'étrange et lourde atmosphère qui s'était abattu dans la matinée. Godric restait à l'extérieur, refusant de vivre encore enfermé entre les murs du château. Il adorait cet endroit, fier d'en être l'un des créateurs, et heureux de voir ses étudiants s'y plaire et s'y investir. Ils avaient un début de notoriété, dix ans étant apparemment suffisant pour que la rumeur d'une telle école ne dépasse les frontières de la Grande-Bretagne.
Il avait bien du mal à cacher sa fierté, bien que sous la pluie fine d'Angleterre, alors qu'il parcourait les remparts protégeant le château, il ne put que se souvenir de sa vie avant que ses lourdes portes ne s'ouvrent. Il se souvenait des champs de batailles, des hurlements de dragons, de l'odeur de souffres, du sang bouillonnant dans ses veines, et de cette rage de vaincre. Et de tuer. Il se souvenait sa fierté, le courage devenant imprudent, et l'angoisse devenant un murmure dans son esprit enflammé. Il était doué, rapide, et cruel sur un champ de batailles. Il avait traversé mille armures de son épée - Flamboyante brillée en rouge carmin sous la lumière des soleils au lendemain des batailles. Il tenait toujours son épée dans son fourreau, sur le côté, mais ne la sortait que rarement. Pour les entrainements des jeunes recrues qui se trouvaient dans sa maison, et il ne trouvait pas à se plaindre de cela - il aimait être au contact de ces jeunes. Il aimait voir leur passion, et leur envie de se battre pour leur pays.

Mais parfois il se sentait mélancolique. « Sir Gryffondor, un dragon a été repéré plus haut dans les collines. » Il fronça les sourcils, se tournant vers l'un de ses gardiens pour le suivre jusqu'au rempart Est. Il s'y arrêta, observant le ciel pour y reconnaitre l'ombre noire familière. « Seul ? » « Oui Monsieur. » Il serra les dents, sentant son inquiétude se taire lorsque Cyna s'éleva à son tour, tournant toujours autour du château qu'elle considérait comme son territoire. Et les Noirs des Hébrides étaient des dragons territoriaux, ne supportant guère la présence d'un ennemi sur leurs terres. Mais Cyna était aussi un dragon habitué au bataille, et à voler en compagnie d'autres créatures. Surtout celles avec lesquelles elles se trouvaient souvent - les dragons avaient une très bonne mémoire, n'oubliant jamais un allié.
Elle s'éleva vers l'ombre, et Godric la regarda faire en retenant son souffle. Jusqu'à lâcher brise lorsqu'elle tourna autour de l'autre dragon dans une danse presque joyeuse avant de revenir vers Poudlard sur le même rythme. « Reprenez votre tour de garde, c'est un ami. » Il ne fallut pas plus de quelques minutes pour que Godric ne reconnaisse la créature qui arrivait vers Poudlard, sentant son coeur se gonfler de plaisir en reconnaissant la dragonne de son mentor.

Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu Caddaric, son chef et son maitre à penser. Il avait été présent durant son entrainement, tout comme le père de Godric avait entrainé Caddaric avant. « Capitaine. Bienvenue à Poudlard. » Dit-il avec un sourire, Cyna s'arrêtant derrière lui, et ronronnant presque comme un chat en battant la queue. Reconnaissant son ancien ami - reconnaissant l'un des dragons près duquel elle avait combattu durant des années. « Nous n'attendions pas votre venue, mes gardiens ont bien failli vous prendre pour cible. »

Il se trouvait peu de personnes qui avaient le respect de Godric. Caddaric était son mentor, lui ayant appris à se battre, à prendre soin de Cyna, et à garder la tête haute. Il était un homme fier, le Gryffondor, mais il était aussi téméraire et idiot quand il désirait plus de sang que de gloire. Caddaric lui avait inculqué une morale et une éthique à laquelle il se raccrochait depuis des années. Il espérait être un homme bon, il espérait faire la fierté de son mentor - il l'espérait jusqu'à ce que dix ans en arrière il se prenne un mauvais sortilège qui avait faillit couter la vie à Cyna. La Dragonne avait eut l'aile fragilisée, et aujourd'hui encore ne pouvait avoir la même capacité qu'à leur rencontre. Mais Godric ne pouvait l'abandonner. Le lien entre un dragon et son dragonnier est unique, inébranlable et éternel. Ils s'appartenaient l'un à l'autre - Cyna était blessée aussi bien que Godric qui se cachait à Poudlard pour ne point faire honte à son maitre.

Mais Caddaric ne l'avait guère oublié, et si c'était une des premières fois qu'il venait à Poudlard, il ne cacha pas sa joie à revoir le Gryffondor, qui lui rendit le même enthousiasme en répondant à son étreinte virile. « Pas de Capitaine entre nous, appelez moi Caddaric voyons…  »  Il se sentit gêné, incapable de faire preuve de tant de familiarité à l'homme qui portait le prestige des dragonniers. Il était un exemple - il avait prit la suite du Père de Godric quand il avait failli mourir, et il était assurément le meilleur Pendragon qu'il soit. « Tu leurs présente mes excuses et que la prochaine fois je leurs offrirais une tournée à la taverne ! »  « Ils ne le méritent guère, mais je ne suis pas contre personnellement. » Dit-il en levant les yeux au ciel, attirant son mentor dans le château en laissant les deux dragons s'ébattre dans le ciel nuageux. Il ne doutait pas que Cyna saurait lui faire faire le tour du propriétaire.

Pour sa part, il entendait profiter de la présence de Caddaric pour lui seul, égoïste face à un homme qu'il aimait comme un père. « J’étais juste inquiet pour mon successeur ! Cela fait longtemps qu’on ne l’a pas vu à la table de l’ile ! »  « Successeur ? » Demanda-t-il en se sentant pris d'un soudain vertige. Il l'avait espéré - il est vrai - mais ne s'en pensait guère digne après son accident et ses années à l'école. Il se sentit rougir, secouant la tête et ouvrant la porte vers la Grande salle pour inviter son invité à boire quelques bières et manger un peu. « Je ne pensais guère que tu l'envisageais ainsi. Je ne pensais guère avoir encore ma place parmi vous avez cette bataille il y a dix ans. » Admit-il comme il lui était impossible de cacher quoi que ce soit à Caddaric. « Veux-tu manger quelque chose ? Boire quelque chose ? »